Le Centre-du-Québec bénéficie d’un positionnement géographique exceptionnel, au cœur du territoire québécois. Malgré les embûches liées à la rareté de main-d’oeuvre, c’est la fierté d’habiter un coin de pays dynamique et prospère qui motive ses passionnés de l’industrie des HRI. Avec son esprit entrepreneurial et son sens de l’innovation, la plus jeune région administrative de la province est visiblement très loin d’avoir dit son dernier mot.
LA DYNAMIQUE RELÈVE
Située en bordure de l’autoroute 20, Rose Drummond constitue pour plusieurs un arrêt incontournable entre Québec et Montréal. L’enseigne devenue familiale en 1996 a, depuis, diversifié ses opérations puisque, à la vocation initiale de fleuriste (production et vente), se sont ajoutés un café et une épicerie fine. La transformation du marché de la fleur dans les années 2000 a en effet amené le clan à se réinventer afin de s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs.
« Lorsque nous, la relève, sommes arrivés dans l’entreprise, nous avons ajouté la culture des légumes à nos serres, raconte Amélie Lampron, copropriétaire de la marque avec son amoureux, Emmanuel Bertrand. Comme on a une clientèle d’autoroute à 80 %, on s’est dit qu’un café nous permettrait de transformer nos produits. »
Depuis l’ouverture du Rose Café en 2013, l’adresse s’est positionnée dans un créneau qui connaît une popularité sans précédent. « Aujourd’hui, les clients se déplacent expressément parce qu’on leur offre des produits frais et locaux. » Si les citoyens de Drummondville commencent tout juste à prendre l’habitude de visiter le commerce, la clientèle s’est multipliée et diversifiée. « Plusieurs de nos clients ne se seraient jamais arrêtés pour acheter des fleurs, mais ils le font parce qu’ils savent que nous avons un café et des produits du terroir », ajoute la copropriétaire en exprimant toute la fierté qu’elle ressent face au développement de l’entreprise familiale.
Pour le couple, les projets ne manquent pas ! Il souhaite notamment intégrer un volet pédagogique afin d’amener les jeunes à démythifier le potager. « C’est important, car ce sont eux qui seront là demain. »
LE DUO FONCEUR
Après avoir reçu l’invitation à se lancer en affaires à Victoriaville, Marie-Josée Marineau et son conjoint, le chef Charles Cloutier, quittent Montréal afin d’élever leurs deux enfants et de bâtir leur restaurant, Le Communard. « Lorsqu’on a signé le bail, en 2006, c’était un champ, se remémore la copropriétaire de l’enseigne. On a complètement créé ce lieu à notre goût et selon nos besoins. » L’année suivante, le duo recevait ses premiers clients. Pour Marie-Josée, native d’Arthabaska, il s’agissait également d’un retour aux sources qui lui permettait de se rapprocher de sa famille.
Bien classée au palmarès entrepreneurial québécois, Victoriaville répond rapidement aux attentes du couple, qui apprécie particulièrement la relation de proximité avec sa clientèle. « Après avoir vécu 16 ans à Montréal, le calme de la région nous attirait aussi énormément », confie Marie-Josée Marineau.
Plus d’une décennie après la création de leur entreprise, les propriétaires bénéficient d’une notoriété qui n’était pas nécessairement gagnée d’avance. « Notre type de restaurant – intime avec des nappes blanches – a fait peur à beaucoup de monde au départ. Se bâtir une clientèle, c’est un long processus ! »
À l’instar d’autres régions, le Centre-du-Québec n’échappe guère à la rareté de main-d’oeuvre qualifiée. « Comme nous n’avons pas d’école hôtelière, si on souhaite recruter du personnel ailleurs, on doit offrir des avantages démesurés. Ça nous pousse à être débrouillards et persévérants. » Cette persévérance et le fait d’être maintenant reconnus dans la région – et au-delà –, Marie-Josée Marineau en est fière. « Nous avons créé un restaurant de seulement 60 places parce que nous voulions offrir "la totale" à nos clients. Nous avons prouvé que nous avions notre place, et maintenant les gens d’ici nous font confiance. »
LA DAME DE COEUR
Le Sainte-Hélène Auberge & Spa nordique, « c’est une histoire de cœur », comme le résume si bien Marise Ouellet, copropriétaire et directrice générale de l’enseigne. Sise dans l’école de leur enfance, l’entreprise regorge de souvenirs précieux pour la gestionnaire et ses nombreux frères et sœurs, tous encore impliqués dans leur patelin natal.
« Il y a cinq ans, je suis revenue ici alors que le bâtiment, qui hébergeait à l’époque le Carrefour des Saisons et des bureaux municipaux, était sur le point de fermer, relate la massothérapeute de profession. Quand je suis entrée, je me suis dit : "On doit absolument faire quelque chose !" » Le projet a mijoté dans la tête de l’entrepreneure et a finalement vu le jour au cours de la dernière année, pour offrir une troisième vie aux lieux.
