dark_mode light_mode
keyboard_arrow_up
 
Point de vue

Manger partout !

 
2 septembre 2016 | Par Robert Dion

Il y a 10 ou 15 ans, on se ravitaillait à l’épicerie pour cuisiner à la maison, ou on se rendait au restaurant. C’étaient les deux catégories d’établissements accessibles pour se nourrir. Aujourd’hui, on a peine à en faire une liste complète ! C’est le constat que j’ai fait en compagnie de quelques restaurateurs lors d’un récent voyage. Maintenant, on peut manger partout : à la station-service ou à l’épicerie même, au salon de coiffure, dans notre tour d’habitation ou au dépanneur. Partout. L’alimentation est présente… partout. Et si on ne se rend pas à elle, c’est certain qu’elle vient à nous.

Donc, vous ne pouvez plus voir les autres restaurants comme s’ils étaient vos uniques compétiteurs. Il faut maintenant penser autrement. C’est là qu’est le défi des prochaines années : la concurrence vient de partout. Tant les restaurateurs que les hôteliers, vous ne pouvez plus vous contenter d’attendre vos clients dans votre établissement : vous devez aller les chercher là où ils sont et leur livrer ce qui comblera leurs besoins à ce moment-là.

Ça, les grandes chaînes de restauration l’ont déjà compris et elles offrent leur marque en épicerie. Si les épiciers se font restaurateurs (remarquez la variété de l’offre dans les comptoirs de prêt-à-manger), certains d’entre vous proposent désormais à même leur établissement un comptoir d’aliments et de plats portant leur marque. Juste retour des choses. Saine compétition.

Ce n’est pas à vous d’imposer à votre clientèle ce qu’elle souhaite. C’est à vous d’être à son écoute. Si les clients d’aujourd’hui sont friands d’Airbnb, demandez-vous comment vous pouvez leur offrir un produit qui répond à leurs besoins. Si votre client souhaite parfois s’attabler chez vous, mais que, certains soirs, il préfère se faire croire qu’il « cuisine » chez lui, offrez-lui du « prêt-à-manger » ou du « prêt-à-transformer » à même votre établissement — bref ce dont il a besoin pour trouver satisfaction chez vous !

Robert Dion, éditeur
[email protected]

(Crédit photo : David Cannon)

 
 
Gestion du personnel

Capsule RH

La réorganisation du travail : une issue incontournable en contexte de rareté de main-d’œuvre !

 
2 septembre 2016

Par Isabelle Girard, directrice générale du CQRHT

Pour plusieurs hôtels et restaurants, la fin de la haute saison qui approche sonne l’heure des bilans. Qu’est-ce qui a pu nuire à l’expérience de vos clients ? Diminution de la qualité de certains produits/services, manque d’employés en nombre, mais aussi en matière de qualifications/compétences, envergure de la charge de travail ayant incombé à quelques indéfectibles employés, tension du climat de travail, hausse des accidents de travail, etc.

Une des solutions à envisager pour régler certaines problématiques consiste en une réorganisation du travail. Si le terme peut paraître ambitieux, sachez qu’une réorganisation peut se limiter à certains aspects spécifiques de vos opérations. En ciblant bien vos principaux objectifs, et en comptant sur l’implication active de votre personnel, vous pouvez procéder vous-même et à peu de frais à une réorganisation qui améliorera l’efficacité de vos opérations et rejaillira positivement sur votre clientèle.

Qu’est-ce que l’organisation du travail ?

L’organisation du travail est la manière dont est aménagé l’ensemble des activités que vous devez réaliser pour offrir un produit/service de qualité. Une bonne organisation du travail implique donc que vous utilisiez le plus efficacement possible vos ressources. Lorsqu’on constate certains problèmes tels que ceux qui ont été mentionnés précédemment, il y a lieu de remettre en question ses façons de faire.

Quatre éléments principaux peuvent faire l’objet d’une réorganisation :
a) L’espace physique : un espace de travail, l’accueil, un lieu de rangement, etc.
b) Les rôles et responsabilités des employés : l’ajout d’un superviseur, l’accroissement des responsabilités d’un employé, etc.
c) La révision de certaines tâches : un meilleur découpage des tâches permettant d’éliminer les chevauchements et d’ainsi augmenter la productivité des membres de l’équipe, une meilleure adéquation entre les compétences du personnel et les exigences du poste pour optimiser le rendement de chaque heure de travail ou encore une réduction de la charge et le temps de travail des employés d’expérience pour les retenir à votre emploi le plus longtemps possible, etc.
d) Les horaires de travail : faciliter la conciliation travail / vie personnelle, pour notamment accommoder le personnel étudiant ou retraité, la mise en place d’horaires rotatifs pour permettre aux employés de profiter des week-ends et de la belle saison, etc.

