Un fournisseur d’oignon place McDonald’s sur le grill
Les restaurants McDonald’s des États-Unis se sont retrouvés au centre d’une série d’infection à la bactérie E. coli. À partir du 21 octobre, plusieurs cas ont été signalés dans l’état du Colorado, où l’on compte maintenant 27 hospitalisations, dont deux personnes dans un état grave, selon les autorités sanitaires américaines. Une personne âgée est également décédée.
La contamination s’est rapidement étendue à 12 autres états, avec un total de 90 personnes infectées à ce jour, selon les dernières mises à jour de la Food and Drug Administration (FDA).
Les analyses épidémiologiques et de traçabilité menée par le Service de sécurité et d’inspection des aliments (FSIS) du ministère de l’agriculture américain ont révélé le coupable. Les oignons effilés, produits par le fournisseur californien Taylor Famers qui entrent dans la composition des Quarts de livre, un des produits phares de la marque.
« McDonald’s est réputé pour ses bonnes pratiques. Cependant, lorsqu’on reçoit des tonnes de produits, comme des oignons ici, il est irréaliste, voire impossible, de faire un échantillonnage pour détecter cette bactérie, qui a une prévalence très basse », soulève Sylvain Quessy, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Ladite bactérie est présente dans l’intestin des bovins. Selon M. Quessy, lorsque des légumes sont impliqués dans la contamination à l’E. coli O157:H7, « il est fort probable que l’origine soit des fertilisants organiques issus de fumiers de ruminants, utilisés dans la ferme où ont été cultivés les oignons. »
Des répercussions directes
Constatant le problème, le géant américain a réagi rapidement en retirant les Quarts de livre de ses menus jusqu’à ce qu’il soit en mesure de s’assurer que tous les produits en circulation ne comprenaient plus les oignions problématiques. Selon la FDA, « Ces mesures rendent le risque pour le public désormais faible. »
Un épisode qui met en lumière tous les enjeux derrière la traçabilité et la sécurité sanitaire des chaînes d’approvisionnement. En effet, un manquement de la part de Taylor Farms, un fournisseur qui fournit 900 restaurants d’une franchise qui en compte plus de 40 000 à travers le globe, risque de venir entacher l’image d’une des marques les plus connues au monde.
Bien que ces épisodes soient moins fréquents grâce à l’évolution des normes, plusieurs ont lieu dans l’histoire. Notamment en 2018 au Canada, il y a eu un rappel de laitues romaines contaminées par la même bactérie.
De plus, comme annoncé sur CNN Business, les visites dans les restaurants McDonald’s ont chuté la semaine du 21 octobre en moyenne de 24 à 33 % par jour au Colorado, l’épicentre de l’épidémie, et de 6,4 à 10 % par jour dans tous les États-Unis. Le cours de l’action a chuté de 7 % la même semaine, et des plaintes commencent à être déposées par des victimes qui ont été infectées.
Les experts s’attendent à ce que la fréquentation des restaurants chute drastiquement pour encore au moins deux semaines. Pendant ce temps, pour les propriétaires franchisés de ces restaurants, les charges fixes courent toujours, en plus de menus « bradés » avec des marges réduites. Retrouver la confiance des consommateurs prendra également du temps.
En attendant, McDonald’s continue de proposer des menus à 5 US $ et lance tout de même son nouveau Big Mac au poulet, pour tenter de faire revenir les clients déserteurs.
Chris Kempczinski, le PDG de McDonald’s Corporation, s’est montré « désolé », déclarant : « Rien n’est plus important pour nous que la sécurité de nos clients. »
« On a ici une démonstration de l’approche de la ferme à la table qui doit être mieux intégrée dans les bonnes pratiques », conclut M. Quessy. Les autorités sanitaires, tout comme les restaurants, auront désormais des attentes fortes envers les producteurs, qui devront renforcer leurs bonnes pratiques avant même la récolte. Le but étant « d’assurer la plus faible probabilité de contamination » dans les assiettes.