Le cadre enchanteur de la région lui semblait tout indiqué pour accueillir cette entreprise où le client est traité aux petits soins. « Plusieurs me croyaient un peu folle de me lancer dans une telle aventure, mais je suis vraiment convaincue qu’on a ce qu’il faut pour plaire à une clientèle, été comme hiver. » Autrefois peuplé majoritairement d’agriculteurs, le village est maintenant populaire auprès des jeunes familles et des amoureux de la nature.
Les quelque 370 habitants de Sainte-Hélène-de-Chester ont accueilli le nouveau projet avec beaucoup d’enthousiasme, puisque l’établissement leur permet de pouvoir se réunir à nouveau. « Il n’y avait plus aucun endroit pour discuter autour d’un verre ou d’un café. Et, en plus, les bureaux municipaux ainsi que la bibliothèque n’ont pas eu à être déplacés. »
La responsable souhaite maintenant développer un centre de villégiature. « Nous voulons construire des chalets sur notre terrain. On vise l’international. C’est une clientèle friande de beaux paysages... et de motoneige. »
PETITS FRUITS ET CIE
En 2006, Claude Talbot et Paul Fortier font l’acquisition de ce qui deviendra, grâce à la fusion de leurs patronymes, la Fraisière Talfor, à Plessisville. « C’était une petite fraisière, voisine de notre résidence, raconte Josée Roy, responsable des ressources humaines et conjointe de Claude Talbot. Rapidement, nous avons construit un kiosque et ajouté la framboise ainsi que de nouvelles variétés de fraises à notre production. »
Après deux ans consacrés à l’autocueillette, l’équipe entreprend la transformation de ses cultures : confitures, beignes, tartes, beurre de fruits, etc. « On constatait qu’il y avait beaucoup de pertes de fruits dans les champs, et ça nous attristait ! En 2010, on s’est donc vraiment lancés en cuisine », poursuit la responsable.
Bien que la main-d’oeuvre demeure le grand défi de ces producteurs de petits fruits, le Centre-du-Québec leur offre surtout de nombreux atouts. « Plessisville est la capitale du sirop d’érable, un ingrédient qui se retrouve dans la majorité de nos produits transformés. La canneberge est aussi très populaire dans la région. De plus, nous bénéficions d’un climat très favorable pour nos cultures. »
Au fil du temps, la gestionnaire a noté un changement des habitudes de la clientèle : la visite des champs, notamment, a gagné en popularité auprès des jeunes familles. « La cueillette en grosses quantités se fait maintenant plus rare, mais les clients reviennent beaucoup plus souvent qu’avant », note Josée Roy.
Les prochaines années seront déterminantes pour l’entreprise. « Il y a de l’ouverture pour l’exportation. Par contre, devant la pénurie de personnel et le salaire minimum qui augmente sans cesse, on se demande où en sera cette industrie d’ici deux à trois ans... Si on réussit à passer ce cap, les possibilités seront très bonnes pour nous. »
LE HÉROS DU VILLAGE
En 2005, Jean Morin et son clan achètent le presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, situé devant la ferme familiale, afin de se lancer dans la fabrication de fromages fins. « C’était un vieux rêve, confie le maître des lieux. J’avais voyagé en Europe et je m’intéressais depuis longtemps à la fabrication du fromage biologique. C’est un produit de garde que le temps valorise bien. »
Deux ans plus tard, le Bleu d’Élizabeth de la Fromagerie du Presbytère est lancé et reçoit rapidement de nombreuses distinctions. En 2009, devant l’ampleur du succès, le bâtiment historique subit un important agrandissement. « C’est à ce moment-là que nous avons commencé à recevoir directement le lait de notre ferme et à le transformer sur place. » Depuis, plusieurs produits se sont ajoutés à l’impressionnant tableau de récompenses de la marque. « Avant, cette popularité était réservée aux fromages d’importation. Maintenant, le client veut connaître la provenance de ce qu’il consomme », estime l’agriculteur de métier.
Bien ancrée dans sa communauté, la famille Morin a accepté de faire du fromage en grains le vendredi, en réponse aux demandes répétées de sa clientèle. Avec le temps, cette simple activité s’est transformée en véritable happening. « Au départ, en 2009, il y avait de 10 à 15 personnes sur le parterre du presbytère. L’été dernier, dans la haute saison, on a compté jusqu’à 8 000 personnes par vendredi. »
En 2017, l’enthousiaste entrepreneur a aussi fait l’acquisition de l’église du village. Les fromages sont maintenant vieillis tout près de la chapelle où est toujours célébrée la messe dominicale. Pour Jean Morin, « maintenir le flambeau de la ruralité » est une mission et une fierté. « C’est le village qui reste vivant ! » conclut celui qui convoite maintenant... le magasin général.