Pour mener à bien une réorganisation du travail, il faut adopter une approche structurée et obtenir dès le départ l’adhésion des employés concernés. Voici les principales étapes qui vous permettront de réaliser cette réorganisation avec succès.

Les étapes d’une réorganisation du travail

1- Faire la liste des améliorations souhaitées

  • Consultez les données à votre disposition pour faire un bilan reposant sur les faits : taux de satisfaction, taux de roulement ou d’absence du personnel, nombre et types de commentaires et de plaintes des clients, climat de travail, etc.
  • Identifiez les éléments qui doivent être améliorés.
  • Validez ce bilan auprès de votre équipe afin de vous assurer d’avoir une lecture juste de la situation.

2- Planifier la réorganisation

  • Constituez un comité de travail composé de personnes concernées par le changement ciblé. Ce comité devra :
    —identifier les solutions possibles et réalistes, idéalement en consultant les autres membres de l’organisation pour s’assurer de considérer toutes les recommandations intéressantes) ;
    —élaborer un plan d’action en déterminant les moyens à mettre en place, l’échéancier et les indicateurs mesurables qui permettront par la suite d’évaluer le niveau de succès par rapport au problème identifié au départ.
  • Communiquez régulièrement avec votre équipe afin de lui faire connaître le changement souhaité, d’en expliquer les raisons, de clarifier vos attentes et de répondre aux préoccupations suscitées par ce changement.

3- Implanter le changement, assurer la transition et faire le suivi

  • Prévoyez suffisamment de temps pour assurer la transition et l’implantation durable du changement. Organisez régulièrement des rencontres avec les membres du personnel pour identifier les irritants et faire les réajustements nécessaires au besoin.
  • Outillez vos travailleurs afin qu’ils puissent se familiariser avec les nouvelles façons de faire : formation, outils spécialisés, coaching, etc.
  • Faites un suivi de cette réorganisation afin de vérifier qu’elle vous a effectivement permis de résoudre le problème de départ et, ainsi, de bonifier l’expérience de votre clientèle !

Dans la mesure où les relations de travail sont favorables, où vous impliquez et communiquez régulièrement avec vos employés et où vous leur offrez le soutien nécessaire, une réorganisation du travail bien ciblée peut aussi être un outil efficace d’amélioration continue !

En 2015, l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) et le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT), en collaboration avec le Groupe Multi Réso, ont réalisé une étude sectorielle dont l’objectif était de circonscrire les problématiques en ressources humaines propres à la restauration en matière de besoins de main-d’œuvre, d’attraction, de rétention, de formation et d’organisation du travail. Malgré le fait que la charge de travail, le faible nombre d’heures offert aux employés, la conciliation travail / vie personnelle et le climat de travail soient identifiés comme des causes des difficultés de rétention du personnel, les restaurateurs ne perçoivent pas le besoin et la nécessité d’agir dans le champ de compétences que représente l’organisation du travail.

Dans un contexte de rareté et même de pénurie de main-d’œuvre pour certaines fonctions de l’hôtellerie et de la restauration, il est primordial de réviser nos façons de faire afin de les adapter aux besoins, aux attentes et au profil de la main-d’œuvre actuelle et future. Il nous faudra nous ajuster si nous souhaitons demeurer compétitifs en matière de produit/service, mais également comme employeurs !

Consultez les rapports des études sectorielles en hôtellerie et restauration sur le site du CQRHT :

Étude sectorielle de main-d’œuvre en hôtellerie

Étude sectorielle en restauration

 
 
Aliments/menus/recettes

Produit

Saucisses, boudins, Saucissons secs… Plutôt en forme, merci !

 
2 septembre 2016 | Par Sophie Suraniti

Devant les nouvelles formules de restauration mobile, la foultitude d’évènements gourmands, la hausse de prix de certaines protéines, la popularité des menus déjeuners et l’ouverture d’esprit de la clientèle nord-américaine, les saucisses & cie à base de viande se portent bien malgré un contexte concurrentiel.

