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Samuel Sirois représentera le Canada dans la course au Bocuse d’Or : « Enfin ! »

 
28 février 2019 | Par Pierre-Alain Belpaire

Samuel Sirois s’est imposé ce mardi à Toronto lors de la sélection canadienne du Bocuse d’Or. Professeur en cuisine à l’ITHQ depuis 2016, il tentera, lors du Bocuse d’Or Amériques d’avril 2020, de décrocher le Graal : un billet pour le Bocuse d’Or mondial qui se tiendra en janvier 2021 à Lyon.
 
 
HRImag : Samuel Sirois, comment se sent-on quelques heures après avoir remporté la sélection canadienne pour la prestigieuse course au Bocuse d’Or ?

Fier. Excessivement fier ! Et fébrile ! C’est un immense plaisir et une belle reconnaissance de tous les efforts fournis. J’ai hâte de connaître les sujets sur lesquels nous devrons travailler par la suite. Oui, j’ai déjà hâte de poursuivre l’aventure.

Comment avez-vous abordé et préparé ces sélections canadiennes ?

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Avec beaucoup de sérieux. Il faut préciser que c’était la troisième fois que j’y participais. En 2013, j’avais concouru contre Laurent Godbout et m’étais représenté en 2016. Je commençais donc à connaître un peu cet événement.

Quand avez-vous commencé à vous entraîner ?

Nous avons connu les sujets le 13 janvier et on a immédiatement commencé les tests. Nous sommes revenus de Lyon le 31 janvier et depuis lors, on pratiquait tous les jours.

Par rapport à vos deux précédentes participations, qu’est-ce qui a fait la différence et vous a permis de l’emporter ?

J’ai eu la chance, en étant enseignant à l’ITHQ, qu’on me laisse du temps pour travailler sur ce projet. Auparavant, je devais préparer les sélections durant mes congés ou sur mon temps personnel. On m’a aussi donné le support matériel et les moyens financiers nécessaires. Il faut savoir qu’un tel concours représente plusieurs milliers de dollars, des heures de travail et un nombre incalculable d’essais-erreurs.

Vos deux expériences passées vous ont-elles permis de surmonter le stress ?

Un peu... Mais je me suis mis beaucoup de pression en pensant à tous ceux qui croyaient en moi, qui me supportaient. J’ai vécu plus d’émotions cette fois-ci.

Qu’avez-vous pensé en apprenant que vous aviez gagné ?

C’est tout un poids qui s’enlève soudain. J’ai pensé à mes filles, mais aussi à mes élèves et à mes deux équipiers. C’est un tourbillon d’émotions.

Vous ne cessez de répéter que ce n’est pas votre victoire mais celle d’une équipe. Quel a été le rôle exact de votre entraîneur, Gilles Herzog, et de votre commis, Alexy Jetté ?

C’est simple : sans eux, je n’aurais jamais pu gagner ! Gilles a d’exceptionnelles connaissances culinaires. Il a travaillé avec des étoilés Michelin, avec des Meilleurs Ouvriers de France. Je m’en suis souvent remis à lui, je savais que je pouvais lui faire confiance. Et Alexy a été d’une incroyable dévotion. Chacun a parfaitement joué son rôle. On gagnait ensemble ou on perdait ensemble.

Depuis l’annonce de votre victoire, les félicitations pleuvent. Vous attendiez-vous à provoquer autant de réactions ?

Très honnêtement, non. Mais cela prouve que nous ne sommes pas seuls dans ce concours. C’est un projet sur le long terme, le très long terme. Quand je me suis lancé là-dedans, je voulais non seulement réaliser un rêve d’homme et de cuisinier, mais aussi fédérer le maximum d’étudiants et de collègues.

Comment allez-vous combiner ce concours exigeant et votre métier d’enseignant à l’ITHQ ?

Ce Bocuse d’Or, c’est l’occasion parfaite pour prouver à nos étudiants que dans notre industrie, tout est possible, qu’il n’y a aucune limite. Je veux donc qu’ils participent à cette aventure, je veux les impliquer. Je suis également persuadé qu’au final, le Bocuse d’Or va faire de moi un bien meilleur professeur.

Quelle sera la suite du programme ?

Jusqu’au mois de mai, on va réfléchir, notamment aux garnitures. Puis au début de l’été, on recommencera à cuisiner. En septembre, on devrait connaître les sujets du Bocuse d’Or Amériques et on aura alors 6 ou 7 mois pour nous préparer.

Sachant qu’en avril 2020, cinq pays du continent américain se qualifieront pour le Bocuse d’Or mondial de 2021, avez-vous déjà la tête à Lyon ?

Non. Ce serait dangereux. On prend une étape à la fois. Bien sûr, on vise le sommet, on espère être à Lyon, mais il faut rester prudents et réalistes. Rien n’est fait !

Quel sera le secret pour vous distinguer lors des Amériques ?

Outre la perfection technique, il faudra aussi être capable de fédérer un maximum de monde. Prenez le Danemark : lors de leur récente victoire, un tiers des places dans les gradins de Lyon étaient occupées par des Danois. Tout le pays, les médias, les autres chefs, l’industrie : c’est tout le Danemark qui était derrière l’équipe danoise. Et c’est normal : une victoire au Bocuse d’Or amène énormément à l’industrie touristique d’un pays et à sa scène gastronomique.

Sur ce plan, le Canada peut mieux faire, selon vous ?

Je pense en effet qu’on peut encore faire beaucoup, même si c’est déjà nettement mieux qu’auparavant. Après ma victoire mardi, les collègues de Toronto m’ont déjà proposé leur aide. Et Trevor Ritchie, le candidat canadien de 2019, m’a également ouvert les bras. Ce sont des soutiens très importants.

Que représente le Bocuse d’Or pour un cuisinier ? Des Jeux Olympiques ? Un Prix Nobel ?

C’est le concours le plus exigeant : les meilleurs de l’industrie te jugent, reconnaissent ton savoir-faire, se penchent sur tes choix et la manière dont tu mets en valeur un produit. Ce sont les Oscars de la cuisine !
 
 
(Sur la photo, Samuel Sirois félicité par Trevor Ritchie. Crédit photo : Mathieu Beausoleil / Diffusée par Bocuse d’Or Canada)

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