Après la pandémie, quel nouveau visage pour le secteur de la franchise ?
La pandémie de COVID-19 a entraîné des bouleversements sans précédent dans les systèmes de franchise à travers le pays. À l’heure actuelle, les franchiseurs ont de lourdes responsabilités (financières et morales) et doivent apporter un support infaillible à leurs franchisés, puisque les mesures gouvernementales en ont contraint plusieurs à revoir leur modèle d’affaires ou à fermer temporairement leurs portes. Si la mise en place de règles de sécurité et d’hygiène s’est avérée prioritaire en début de crise, c’est sur la préparation de la relance que les franchiseurs devront sous peu se concentrer. Mais avant, ils ont encore du pain sur la planche pour tenter, autant que faire se peut, d’alléger le fardeau qui pèse sur tout le réseau.
« Dans le domaine de la franchise, il faut comprendre que la majeure partie des baux, notamment dans le cas des restaurants, sont assumés par les franchiseurs qui feront signer un bail de sous-location à leurs franchisés, mentionne Robert Martin, vice-président du développement des affaires chez Occasion Franchise. Actuellement, la majorité de ces franchisés ne peuvent opérer, notamment puisque les centres commerciaux sont complètement fermés ou parce que les opérations ont été réduites au maximum. » Pour les franchisés, la pression de leurs dettes et le poids du coût de leur loyer s’ajoutent à l’incertitude de pouvoir survivre à la crise actuelle. Du côté des franchiseurs, ils demeurent ultimement responsables du paiement des loyers, des taxes et de tous les frais connexes.
« Ce que la pandémie a changé, c’est qu’ils devront dorénavant, non seulement trouver des franchisés pour continuer l’expansion de leur entreprise, mais également recruter des franchisés pour remplacer ceux qui ne survivront pas. Cette dernière étape représentait environ 5 % de notre travail auparavant, mais aujourd’hui c’est de l’ordre de 50 %. La pression est énorme ! » À titre d’exemple, les gestionnaires d’une chaîne possédant 241 établissements à travers le Canada, ont dû fermer les portes de 205 d’entre eux à cause de la pandémie. Dans ce cas précis, l’aide du gouvernement ne se veut guère suffisante. « Le rôle d’Occasion Franchise devient très important pour continuer de chercher des candidats potentiels, note le vice-président. Il y a donc de nouvelles ouvertures, mais aussi beaucoup d’insécurité ! »
Faire partie d’un tout
Malgré cela, faire partie d’un réseau de franchises dans une période de turbulence présente de nombreux avantages. La particularité de la crise actuelle réside dans le fait que tous les restaurateurs et les hôteliers sont directement touchés par l’impact des mesures déployées par le gouvernement. Bénéficier de l’expertise d’un franchiseur peut alors devenir un atout de taille. « Bien que le franchiseur ne s’occupe pas des opérations quotidiennes, il travaille en coulisses avec des chercheurs en relations de travail, en marketing et tests de produits afin de fournir les meilleures ressources disponibles à ses franchisés pour assurer leur succès, explique F. Georges Sayegh, expert-conseil en franchise et transfert de technologie. Un autre rôle du franchiseur est de diffuser l’image de marque à plus grande échelle et de créer une réputation positive auprès des consommateurs. »
Selon cet expert, dans le contexte de la pandémie, le franchiseur peut également procéder à la mise en place d’un groupe de travail comprenant le personnel du franchiseur, les principaux fournisseurs et les franchisés, tous appuyés de consultants et de juristes spécialisés dans le domaine de la franchise qui pourront ensemble voir au bon déroulement de la gestion de l’entreprise afin de surmonter une telle crise. « Seuls les franchiseurs qui peuvent mettre en place un plan de continuité des activités sont en mesure d’affronter la pandémie », précise F. Georges Sayegh.
Se réinventer pour survivre
Les deux intervenants s’entendent pour dire qu’un travail est actuellement nécessaire afin de poursuivre certaines opérations, dont le recrutement chez les franchiseurs. « Si on ne continue pas, au moment où la pandémie prendra fin, ce sera excessivement long de repartir, note Robert Martin. En ce moment, il faut être ingénieux pour trouver de nouvelles façons de travailler. » Le site Web d’Occasion Franchise cumule, malgré les événements, autour de 25 000 visites par mois et plus de 800 demandes de franchises par semaine. « Mais il y a énormément d’insécurité, insiste-t-il. On doit tenter de maintenir élevés la motivation et le moral de ces franchisés potentiels, parce que la crise apportera aussi de belles opportunités. La notion de soutien se veut essentielle actuellement, et ce, à tous les niveaux. »
Pour F. Georges Sayegh, des actions doivent être posées tout au long du processus de confinement pour assurer la reprise des activités : mise en place de programmes de communication pour la relance et la reconnaissance de la marque après la crise ; élaboration de politiques internes de communication franchiseur/franchisé ; création d’opportunités de réussite en protégeant ce qui fonctionne déjà ; reconnaissance d’opportunités et d’innovation dans le réseau ; soutien des franchisés et, finalement, ajustement du contrat de franchise et des obligations des franchisés pour assurer une relation gagnant-gagnant.
Selon l’expert-conseil, les franchiseurs et leurs franchisés devront dans le futur se concentrer sur l’innovation de leur modèle d’entreprise et sur la croissance. « La trajectoire du système de franchise dépendra aussi de la façon dont le franchiseur soutient ses franchisés maintenant et de la validation à l’avenir, conclut F. Georges Sayegh. Il y aura une fin à cette pandémie et quand elle arrivera, tout le paysage de la franchise aura changé et sera prêt pour la croissance. »
Renseignements : Occasion Franchise
(Crédit photo : Pixabay)