TENDANCE CLEAN LABEL
Saucisses fraîches - Les Cochonailles
Crédit photo : Philippe Beaulieu

Des produits qui affichent une liste d’ingrédients aussi courte et compréhensible que possible, faits à base de produits « naturels », c’est-à-dire non transformés, sans agents de conservation, colorants, arômes ou additifs artificiels : voilà ce que demande aujourd’hui le marché. Plus de « naturalité ». Sel de mer, sucre de canne, vinaigre ou encore extrait de céleri se substituent ainsi aux nitrites de synthèse. Les fabricants s’efforcent d’améliorer leurs gammes existantes en remplaçant certains ingrédients litigieux par d’autres, plus acceptables, ou revoient leurs recettes au complet en créant de nouvelles gammes sur lesquelles s’affiche la mention NATUREL.

« Après le sans gluten, la grande révolution qui touche cette catégorie de produits, c’est, entre autres, la demande pour le plus "naturel" possible, le fameux clean label. Il faut donc trouver des solutions pour remplacer, par exemple, l’érythorbate de sodium, un agent de conservation chimique, par un ingrédient qui jouera le même rôle. Ce n’est pas toujours évident, car le client souhaite un produit naturel sans changement d’apparence ou de goût. Mais sans nitrite, la viande devient grise ! » — Ghyslain Marot, directeur production et qualité, Les Cochonailles
(L’entreprise a été acquise à 100 % à la fin 2015 par Plaisirs Gastronomiques.)

TENDANCE ARTISANALE

Pourquoi tout le monde (généralement des établissements de petite ou moyenne taille) se met-il à en faire ? Parce que l’équipement peu dispendieux et les ingrédients de base sont devenus accessibles. L’entreprise Thomas Technologie Développement propose même de petites chambres de vieillissement à sec (thomasdeveloppement.com) convenant au résidentiel. Si la fabrication de la saucisse s’est démocratisée, c’est aussi grâce aux diverses formations offertes, aux livres et aux émissions de cuisine, comme Félipé Le Pimp de la saucisse diffusée sur la chaîne Zeste.

Quant aux matières premières, elles ne sont pas chères comparativement au prix de vente final. Avec les saucisses et les autres produits de cette vaste catégorie, le prix de revient de la nourriture (food cost) est vraiment intéressant pour tout fabricant ou restaurateur ! La tendance artisanale se retrouve non seulement dans le choix des ingrédients de base (plus de viande maigre locale, du boyau naturel et non plus synthétique), mais aussi dans la façon de faire du point de vue technique (type de hachage plus ou moins fin ou grossier, ajouts de garniture, fumaison, précuisson, etc.).

« Depuis environ 2010, la fabrication tend vraiment vers l’artisanat et le local. Avant, certains équipements ou ingrédients de base comme les agents de saumurage étaient difficiles à dénicher. On les trouve maintenant tant en petit format pour les particuliers qu’en gros pour les restaurateurs. Pour les charcuteries séchées maison, il existe une pellicule qui laisse sortir l’humidité. Ce sac de vieillissement (un produit américain appelé UMAi Dry®) est un plastique alimentaire microperforé qui permet de faire sécher sans danger un morceau de viande, un salami ou des saucisses directement dans son frigo ! Nous en vendons de plus en plus. » — Yan Garzon, chef corporatif, Testek

Sac de vieillissement UMAi Dry®
TENDANCE EXPLORATOIRE

Bien entendu, on retrouve toujours les grands classiques que sont les saucisses fraîches italiennes douces ou fortes, les saucisses fumées de type hot-dog, les saucissons secs d’inspiration européenne, les boudins noirs (cuits en pain ou embossés) et les boudins blancs à base de produits laitiers (toutefois moins populaires).

Saucisse Olymel
Crédit photo : Olymel

Mais d’autres types de saveurs, plus épicées, plus herbacées, avec des ajouts à l’intérieur (comme du fromage, du bacon et du smoked meat) ont fait leur apparition sur le marché. Aujourd’hui, l’inspiration vient de partout, et plus seulement des traditions européennes (Allemagne, France, Italie, Pologne…) qui ont longtemps dominé le marché nord-américain. Sous l’influence de la mixité culturelle, les saucisses puisent dans tous les répertoires, particulièrement latino et asiatique. Un autre phénomène observé est « la saucisse est le plat », c’est-à-dire que la mêlée (préparation à base de viande, garnitures, épices, etc.) combine tous les ingrédients d’un plat connu dans la saucisse en tant que telle ! Par exemple, le chef Mike Sheerin de Chicago a créé une saucisse pizza. Au Québec, la jeune entreprise Chic mon cochon a mis au point une saucisse macaroni au Kraft Dinner nommée KD-In ! Du côté de l’habillage ou de l’enrobage, la créativité semble également sans limites : les saucisses sont mises dans des pains de toutes sortes (banh bao vietnamien, pain à saveur de bière…), enroulées dans une pâte (feuilletée ou autre), piquées sur bâtonnet (pogo revisité), etc.

