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Véganisme : Quand politique et philosophie s’invitent à table

 
25 octobre 2017 | Par Pierre-Alain Belpaire

Les 4 et 5 novembre prochains, Montréal accueillera la quatrième édition de son Festival Végane. Une vingtaine d’intervenants y discuteront de sujets variés, allant du sport à la diététique, des arts à la famille. Avec une thématique commune : la lutte contre l’exploitation des animaux. Pourtant, si le nombre de ses adhérents ne fait que croître, le mouvement végane reste largement méconnu du grand public.

« Il faut ici rappeler la différence entre véganisme et végétalisme, intervient la philosophe Valéry Giroux, coordonnatrice au Centre de recherche en éthique (CRÉ) et professeur associé aux universités de Montréal et de Sherbrooke. Le véganisme n’est pas qu’une diète ou un régime, il doit être vu comme un mode de vie global, une philosophie, un mouvement politique avec des valeurs éthiques et qui repose principalement sur le respect des animaux. Le végétalisme, par contre, est un régime alimentaire, dans lequel on évite toute nourriture provenant d’animaux sensibles. Évidemment, toute personne végane devrait, en toute logique, suivre un régime végétalien. »

Si Israël et certaines villes américaines comme New York, San Francisco et, surtout, Portland sont de véritables figures de proue du mouvement, le Québec est loin d’être à la traîne. « Il est impossible d’évaluer le nombre de véganes québécois, poursuit Valéry Giroux, qui présentait, voici quelques jours, un nouvel ouvrage consacré au sujet. Selon certaines estimations, il y aurait chez nous environ 3 % de végétariens, il doit donc y avoir bien moins de 1 % de véganes. » À défaut de chiffres précis, le succès du Festival Végane de Montréal (dont le nombre de visiteurs double d’année en année) ou l’offre de restauration végane toujours plus importante constituent des indices sérieux de cette popularité croissante.

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Une vague végane même en région

Si une certaine frange de la population se tourne vers le véganisme pour des raisons de santé (pour lutter notamment contre les maladies cardiovasculaires ou perdre du poids), une large majorité des adhérents sont séduits par les causes défendues par le mouvement. Les différentes études sur l’impact environnemental de l’élevage intensif ou sur le gaspillage alimentaire ont également dû en convaincre plus d’un.

Depuis quelques années, la restauration montréalaise s’est mise à l’heure veggie. De nouveaux établissements 100 % véganes ouvrent leurs portes chaque mois dans la métropole tandis que de nombreux restaurants « omnivores » proposent désormais des options végétaliennes. « Le phénomène s’est étendu aux épiceries et touche aussi les autres villes de la province et, ce qui est plus surprenant, les régions. Vous pouvez trouver du tofu à plusieurs centaines de kilomètres de Montréal, ce qui était difficilement imaginable voici peu, s’enthousiasme Valéry Giroux. Et si l’offre a ainsi évolué, c’est tout simplement parce que la demande est là. »

La spécialiste souligne au passage que tous les clients des restaurants véganes n’adhèrent pas forcément à ce mode de vie. « Au contraire : je ne serais pas étonnée d’apprendre qu’une majorité d’entre eux sont des omnivores qui cherchent simplement à diminuer leur consommation de viande ou à découvrir de nouveaux plats. Il doit également y avoir plusieurs carnivores parmi les propriétaires de restaurants véganes », sourit-elle.

Amener des amis omnivores dans un restaurant végane au risque qu’ils se jettent sur un burger plus tard dans la soirée ou accompagner des proches dans un établissement grand public et déguster un plat végétalien alors que ses voisins dévorent une longe de porc ou des ailes de poulet pourrait sembler contradictoire aux yeux des non-véganes. « Rassurez-vous, même au sein de la communauté végane, cela ne fait pas consensus, indique Valéry Giroux. Devrions-nous boycotter les restaurants qui font l’effort de proposer des options végétaliennes sous prétexte qu’ils servent encore de la viande ? Faut-il tourner le dos aux épiceries qui ont un comptoir végane mais vendent également des œufs et du lait ? La question fait débat. Mais à mon humble avis, fréquenter un restaurant omnivore qui intègre des options végétaliennes pourrait prouver, une fois encore, que la demande est là et, qui sait ?, forcer davantage d’établissements à penser à nous. »
 
 
Valéry Giroux et Renan Larue, Le Véganisme, Paris, octobre 2017, coll. Que sais-je ?, paru aux Presses Universitaires de France.
 
 
Pour suivre le Festival Végane de Montréal 2017 :

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