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Où est passé le fleuve dans nos assiettes ?

 
11 août 2021 | Par Gabrielle Brassard-Lecours
Crédit photo: Pexels

Avec le fleuve Saint-Laurent comme voisin quotidien, on pourrait penser que notre consommation de produits de la « mer » est majoritairement québécoise. Que nenni. « Nos plus récentes statistiques montrent que nous exportons 81 % de nos produits marins alors que nous importons 89 % des mêmes produits pour les consommer ici », affirme Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) qui a récemment fait paraître un rapport sur l’économie de la pêche au Québec.

Surprenant, n’est-ce pas ? « Ça l’est, mais en même temps le système établi depuis longtemps est très largement tourné vers l’exportation », soutient le chercheur. On compte dans cette structure la production, la distribution, les marchés, la politique… Bref, un immense engrenage qui fait qu’il est plus rentable d’exporter nos produits de la mer et que toute la pêche et les étapes subséquentes sont orientées en ce sens.

Gabriel Bourgault-Faucher explique qu’au 20e siècle, les Pêcheurs-Unis du Québec, une fédération provinciale créée en 1939 qui rassemblait plusieurs coopératives de pêche de la Gaspésie, ont tenté de desservir le marché domestique, sans succès. C’est ainsi que l’industrie s’est tournée vers l’exportation suite à la faillite de l’association. Encore aujourd’hui, même dans la récente perspective d’autonomie alimentaire mise de l’avant par certains producteurs et distributeurs, il reste du chemin à faire pour valoriser les produits de la mer québécois.

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« Il faut encore les faire connaître. Une étiquette comme “Aliments d’ici” sur les fruits de mer et le poisson québécois aiderait certainement à encourager l’achat local de ce type de produits », croit Gabriel Bourgault-Faucher, qui ajoute que peu de consommateurs savent et vérifient d’où viennent leurs produits de la mer.

« Les Québécois s’intéressent de plus en plus aux produits de la mer d’ici »

Dans son rapport, le chercheur note que l’État intervient faiblement dans l’industrie de la pêche au Québec, au détriment des acteurs du secteur, ce qui n’aide pas à changer le système. Il observe pourtant que « les Québécois veulent et s’intéressent de plus en plus aux produits de la mer d’ici, pour toutes sortes de raisons ; environnementales, éthiques, économiques, sanitaires, gustatives... » On assiste même à un retour du balancier : « La demande de produits d’ici a tellement augmenté que même si nous consommions 100 % de notre pêche locale, elle ne suffirait pas à la demande », affirme-t-il. Une meilleure proportion pourrait néanmoins être établie entre l’exportation et l’importation de ce type de produit.

Niveau distribution et commercialisation, comme pour plusieurs autres types de produits, ceux de la mer d’ici sont largement dominés par une poignée de gros distributeurs, au commerce et au détail, ce qui rend difficile l’accès aux tablettes et aux assiettes des consommateurs aux prêcheurs et aux transformateurs de plus petite échelle. Parmi les solutions envisagées dans le rapport, celle de créer une équipe d’intervention et de développement de domaine des pêches est nommée, en plus de développer une meilleure traçabilité et identification des produits de la mer du Québec et d’instaurer un mécanisme régional de coordination de l’offre et la demande.

Mots-clés: Québec (province)
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