« Malgré la décroissance du secteur de la restauration depuis quelques années, le marché de la saucisse se porte bien. Les grandes chaînes et les restaurateurs qui misent encore sur la qualité sont ceux qui se maintiennent. Mais pour obtenir les mêmes résultats, ils doivent travailler d’arrache-pied. On ne réinventera pas la saucisse à déjeuner classique ! Par contre, elle évolue. Le menu de déjeuner classique change, notamment avec des produits plus épicés. On voit aussi des produits comprenant des ajouts. Nous allons travailler la saucisse à hot-dog, que nous avons un peu délaissée pour d’autres gammes. » — Francis Huot, directeur provincial, Olymel (Depuis le rachat de l’entreprise La Fernandière à l’été 2016, Olymel centralise à Trois-Rivières sa production de saucisses fraîches et à déjeuner destinée au détail et aux services alimentaires.)

TENDANCE NOMADE

Les camions de cuisine de rue ont repris la route et, avec eux, les saucisses ! On a actuellement une abondance d’évènements culinaires, notamment de festivals brassicoles combinant bière et saucisse, un duo qui génère de plus en plus de collaborations entre préparateurs et brasseurs – comme la saucisse Oktoberfest revue autant par les gros fabricants que les petits. Les distributeurs et les chefs qui cuisinent sur place pour l’occasion notent donc un regain d’intérêt envers la catégorie « saucisse ». Les saucisses émulsionnées et précuites de type hot-dog font désormais partie des produits phares. Mais elles sont généralement « revues et corrigées » en étant soumises à des apprêts plus gourmets : pain frais artisanal, qualité d’ingrédients accrue, garniture originale, etc.

« Je pense que les gens mangent autant (peut-être même moins) de saucisses, mais de meilleure qualité. C’est certain qu’il y a un petith ype autour de la fraîche. Beaucoup de restaurateurs en font eux-mêmes. L’intérêt de ce produit, c’est son côté rentabilité et la possibilité de pouvoir le personnaliser, apporter sa touche personnelle. Au restaurant, mon sous-chef Stéphane Racine prépare boudin noir, chorizo et saucisses maison. Nous avons appris sur le tas, à coups d’essais et d’erreurs. Le plus dur est de trouver les bons dosages, notamment du côté des assaisonnements et épices, car la production se fait souvent par "batchs" de 30 kg. Il faut réussir à standardiser la recette. »
— David Forbes, chef exécutif, Ciel ! Bistro-bar de Québec

David Forbes et son équipe du Bistro-bar Ciel !
Crédit photo : Martin Otis
LE SEC ? ON N’Y TOUCHE PAS TROP !

Pour nombre de restaurateurs, la fabrication du « séché » est une spécialité qui fait appel à de solides compétences, de l’équipement, de l’espace d’entreposage, du temps et un respect à la lettre de règles d’hygiène et de salubrité relativement sévères. Beaucoup préfèrent donc se tourner vers des transformateurs qui en ont fait leur métier. Le Québec commence d’ailleurs à avoir un intéressant répertoire de fabricants artisanaux : L’Agnellerie (de Kamouraska), Fou du cochon et Scie, Les Charcutiers Pork Shop, Les Viandes biologiques de Charlevoix, le boudin noir du restaurant Pied Bleu (qui gagne régulièrement des prix en France), La Réserve du Comptoir, etc.

Saucisse bacon et fromage en grains
Crédit photo : Ils en fument du bon

« Tout le monde pense que faire de la saucisse est facile (NDLR : Au Québec, une formation en charcuterie dure quelques mois ; en Europe, c’est plusieurs années). Ce constat est à la fois vrai et faux ! Tout est dans le détail, et il y a beaucoup de petits secrets de fabrication. Lorsqu’on démarre une production, il faut notamment savoir gérer les stocks — la saucisse fraîche, notre spécialité, se conserve seulement quelques jours — et être capable d’offrir un produit de qualité constante. » —Félipé Saint-Laurent, chef propriétaire, Ils en Fument du Bon

« Les Québécois semblent avoir délaissé les produits de viandes transformées. En effet, alors que les dépenses moyennes par ménage en viande fraîche ont

augmenté de 14 % entre 2012 et 2013, celles des produits de viandes transformées ont diminué de 19 %. Des baisses ont été observées dans presque tous les produits sauf les saucisses fumées (excluant celles qui sont en conserve), qui ont augmenté de 20 %. Toujours entre 2012 et 2013, une réduction des dépenses a été enregistrée pour les produits suivants : Bacon (-12 %), Jambon cru et préparations à base de jambon (-24 %), Saucisses crues (-6 %) et Charcuteries (-31 %). »

Source : Centre de développement du porc du Québec (CDPQ). ABC de la production porcine – Tendances de consommation, juin 2015.

