Clients malentendants : « Les restaurateurs ne doivent pas nous exclure »
Au cours des dernières décennies, plusieurs actions ont été mises en place afin de rendre les lieux publics plus accessibles aux personnes vivant avec un handicap. Par contre, lorsque celui-ci est invisible, comme c’est le cas pour les personnes malentendantes, c’est une autre histoire. Kim Auclair, entrepreneure, blogueuse et conférencière, connait bien cette réalité puisqu’elle doit composer, depuis la naissance, avec une surdité profonde à sévère.
Habituée à évoluer parmi les entendants, la jeune femme mesure toute l’importance de l’éducation et de la sensibilisation afin de permettre aux personnes malentendantes de s’intégrer pleinement à la société et d’accroître leur visibilité. « Souvent, quand on est un malentendant intégré dans le monde des entendants, on va le taire ou se limiter à dire qu’on a un problème de surdité, explique-t-elle. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait. J’ai eu beaucoup de mal à assumer ma surdité. » Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, Kim Auclair a préféré passer à l’action.
Sensibiliser les entreprises aux bonnes pratiques
Il y a un an, un épuisement professionnel pousse l’entrepreneure à ralentir et à accepter un mandat de l’Association des personnes avec une déficience de l’audition (APDA) dans le but de sensibiliser les entreprises aux besoins des personnes malentendantes. « C’était important pour moi d’aller sur le terrain pour sonder d’autres personnes malentendantes sur les difficultés éprouvées dans les lieux publics comme les restaurants, les transports en commun ou les services de santé. Nous avons alors créé le site Web Où sortir sans limites. »
Les témoignages des 128 personnes interrogées (entre 25 et 70 ans) ont confirmé que, dans la plupart des cas, les modifications à apporter sont facilement réalisables et que la clé demeure la sensibilisation.
Pour simplifier et faciliter l’accueil des personnes malentendantes, les restaurateurs peuvent ainsi suivre ces quelques recommandations émises par l’APDA :
- Sensibiliser leur personnel ;
- Faire attention au volume de la musique diffusée dans l’établissement ;
- Prévoir des emplacements adaptés (où il n’y a ni échos ni bruits), sans nécessairement créer des sections isolées ;
- Activer le sous-titrage des écrans de télévision ;
- Afficher que le restaurant est accessible (l’organisme Kéroul peut se déplacer en entreprise à titre de conseiller pour améliorer l’accessibilité et s’afficher adéquatement).
Favoriser l’inclusion
Kim Auclair précise que « l’idée n’est pas de nous exclure, bien au contraire. Quand on mentionne qu’on est malentendant, on se fait parfois placer dans une salle fermée. On souhaite juste être dans un endroit moins bruyant du restaurant, tout en ayant le contact avec le reste de la salle. Pour l’avoir déjà vécu, ce n’est pas agréable. J’ai 34 ans, je sors avec des amis : ce que je veux, c’est être incluse ! »
De simples détails auront ainsi une grande incidence sur le sentiment d’inclusion et de confiance des personnes malentendantes : toucher l’épaule pour entrer en contact, privilégier une table circulaire pour favoriser la lecture labiale, se placer en face de la personne pour lui parler, offrir la réservation en ligne, etc.
« Toute personne qui a une surdité va vivre un épuisement de communication un jour ou l’autre. Souvent, on n’en parle pas parce qu’on a été intimidé ou qu’on a l’impression de déranger les gens. Au final, on veut juste se sentir comme tout le monde. On s’adapte à la société, mais on aimerait aussi que la société ne nous rappelle pas toujours notre handicap », conclut Kim Auclair.
(Photo fournie par Kim Auclair)
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