Menus intelligents et ultra-personnalisés : Le CHUM à la pointe du progrès
Le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal tiendra, du 19 au 21 novembre, la deuxième édition de l’événement Innove-Action. À travers conférences et ateliers, le CHUM entend offrir aux participants les concepts et outils qui leur permettront d’agir « pour la transformation des soins de santé, afin de mieux répondre aux besoins des patients et des citoyens ». Ce mercredi matin, c’est ainsi Alexandra Bohigas qui prendra la parole. Chef du service de radio-oncologie au sein de l’établissement montréalais et nutritionniste de formation, elle lèvera le voile sur un projet innovant destiné à concevoir des menus intelligents et ultra-personnalisés.
Au sein du réseau de la santé, planifier une offre alimentaire s’apparente à une tâche titanesque. Contraintes médicales, allergies diverses, régimes particuliers, difficultés d’approvisionnement ou encore évolution des goûts et des préférences rendent le travail des nutritionnistes et des techniciennes en diététique particulièrement complexe. Et si certains logiciels modernes ont pu quelque peu alléger cet exercice (en termes de gestion des ingrédients ou de planification des recettes, notamment), la route est encore longue avant d’aboutir à ces menus « sur mesure ».
« Moi, je réfléchissais à tout ça et je voulais avancer dans ce dossier, confie Alexandra Bohigas. J’ai appelé notre fournisseur, la compagnie Nutritek, pour leur exposer certaines idées, leur parler de menus ultra-personnalisés, et ils m’ont indiqué avoir déjà travaillé sur ces dossiers par le passé. » L’entreprise avait notamment développé un algorithme capable d’apporter des modifications automatiques à un menu tout en permettant de respecter tant les goûts alimentaires des patients qu’une cible nutritionnelle précise et quantifiable. Actuellement, en tenant par exemple compte des allergies d’un patient ou en respectant ses choix et préférences, les techniciennes risquent de s’éloigner du plan nutritionnel optimal ; grâce à la solution informatique développée par Nutritek, on peut imaginer adapter le menu offert au patient sans toucher aux cibles nutritionnelles. « Qu’il s’agisse de patients dénutris avec des besoins élevés en protéines, présentant une cirrhose qui impose des limitations en sodium, de la rétention d’eau ou encore une insuffisance rénale qui limite l’apport en potassium, nos équipes vont donc pouvoir être supportées par la technologie permettant de modifier et bonifier les menus. »
Après plusieurs années de recherches, de réflexions et de corrections, le logiciel WinVision est aujourd’hui prêt à faire son entrée dans les bureaux, chambres et couloirs du CHUM et à y être testé en fonction de différents cas de figure. Les premiers essais pourraient être effectués dès janvier 2020. « Ce projet vise également à libérer du temps pour le personnel, pour qu’il puisse passer de plus longs moments avec les patients », poursuit la responsable, qui précise que tant les patients que les professionnels de la santé voient d’un très bon œil l’arrivée de cette technologie. Au moment opportun, des formations adéquates devraient être offertes aux employés du CHUM et permettre ainsi aux nutritionnistes et aux techniciennes d’adopter et de dompter cette technologie de pointe.
D’ici 10, 20 ou 30 ans, les services offerts dans le milieu de la santé seront toujours plus personnalisés, toujours plus individualisés. Et le volet alimentaire devrait suivre le mouvement, croit Alexandra Bohigas. « Les patients vont-ils tous pouvoir choisir eux-mêmes leur menu, au jour le jour et en fonction de leurs envies et de leurs besoins nutritionnels ? », s’interroge la spécialiste. Impossible, pour l’heure, de répondre à cette question. Seule certitude : le CHUM, qui prépare et sert annuellement quelque 865 000 repas à ses patients, entend continuer à jouer les premiers rôles en la matière.
(Photo prétexte : pixabay)
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