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L’itinérance, une préoccupation sans solution pour certains hôtels et restaurants

 
7 mai 2024 | Par Bastien Durand
Crédit photo: Bastien Durand

Depuis la pandémie, les besoins liés aux personnes en situation d’itinérance ont augmenté. Dans les grands centres urbains de la province, certains hôteliers et restaurateurs doivent composer avec une insécurité sans solution à court-terme.

« La situation est compliquée pour ces gens et les centres d’hébergement sont surchargés. Que les itinérants préfèrent venir squatter un corridor d’hôtel ou utiliser les toilettes du hall, je le comprends, je suis humain. » Marc-André Dandeneau, directeur de l’hôtel Saint-Sulpice, dans le Vieux-Montréal, ne veut pas que l’on se trompe de combat. Situé à proximité des organismes communautaires qui viennent en soutien aux personnes en situation d’itinérance, l’hôtel doit depuis quelques années « faire avec ».

« Notre mission première est d’offrir l’accueil, mais on ne peut pas le faire au dépend de la sécurité du personnel et d’une certaine crainte de nos clients, nuance-t-il. Que mes employés soient embêtés régulièrement, agressés parfois, ou suivis jusqu’à l’hôtel le matin, ce n’est pas normal. »

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Le directeur indique avoir été contraint d’installer à la réception de l’hôtel un bouton « panique » au cas où un individu devient agressif. « Ça peut arriver. Certains itinérants ont besoin de se piquer et, quand ils n’ont pas leur dose, ils sont susceptibles d’être violents sans raison apparente. C’est imprévisible ! » Des caméras de sécurité supplémentaires ont également été placées près de l’entrée.

« On se sent un peu démuni »

Pour Éric Hamel, directeur général par intérim de l’Association hôtelière du Grand Montréal (AHGM), l’itinérance n’est pas un phénomène nouveau dans les villes. « Elle a toujours été là. Par contre, depuis la pandémie, "l’équilibre" a été défait, assure-t-il. Nos membres subissent des conséquences indirectes de l’absence de filet social suffisant pour ces personnes. »

Plusieurs situations similaires sont vécues par d’autres établissements, notamment des restaurants. Le quartier montréalais du Village a fait parler de lui en début d’année après l’annonce du déménagement du Bistro Le Passé Composé, situé sur le boulevard de Maisonneuve.

Dans un message posté sur les réseaux sociaux, la direction de l’établissement avait mentionné son ras-le-bol après sept ans dans le quartier : « Par souci de sécurité pour nos employés et nos clients, à la suite de nombreux événements (feu, vol, vandalisme, présence de seringues et d’excréments humains sur notre terrasse à chaque nouvelle journée, utilisation de nos installations comme campement de fortune et harcèlement physique d’employés et de clients), nous devons suspendre nos opérations de façon temporaire et les déplacer dans un autre secteur. »

L’été dernier, des restaurateurs et commerçants de la rue Sainte-Catherine à Montréal n’avaient pas ouvert leur terrasse, mettant en cause cette insécurité. « C’est la même chose cette année », lance, amère, Emily Yu. La gérante du restaurant Yamato Dumpling a dû se résoudre à installer une sonnette à l’entrée de son établissement pour plus de contrôle. « Et encore, ce n’est pas suffisant, affirme-t-elle. On se sent un peu démuni à force. » La gérante indique qu’elle ne renouvellera certainement pas son bail l’année prochaine.

Des solutions difficiles à trouver

Lors de la dernière assemblée générale de l’AHGM, fin avril, une rencontre avec le directeur adjoint du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) était au programme pour mentionner la situation. « Ce qu’on aimerait, c’est éviter d’appeler le 911 systématiquement, ils ont autre chose à faire, indique Éric Hamel. Avant, nous avions un organisme comme Action-médiation, auquel les hôtels contribuaient financièrement, avec des gens sur le plancher pour gérer les situations de ce type. Aujourd’hui, l’organisme est débordé… »

Par ailleurs, les hôteliers ne comprennent pas la fermeture des toilettes publiques dans certains parcs du centre-ville. « Qu’est-ce qui arrive si les toilettes publiques sont fermées ? », insiste Éric Hamel.

Le sentiment d’abandon plane. Selon l’AHGM, il y a un désengagement généralisé sur cette problématique sociale, « tant au niveau de la ville que du gouvernement ». « Les ressources sont difficiles à trouver, c’est partout pareil », note Éric Hamel.

Selon l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), certains hôtels choisissent de fermer à clé les portes de leur établissement après une certaine heure et de n’ouvrir que pour accueillir les clients, afin d’empêcher les personnes en situation d’itinérance d’entrer dans les parties communes de l’hôtel et éviter les troubles causés par des personnes qui ont besoin de soutien social.

Prêts à contribuer et à aider, les hôteliers et les restaurateurs ne savent plus vers qui se tourner aujourd’hui pour gérer ces situations de « détresse humaine », malheureusement de plus en plus régulières.

Mots-clés: Québec (province)
HRI - Général

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