Retour sur la saison touristique 2008
Tout au long de la saison estivale, les médias du Québec nous ont fait part de la baisse importante du taux d’occupation des hôtels et de la diminution sans cesse croissante de l’achalandage touristique pour l’ensemble de la province. Bien que la plupart des intervenants du milieu s’accordent pour dire que le 400e anniversaire de la fondation de la capitale est en grande partie la cause de ce ralentissement, plusieurs constatent que la hausse du prix de l’essence, la faiblesse de l’économie américaine et le mauvais temps sont des facteurs qui ont grandement influencé les décisions vacances des touristes en 2008, autant québécois qu’étrangers.
Où est le soleil ?
Les attractions touristiques qui dépendent grandement du beau temps et les restaurants qui comptent sur leurs terrasses pour garnir leurs coffres ont connu des temps difficiles cette année. En effet, les statistiques du nombre de jours de pluie et de la quantité reçue au Québec pour les mois de juin, juillet et août sont éloquentes : la température a été désastreuse pour l’ensemble de l’été.
Les Québécois ont eu droit à 23 jours de pluie sur 30 pour le mois de juin, 21 jours sur 31 pour le mois de juillet et 11 jours sur 31 en août. D’après les données recueillies par Environnement Canada et le bilan climatologique publié par le Centre de Ressources en Impacts et Adaptation au Climat et à ses Changements (CRIACC), pour la période du 1er juin au 31 août 2008, la ville de Québec a connu son deuxième été le plus pluvieux des 65 dernières années avec une accumulation totale de 492,8 mm de pluie, comparativement à sa moyenne de 358,7 mm. Par ailleurs, la ville de Sherbrooke a fracassé des records de précipitations avec une accumulation totale de 568 mm alors que la moyenne de la région pour la même période est de 358,5 mm.
Des pluies torrentielles se sont également abattues sur plusieurs régions du Québec entre le 31 juillet et le 3 août dernier. Ces dernières ont provoqué des inondations qui ont créé des ennuis de toutes sortes pour de nombreux résidants et visiteurs. À elle seule, la ville de Beauceville a reçu 111 mm de pluie en quatre jours alors que les villes de Sherbrooke et de Baie-Comeau en ont reçu 108.
Même s’il est impossible de quantifier précisément les pertes engendrées par les caprices de Mère Nature, plusieurs régions ont vu leur chiffre d’affaires baisser de plusieurs milliers de dollars et certains propriétaires d’établissements disent avoir vécu leur pire saison touristique. « Il est important de comprendre qu’à Québec, près de 60 % de nos touristes sont des Québécois et la plupart d’entre eux font leurs choix vacances 48 heures à l’avance, fait remarquer Brian Aubé, directeur général de l’Association hôtelière de la région de Québec (AHRQ). Donc lorsque MétéoMédia annonce qu’il va faire beau en ville dans la fin de semaine, les téléphones commencent à sonner dès le mercredi. Si, au contraire, les prévisions météorologiques sont mauvaises, les téléphones ne sonnent pas parce que les gens décident de ne pas sortir. La météo a énormément de pouvoir sur l’achalandage touristique puisqu’elle influence directement les décisions des gens. »
Le déclin de l’empire américain
La parité du dollar a grandement influencé les choix de vacances des touristes américains cette année. Ceux qui avaient l’habitude de séjourner au Canada pour y réaliser des économies ont plutôt opté pour des destinations estivales plus rapprochées. De plus, en période d’élections présidentielles, les Américains ont tendance à moins vouloir s’éloigner du pays. « Une année d’élections présidentielles influence grandement le contexte économique américain et, par conséquent, le nôtre aussi », nous soulignait Danielle Chayer, directrice générale de l’Association des hôteliers du Québec (AHQ), en juillet dernier. La crise économique qui sévit présentement aux États-Unis et l’avènement d’un nouveau président auront un effet certain sur les décisions futures des Américains. Ces décisions auront nécessairement des retombées sur notre économie et influenceront les bilans touristiques à venir.
Vous avez dit combien le litre ?
Les touristes américains ne sont pas les seuls à avoir limité leurs déplacements cet été. Depuis qu’il a atteint un sommet de 1,40 $ le litre à la mi-juillet, le prix de l’essence a ralenti le côté aventurier de plusieurs vacanciers québécois et canadiens. Bon nombre d’entre eux ont choisi de rester dans leur région ou en périphérie, ce qui a amené certains établissements à faire preuve d’imagination pour attirer la clientèle. Que ce soit des hôteliers offrant des crédits-essence pour une période déterminée, des rabais substantiels sur des forfaits d’hébergement, des primes selon le nombre de nuitées réservées ou des propriétaires de gîtes qui s’échangent des clients selon les disponibilités de leurs établissements afin de maintenir leur taux d’occupation, tous les moyens étaient bons pour essayer de contrer le ralentissement de l’industrie.
L’effet 400e
Malgré tous les éléments qui sont venus assombrir l’été 2008, le 400e anniversaire de la ville de Québec a été une vraie mine d’or pour les commerçants et une source de visibilité incroyable pour la région de la Capitale Nationale. Les différents congrès internationaux, le Festival d’été de Québec, la venue de Sir Paul McCartney, le Moulin à images, le spectacle de Céline Dion sur les Plaines d’Abraham et les nombreuses autres festivités associées à cet anniversaire ont permis de garnir les coffres de plusieurs hôtels, restaurants et boutiques de Québec. « Sans l’effet 400e, notre taux d’occupation aurait été sensiblement le même qu’au Canada, mentionne Brian Aubé. Les congrès et les événements spéciaux que la ville a accueillis cet été ont fait toute la différence ! »
En effet, les statistiques recueillies par l’Office du tourisme de Québec permettent de constater que les mois de juillet et août ont été très profitables pour les établissements d’hébergement de la ville. En juin, le taux d’occupation pour l’ensemble des hôtels était de 74,8 % comparativement à 71,2 % en juin 2007. En juillet, il était de 84,8 % alors que 2007 affichait 76,5 %. Enfin, le mois d’août a apporté un taux de 91,5 % comparativement à 81,4 % pour la même période en 2007.
De leur côté, les données compilées par Tourisme Québec démontrent que, parmi les 22 régions touristiques de la province, celles de Québec, de Lanaudière et de l’Abitibi-Témiscamingue ont connu des hausses constantes de leurs taux de fréquentation pour la période du 1er juin au 31 août 2008 comparativement à la même période l’an dernier. La région de l’Outaouais, elle, a subi les baisses les plus importantes pour les trois mois visés, particulièrement en juillet où elle accuse une diminution de 14,9 % de son taux d’occupation.
Qu’est-ce qui nous attend en 2009 ?
La plupart des météorologues s’entendent pour dire qu’il est peu probable que le phénomène de précipitations que nous avons connu cet été se reproduise l’an prochain... Espérons qu’ils ont raison ! Pour ce qui est du prix de l’essence, les baisses de coût que nous connaissons actuellement ne peuvent malheureusement être garanties pour toute une année, surtout avec une économie mondiale aussi changeante que celle qui prévaut en ce moment. Quant à l’effet 400e, la ville de Québec souhaite maintenir l’engouement créé par les festivités de l’année, mais le reste de la province et le Canada comptent bien rattraper une partie des revenus qu’ils ont perdu en mettant sur pied diverses campagnes publicitaires dans le but d’attirer les touristes l’an prochain, surtout ceux qui ont privilégié la ville de Québec dans leur choix vacances de 2008. Un tout autre bilan est donc à prévoir pour la saison estivale 2009. Qui vivra verra !