À 37 ans, Marie-Michèle Thibault présente un curriculum vitæ impressionnant. Spécialisée dans les ouvertures et les repositionnements d’hôtels, elle a déjà développé la stratégie marketing de 25 établissements en vue de leur lancement, dont les luxueux Humaniti Montréal et le Bisha Hotel à Toronto. Retour sur un parcours inspirant.
Marie-Michèle Thibault n’était pas destinée à l’hôtellerie. Elle a tout d’abord étudié en langues au Cégep de Sainte-Foy à Québec, un peu par hasard. Elle ignore alors ce qu’elle désire faire de sa vie, et se dit qu’il peut être plaisant d’apprendre l’anglais, l’allemand, le russe et, surtout, l’espagnol, dont les sonorités chantantes la séduisent particulièrement. Diplôme en main, elle s’accorde une pause et s’installe six mois dans l’archipel espagnol des îles Canaries.
Tandis qu’elle fait le plein de soleil sur ces terres volcaniques, son téléphone sonne. C’est sa mère, qui lui rappelle que la période d’inscription à l’université se termine dans deux semaines. La voyageuse choisit alors à la hâte un baccalauréat en tourisme de l’UQAM, « avec aucun plan en tête, juste parce que les cours avaient l’air le fun », avoue Marie-Michèle en riant. En plus des heures en classe, la jeune femme doit se former sur le terrain. Elle décroche un emploi à l’hôtel W Montréal, et une belle histoire d’amour commence. « L’endroit venait d’ouvrir et l’ambiance était vraiment le fun. J’ai su que c’était un domaine pour moi », se souvient-elle.
Après ses études, elle se joint à l’équipe responsable de l’ouverture de l’Hôtel Le Crystal, à Montréal. Elle occupe ensuite différents postes de direction marketing pour Loews Hotels & Co, où elle s’épanouit durant 10 ans. En 2018, elle prend part à la mise sur pied de 22 hôtels en faisant un saut chez Marriott, une organisation qu’elle quitte en 2020 pour devenir la directrice marketing du futur complexe Humaniti Montréal.
Entre deux langues
Pour comprendre la spécialisation en marketing de Marie-Michèle, il faut remonter jusqu’au secondaire, où on la perçoit comme l’artiste de son école. « J’étais bonne en arts plastiques, je faisais de la peinture ; je suis même allée au bal des finissants avec du body painting, confie-t-elle. Je suis quelqu’un de vraiment créatif. Le marketing, c’est tellement visuel ! Le branding, les couleurs, les photos, ça vient chercher ce côté de moi qui a toujours été là », explique celle qui se considère comme très crafty et agile de ses mains. « Je bricole souvent avec mes enfants. On fait des dessins, des collages, des bijoux… » La jeune femme a des jumelles de neuf ans : « Mon hyperactivité se voit aussi dans ma capacité reproductive ! » dit-elle à la blague.
La trentenaire aime lorsque ça bouge. Elle carbure à l’adrénaline, aux nouveaux défis. « Je m’ennuie vite quand je fais la même chose pendant plus de 12 à 18 mois », admet-elle. Si elle se spécialise en ouvertures et repositionnements, c’est pour se pencher sur de multiples projets, lesquels l’amènent chaque fois à se familiariser avec de nouveaux marchés, de nouvelles villes et une diversité de propriétaires et de directions générales. « Il y a un côté très stressant, et en même temps tellement rewarding quand tu y arrives ! Passer à autre chose ensuite, ça me convient tout à fait. »
Marie-Michèle cherche par moments ses mots, car l’anglais est désormais sa langue de travail. Depuis quelques mois, elle est en effet vice-présidente de Lotus, une agence de marketing spécialisée en hôtellerie qui a démarré l’an dernier aux États-Unis et qui compte déjà 35 employés, presque tous américains et anglophones. Les deux fondatrices de la startup, des anciennes collègues, lui ont attribué le mandat de constituer une équipe au Canada et d’y percer le marché. Le projet est toutefois en attente en raison des mesures sanitaires plus strictes imposées de ce côté de la frontière. « L’hôtellerie a repris plus vite aux États-Unis, explique la consultante. À l’agence, on a tellement de contrats qui rentrent qu’on ne fait plus de prospection : on essaie juste de répondre à la demande. »
Elle prend sous son aile les adresses de luxe et les ouvertures. À titre de première francophone de l’entreprise, elle s’occupe également de la révision et de la traduction des outils de ventes et participe notamment à la mise en place d’un service bilingue de gestion des réseaux sociaux. Sa formation en langues s’avère donc un atout. Que lui souhaite-t-on pour l’avenir ? Que son employeur poursuive son spectaculaire élan et qu’elle participe à son expansion internationale s’il y a lieu, une volonté qu’elle a déjà partagée avec ses patronnes. « Et aussi, que l’industrie du voyage redémarre au Canada… »