Une nouvelle coalition réclame la mise en œuvre du virage agricole préconisé par le Rapport Pronovost
Dans un communiqué émis le 8 mai dernier, la Coalition SOS-Pronovost, qui réunit plusieurs groupes d’agriculteurs, de consommateurs, de citoyens et d’écologistes, a fait savoir qu’elle avait adressé une lettre au premier ministre du Québec lui demandant de mettre en oeuvre sans plus tarder les réformes proposées il y a plus d’un an par le rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (communément appelé rapport Pronovost).
Selon elle, le gouvernement a en main tous les éléments pour procéder à des réformes majeures devenues incontournables. « Après toutes ces années de réflexion et de travail, l’heure de vérité est arrivée. Votre gouvernement ne peut plus se défiler. Il doit défendre l’intérêt collectif dans ce dossier et ne pas laisser des intérêts corporatifs saboter une politique agricole aussi vitale pour l’ensemble du Québec. Si on devait passer à côté de cette occasion, il faudrait faire notre deuil à jamais d’une agriculture québécoise et d’une souveraineté alimentaire chez nous », peut-on lire dans la lettre.
La Coalition termine d’ailleurs son manifeste en exigeant du premier ministre que son gouvernement rende public d’ici l’été un énoncé de politique agricole reflétant l’essentiel des orientations définies dans le rapport Pronovost qui serait suffisamment précis pour servir de base aux réformes proposées en février dernier par le rapport Saint-Pierre sur le soutien de l’État aux agriculteurs. La Coalition souligne qu’elle entend veiller et intervenir jusqu’à ce que le virage soit mis en œuvre.
L’UPA réagit
De son côté, l’Union des producteurs agricoles (UPA) se questionne sur le bien-fondé de cette intervention. Selon elle, les organisations militantes faisant l’éloge du rapport Pronovost font abstraction du fait que l’application de ses recommandations fragiliserait à très court terme le modèle agricole qu’elles prétendent défendre « puisque les piliers remis en cause depuis la publication du rapport sont ceux-là même qui ont favorisé le maintien d’une agriculture à dimension humaine, l’accès au panier d’épicerie parmi les moins chers au monde, la production d’aliments d’une qualité exceptionnelle, l’éclosion de milliers de produits du terroir et la protection du patrimoine territorial. »
Par voie de communiqué, l’UPA laisse entendre que les véritables enjeux n’ont peut-être pas été bien compris par la Coalition qui, selon elle, n’est pas vraiment représentative du monde agricole. « Les moyens proposés par SOS Pronovost favoriseraient [...] une agriculture à l’américaine où la loi du plus fort domine, où les petites fermes familiales disparaissent l’une après l’autre faute de soutien, où l’achat local, l’alimentation de proximité et les circuits courts sont des concepts mis de côté au profit d’une "walmartisation" de l’alimentation », conclut l’UPA.