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Une saison touristique qui s’annonce difficile

 
9 avril 2009 | Par Ginette Poulin

L’année 2008 avait apporté son lot de problèmes aux différents acteurs de l’industrie touristique québécoise et canadienne. La hausse du prix de l’essence, la valeur du dollar canadien qui connaissait une ascension fulgurante, les élections présidentielles américaines et la mauvaise température estivale ont fait en sorte que, mis à part la ville de Québec qui célébrait son 400e anniversaire, l’ensemble de la province a connu une baisse importante de ses revenus touristiques. Malheureusement, selon plusieurs commerçants et spécialistes, la crise économique actuelle pourrait avoir un effet encore plus négatif pour l’année touristique 2009.

Le marché hôtelier est réaliste

Selon les résultats du Global Hotel Market Sentiment Survey Report (Enquête sur l’état perçu du marché hôtelier) produit au début du mois de mars par Horwath HTL, une firme de consultation spécialisée dans l’industrie de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs, l’état des marchés boursiers et la situation économique en général, au Canada comme à l’étranger, sont les facteurs prédominants qui contribueront au déclin de la performance de l’industrie hôtelière en 2009.

« En moyenne, les hôteliers de la province s’attendent à des chutes d’occupation et de tarifs moyens de l’ordre de 5 % cette année, ce qui aura comme conséquence un déclin du revenu par chambre disponible de l’ordre de 10 % comparativement à l’année dernière », explique Peter Gaudet, vice-président de Horwath HTL. « Les résultats indiquent que les hôteliers s’attendent généralement à ce que tous les segments de marché soient touchés négativement », poursuit Guy Rivard, vice-président chez Horwath.

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D’après l’enquête, le segment des voyageurs d’agrément en groupe est celui qui inspire le plus de craintes, mais ceux des réunions et congrès et de la clientèle corporative suivent de près. « La mauvaise presse que certaines firmes ont eu à l’égard de dépenses somptueuses de représentation, de voyages et de congrès contribue d’une certaine façon à ce que des gestionnaires se sentent épiés dans la perception publique et qu’ils fassent preuve de davantage de retenue sur le plan des voyages d’affaires, réunions ou congrès », admet M. Rivard. L’édition de janvier du Bulletin de renseignements sur le tourisme de la Commission canadienne du Tourisme confirme ce récent phénomène. En effet, le document précise que de plus en plus d’entreprises se tournent vers la vidéoconférence, ce qui entraîne des baisses de 10 % à 20 % du volume de leurs voyages d’affaires.

De son côté, le Bulletin touristique de Tourisme Québec démontre clairement que la fréquentation quotidienne des établissements d’hébergement au Québec est à la baisse pour les deux premiers mois de 2009. En effet, le taux d’occupation moyen pour janvier est de 38 % comparativement à 39,2 % en 2008 et le mois de février affiche une moyenne de 47,7 % comparativement à 49,9 % l’an passé.

Considérant que plusieurs projets de construction et d’ouverture d’hôtels ont été reportés, les données de fin d’année pour le taux d’occupation général s’avèreront peut-être plus encourageantes. Encore faut-il que la température estivale soit plus clémente que l’an dernier et que la valeur du dollar canadien reste à la baisse.

L’industrie de la restauration ne sera pas épargnée

Le 24 février dernier, dans une lettre de revendications adressée à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) annonçait que l’industrie de la restauration sera elle aussi durement touchée par la crise économique. Effectivement, malgré les profits records enregistrés en 2008 par les restaurateurs de la Vieille Capitale qui ont bénéficié de l’effet 400e, les faillites de restaurants ont augmenté de 22 % au Québec et l’Association prévoit que les ventes totales de l’industrie vont chuter d’environ 600 millions de dollars en 2009.

Ces prévisions se concrétisent peu à peu puisque plusieurs propriétaires et chefs de restaurants renommés de Québec et de Montréal nous ont dit constater une baisse importante de fréquentation de leurs établissements, tant durant la semaine que la fin de semaine. Bien qu’ils espèrent que cette diminution ne sera que passagère, les restaurateurs de la province sont bien conscients qu’ils devront faire preuve de patience dans ce contexte économique incertain.

L’ARQ avait sollicité l’aide du gouvernement pour qu’il mette en place des mesures visant à soutenir les restaurateurs du Québec en 2009, mais visiblement ses demandes n’ont pas été entendues au vu du dernier budget provincial. Dans un communiqué émis en réaction au budget, le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ, François Meunier, déclarait : « Il est frustrant de constater que le gouvernement n’a rien à proposer pour aider les restauratrices et restaurateurs à faire face aux perturbations économiques que nous traversons ».

Quoi d’autre ?

Mis à part le ralentissement économique, le milieu de la restauration devra encore une fois faire face à la pénurie grandissante de main-d’œuvre qualifiée, un facteur qui devient de plus en plus aggravant dans le domaine. Certes, ce phénomène touche désormais les effectifs de plusieurs professions, mais pour une industrie qui bénéficie de retombées majeures pendant la période estivale, le manque de personnel pourrait s’avérer être très nuisible pour certains établissements.

Les associations touristiques reçoivent l’appui des gouvernements, mais ne se font pas d’illusions

Contrairement à l’ARQ, les requêtes formulées par les Associations touristiques régionales (ATR) et les Associations touristiques sectorielles (ATS) du Québec ont été bien reçues par les gouvernement fédéral et provincial lors des derniers budgets. Entre autres, le renouvellement des ententes pour promouvoir le tourisme québécois, tant à l’extérieur du pays que dans les différentes régions de la province, constitue une excellente nouvelle pour l’industrie. Par contre, plusieurs sont conscients que malgré ces contributions financières, le contexte économique actuel ne permet aucunement de s’attendre à une année record.

Comme le relate le Bulletin de renseignements sur le tourisme de la Commission canadienne du Tourisme, malgré la chute spectaculaire du prix de l’essence comparativement à l’année 2008, les ménages canadiens sont de plus en plus moroses en ce qui concerne leur situation financière, ce qui freine la demande de voyages. Les chiffres présentés par le document démontrent que la tendance est la même tant aux États-Unis, qu’au Mexique, en France, en Allemagne, au Japon, en Chine et au Royaume-Uni.

En ce qui nous concerne, l’industrie se tournera très certainement vers le marché québécois pour tenter de compenser la baisse de l’achalandage touristique provenant de l’étranger. Par contre, la population québécoise ne pourra pas à elle seule pallier ce manque à gagner. Les experts s’entendent pour dire que de nouvelles solutions devront être apportées et des stratégies marketing ciblant des marchés peu exploités jusqu’à maintenant devront être mises sur pied pour s’adapter à cette réalité qui pourrait être la nôtre pendant quelques années encore.

Mots-clés: Québec (province)
Tourisme
Hôtellerie
Restauration

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