Statistiques hôtelières au Québec : 2019, cuvée historique
L’année 2019 restera comme la dernière année complète précédant la pandémie de COVID-19 qui sévit toujours et affecte grandement l’industrie touristique et hôtelière mondiale, incluant le Québec. Depuis quelques années, le secteur hôtelier profitait d’un achalandage touristique record, d’une croissance soutenue de l’économie québécoise et d’un taux de change favorable aux déplacements vers le Canada.
On se souviendra de 2019 comme d’une très bonne année pour l’hôtellerie québécoise avec des ventes de 2,3 milliards $ (pour les nuitées seulement), un taux moyen d’occupation de 60 % et un tarif moyen de 144 $, selon les chiffres transmis par l’Association Hôtellerie Québec. Ces résultats sont toutefois généraux et demeurent très variables d’une région touristique à l’autre.
Variations géographiques
De manière plus précise, le taux d’occupation des établissements hôteliers aura varié de 80 % pour la région de Laval à 72 % pour la région de Montréal et à 69 % pour la région de Québec, selon les données fournies par Horwath HTL Consultants. Ces deux dernières régions représentent une grande part de l’activité hôtelière de la province de Québec : elles cumulent 32 487 unités disponibles en 2019 sur les 71 923 unités disponibles dans la province (soit plus de 45 % de l’offre totale) et enregistrent 22 890 unités occupées sur un total de 43 552 pour la province (soit plus de 52 % de la demande).
Alors qu’en moyenne, dans la province, le Prix Moyen Quotidien (PQM-ADR) se situe à 147 $, les régions du Nunavik, des Laurentides et de Montréal se distinguent avec, respectivement, un PQM de 200 $, de 166 $ et de 166 $. À l’inverse, les régions des Îles-de-la-Madeleine, de Duplessis et de Manicouagan enregistrent des prix moyens quotidiens de 99 $, 105 $ et 109 $.
Les régions de Montréal, du Nunavik et de Québec se distinguent par leur Revenu Moyen Par Unité (RMPU - REVPAR) de 121 $, 117 $ et 110 $, bien au-delà de la moyenne provinciale (91 $ par unité). À l’opposé, les régions de Duplessis, de Lanaudière et du Centre du Québec enregistrent les plus bas RMPU, soit 46 $, 54 $ et 59 $ par unité disponible.
2020, une catastrophe d’ampleur variable
Les résultats de 2019 s’inscrivaient dans un contexte économique et touristique assez favorable aux activités hôtelières. En 2019, la concurrence exercée par Airbnb avait déjà eu un impact sur la performance des hôtels traditionnels, mais ceux-ci préparaient leur réplique afin de conserver des parts de marché.
Au moment d’écrire ces lignes (août 2020), il est plus qu’évident que l’industrie hôtelière québécoise sera profondément affectée par la crise sanitaire et que nous ne reverrons pas de tels résultats avant plusieurs années. Il est encore trop tôt pour mesurer les impacts de la pandémie, des mesures sanitaires, de la fermeture des frontières, du télétravail et des réunions en visioconférence. Il est probable que le nombre d’établissements hôteliers continuera de diminuer et que le nombre d’emplois dans le secteur s’en trouvera forcément réduit.
Les derniers échos de l’été qui se termine laissent présager une année catastrophique pour les régions de Québec et Montréal, tandis que plusieurs régions touristiques semblent avoir grandement bénéficié du tourisme local. La réflexion stratégique des établissements hôteliers de la province risque logiquement de s’orienter davantage sur le marché local, la conquête de nouveaux marchés et la conversion des immeubles.
Une quarantaine d’hôtels en moins en 19 mois
En date du 3 janvier 2019, le Québec comptait 9 556 établissements d’hébergement touristique en exploitation, dont 1 428 établissements hôteliers. Selon le site du CITQ, au 3 août 2020, on comptait 10 465 hébergement, dont 1 389 établissements hôteliers.
(Crédit photo : michel ferroni / Pixabay / Les tableaux sont de l’auteur)