À RELIRE :
Tendances charcutières, magazine Hôtels, Restaurants & Institutions, volume 17, numéro 3, automne 2013.

 
 
Billet de la rédaction

Billet de la rédaction

Sur notre 36

 
2 septembre 2016

Toutes les femmes (et de plus en plus d’hommes) pourront vous le confirmer : à la veille d’un anniversaire important, on aime se faire beau et belle ! On se prépare à la fête en choisissant avec soin une tenue qui nous fera resplendir, on ira chez la coiffeuse pour « cacher le gris » ou carrément changer de tête… C’est un peu ce qui se passe actuellement au magazine…

Comme préambule au 20e anniversaire du magazine Hôtels, Restaurants & Institutions, nous vous mettons en appétit en dévoilant un nouveau logo et un nom plus moderne, qui respectent toutefois l’essence de ce que nous avons toujours été pour nos lecteurs : la ressource des passionnés de la restauration, de l’hôtellerie et des services alimentaires du Québec. Vous l’aurez remarqué au premier regard : ce nouveau logo que le magazine arbore en couverture et qui clame haut et fort que nous sommes désormais HRImag. À l’aube de son 20e anniversaire, il commence à se mettre sur son 36, car l’année 2017 promet d’être riche en événements pour souligner cet important jalon de son histoire.

Comme un adolescent qui passe à la vie de jeune adulte, HRImag jouit maintenant d’une belle maturité et est doublé d’une équipe qui ne demande qu’à faire avancer son offre pour suivre les tendances et les attentes de ses lecteurs.

Je suis impatiente de vous en révéler plus au cours des prochains mois !

D’ici là, bonne rentrée et bonne lecture !

Sonia Carufel

[email protected]

(Crédit Photo : David Cannon)

 
 
Hygiène et salubrité

Hygiène et salubrité

Petit guide de l’étiquetage : durées de conservation et dates de péremption

 
2 septembre 2016 | Par Didier Girol

De nouvelles règles d’étiquetage Ont fait leur apparition au Québec en août 2016. En effet, les détaillants et les restaurateurs de la province sont désormais dans l’obligation d’inscrire les mentions « empaqueté le… » et « meilleur avant… » sur les produits préemballés qu’ils vendent. Dans un contexte où de plus en plus de restaurateurs offrent des plats prêts à manger pour emporter, voici un rappel des principales obligations auxquelles ils doivent se conformer en matière d’étiquetage.

COMMENT DÉTERMINER LES DURÉES DE CONSERVATION DES ALIMENTS PRÉPARÉS

Les clients vont manger à l’extérieur pour une foule de raisons : la commodité, la bonne nourriture, un événement ou une occasion spéciale. Quelle que soit la raison, ils veulent une expérience agréable et mémorable. Si le mot d’ordre actuel est le « service » et la stratégie populaire, l’excellence dudit service, de nombreuses entreprises échouent lamentablement lorsque vient le temps de créer un environnement convivial et, en général, une expérience culinaire positive. Dans ce marché concurrentiel, vous ne pouvez pas vous concentrer uniquement sur le fait d’accueillir des clients dans votre établissement (gestion axée sur les bénéfices). Vous devez répondre aux besoins de ceux-ci et dépasser leurs attentes au moment où ils sont sur place (gestion axée sur les personnes).

Il est de la responsabilité des fabricants et des détaillants de déterminer la durée de conservation de leurs produits en fonction de la salubrité et de la qualité des aliments. Pour établir cette durée, les fabricants doivent considérer différents facteurs en misant sur le « maillon le plus faible », soit le facteur qui sera le plus rapidement touché en entreposage normal (qualité ou salubrité/innocuité). Si vous n’avez pas la possibilité de faire les démarches vous-même, il serait préférable de faire appel aux services d’un consultant.

