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Se familiariser avec l’embauche de travailleurs étrangers

 
14 juillet 2023 | Par Sophie Poisson
Crédit photo: Groupe Cogirès

Depuis janvier 2022, le Groupe Cogirès a embauché 19 travailleurs étrangers pour l’Hôtel Château Laurier Québec et son traiteur événementiel George V. Il a aussi choisi d’avoir recours aux services d’Immétis, un cabinet d’avocats dédié à l’immigration et à la mobilité internationale au Canada.

« C’est le contexte de la pandémie qui a créé cette situation : l’arrêt de nos opérations pendant plusieurs mois a amené des employés à se réorienter et cela s’est ajouté à la pénurie de main-d’œuvre qui était déjà présente, explique Aude Lafrance-Girard, présidente du Groupe Cogirès. En prévision de la reprise et au moment de la reprise, le nombre de postes à combler était tellement plus grand qu’à l’habitude que ce n’était plus un ou deux dossiers à faire à l’international, mais dix. »

Elle précise toutefois ne jamais avoir arrêté d’offrir les postes localement et rappelle que certains postes sont presque constamment affichés, notamment ceux qui étaient déjà difficiles à combler avant la pandémie, comme ceux liés à l’entretien technique et à l’entretien du bâtiment. « Parfois, on aime mieux être toujours en recrutement et à la limite avoir quelqu’un de plus à notre budget pour pallier un imprévu ou à un départ », commente la présidente.

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Une vision à long terme

Si elle n’est pas fermée aux autres origines, elle cible en premier lieu la francophonie. Elle a ainsi initialement embauché une dizaine de Français. Elle a également participé l’automne dernier à une mission commerciale à Paris, via Québec International, l’agence de développement économique de la grande région de Québec. Aude Lafrance-Girard recherche des candidats qui ont l’intention de rester et estime qu’un employé avec un permis de travail fermé a tendance à faire une demande de résidence permanente.

Depuis la reprise des activités dans le secteur, elle fait appel aux services d’Immétis. « Par souci d’efficacité, de gain de temps et d’énergie, on a voulu être accompagné. Le temps passé à faire des demandes d’immigration et des suivis de dossier, c’est du temps que l’on ne passe pas à accueillir les personnes et s’assurer que l’intégration se passe bien. Cette année, on outille aussi nos équipes existantes pour accueillir un collègue qui vient de l’étranger afin qu’elles puissent elles aussi participer au processus. »

Malgré les investissements financiers que cela implique et sachant que le Groupe paie également le billet d’avion, il affirme que cela lui permet de continuer à répondre aux besoins de sa clientèle, ce qui, en fin de compte, engendre des revenus plus intéressants.

L’immigration, un domaine en évolution

« Le domaine de l’immigration est le domaine de droit qui évolue le plus vite, tout simplement parce qu’il est très lié à la politique », souligne Delphine Azak, avocate chez Immétis. Le Québec a aussi des programmes qui lui sont propres, par exemple une liste de professions qui sont considérées comme étant en pénurie, ce qui permet de simplifier les démarches. Selon la profession, il y aura toutefois certaines conditions à respecter, comme un minimum de qualifications. Cette liste change tous les 24 février et inclut la plupart des emplois en hôtellerie et restauration.

« Quand ce sont des emplois qualifiés comme cuisinier, cela peut aider à avoir accès à la résidence permanente, mais des réformes en cours au Québec vont permettre aux personnes qui occupent des postes un petit peu moins qualifiés à y avoir accès, sous certaines conditions. On observe donc que la province souhaite de plus en plus faire de la rétention de main-d’œuvre », fait remarquer l’avocate.

Déterminer les chances qu’un dossier aboutisse

Si elle confirme que les HRI sont de plus en plus nombreux à recourir à ses services, elle ne remarque pas de concurrence entre les offres faites par les entreprises aux travailleurs étrangers et elle observe rarement des entreprises qui essaient de débaucher des travailleurs étrangers déjà arrivés au Québec.

« En début de mandat, ça reste l’une des premières questions que l’on me pose : "Si je fais les démarches d’immigration, est-ce que la personne va être forcée de rester avec moi ?", témoigne Delphine Azak. Il faut bien noter que cela n’ajoute aucune obligation au travailleur vis-à-vis de l’entreprise. Par contre, il faudrait en principe que la nouvelle entreprise refasse toutes les démarches, ce qui prend du temps. Il y a aussi le risque que l’employé se fasse à nouveau débaucher. »

L’entreprise présente généralement son candidat au cabinet qui donne alors de l’information sur le temps que peut prendre le processus et les chances de succès. « Il y a beaucoup d’éléments qui peuvent faire qu’un dossier peut devenir complexe ou non. Par exemple si un candidat a eu plusieurs refus de visa dans le passé ou s’il vient d’un pays où les délais de traitement sont très longs. On évalue aussi la possibilité qu’un travailleur qui habiterait un pays autre que celui de sa citoyenneté où les délais de traitement sont plus courts se rende dans son pays d’origine, le temps de soumettre le permis de travail. En début de dossier, on discute avec l’entreprise pour déterminer si stratégiquement parlant, il s’agit d’un bon recrutement ou non. »

L’avocate évoque aussi les inspections de la conformité qui surviennent après avoir terminé un dossier d’immigration. Les autorités peuvent ainsi inspecter l’entreprise pour s’assurer que les conditions de travail initialement prévues lors des démarches d’immigration sont bien respectées.

Se préparer aux démarches

L’anticipation serait le maître mot. Les délais de traitement nécessitent de commencer les démarches d’immigration au moins une saison à l’avance. L’entreprise doit en plus anticiper les questions du travailleur, notamment décider si elle prendra ou non en charge les démarches pour la famille.

Elle peut aussi s’attendre à ce qu’un travailleur qui n’est jamais venu au Canada puisse avoir besoin d’accompagnement à son arrivée, notamment pour la recherche d’appartement, l’ouverture d’un compte bancaire ou encore l’inscription de ses enfants à l’école. Le cabinet d’avocat propose entre autres de mettre en relation l’entreprise avec une agence de relocation.

Delphine Azak termine en évoquant le principal avantage à embaucher à l’international, la rétention de main-d’œuvre. Elle ajoute aussi l’échange de connaissances, par exemple lorsque le travailleur étranger a occupé différents postes aux quatre coins du monde.

Mots-clés: Québec (province)
Relève
Ressources humaines
HRI - Général

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