Le MAPAQ publie sur son site Web un carnet d’information à l’intention des fabricants de semiconserves . On y précise les bonnes pratiques recommandées pour aider les exploitants à assurer l’innocuité de leurs produits en établissant des contrôles et des durées de conservation selon les types de traitement thermique. L’organisme recommande également d’appliquer une durée de conservation de sept jours lorsqu’il s’agit de plats cuisinés (non pasteurisés) et pour lesquels aucune étude n’a été effectuée.
Il faut mettre en place des mesures de contrôle appropriées et faire analyser les produits lorsque c’est nécessaire. Les aliments doivent satisfaire à des critères microbiologiques et physiques assurant leur salubrité pour le consommateur.

La liste de ces critères est accessible du site Web du MAPAQ, dans le document intitulé Lignes directrices et normes pour l’interprétation des résultats analytiques en microbiologie alimentaire.

Les indications du Thermoguide publié par le MAPAQ sont-elles fiables pour les professionnels qui cherchent à déterminer les durées de conservation ? À ce sujet, le MAPAQ rappelle que ce document s’adresse principalement aux consommateurs. Il peut être un indicateur, mais ne remplace pas une analyse effectuée par un laboratoire scientifique.

Étiqueter ou ne pas étiqueter, là est la question !

Selon les nouvelles règles d’étiquetage en vigueur depuis août 2016 :

  • Doivent être étiquetés : aliments préemballés et vendus tels quels aux consommateurs. Par exemple : sandwichs préemballés vendus dans un comptoir réfrigéré, boîtes de sushis préemballés, barquettes préemballées contenant une salade, contenants de sauce à spaghetti préemballé, etc.
  • Ne nécessitent pas d’étiquetage : mets habituellement proposés en service de livraison ou au comptoir pour emporter (pizza, poulet BBQ, mets chinois, etc.), plats offerts par des services de traiteur, plat préparé à la demande du client (par ex. : un sandwich Subway), etc.

DATES DE PÉREMPTION
Depuis quelques années, les consommateurs sont sensibilisés au gaspillage lié aux dates de péremption (dates limites de conservation). Quels sont les risques pour l’entreprise qui voudrait limiter ce gaspillage ?

La date « meilleur avant » (ou date de péremption) ne veut pas nécessairement dire « non comestible après ». Cette date qui figure sur un emballage est fixée par le fabricant ou le détaillant afin d’indiquer au consommateur la période pour laquelle le produit aura une qualité nutritionnelle et une fraîcheur optimales, et ce, dans l’emballage non entamé.

Un établissement alimentaire peut offrir au rabais certains types de produits dont la date « meilleur avant » est dépassée, pourvu que leur salubrité soit assurée. Cette responsabilité revient alors à l’établissement. Toutefois, lorsque la date de péremption est dépassée, les caractéristiques organoleptiques de l’aliment et sa valeur nutritive pourraient être modifiées.

Les détaillants peuvent donc utiliser des rabais pour compenser cette perte de valeur potentielle. Mais attention : ce doit être fait avec discernement afin de ne pas risquer d’intoxiquer le client.

Si cela se produit tout de même, quelle est la responsabilité du commerçant ? L’obligation d’indiquer une date de péremption sur un aliment préemballé relève du Règlement sur les aliments et drogues (article B.01.007 [1.1] c). En cas d’intoxication alimentaire, une enquête sera menée par le MAPAQ afin d’en déterminer les causes. Une inspection ainsi que des analyses en laboratoire vont déterminer, le cas échéant, le type de contamination présent dans les aliments et si l’exploitant en est responsable.

L’ÉTIQUETAGE EN BREF
Les exigences relatives à l’étiquetage, dont l’obligation d’inscrire la date d’emballage et la date limite de conservation (selon le cas) sur un aliment préemballé, découlent du Règlement sur les aliments et drogues ACIA (fédéral), Art. B.01.007. D’autres critères pourraient se trouver sur l’étiquette : nom et description du produit, liste des ingrédients en ordre décroissant, avertissement concernant les allergènes, quantité nette, nom et adresse de l’entité responsable du produit offert, date limite de conservation, mode de conservation, état du produit (cuit, congelé), valeur nutritive et numéro de lot.

EN CONCLUSION
Avant d’offrir un nouveau produit alimentaire, il est important de valider sa durée réelle de conservation afin de limiter les risques d’intoxication alimentaire, mais également les pertes. Les règlements à ce sujet sont nombreux et parfois complexes. Assurez-vous d’être conforme aux normes : il y va de la santé de votre entreprise et de votre tranquillité d’esprit. L’étiquetage est le médium qui permet de bien renseigner le client sur ce qu’il achète. Il doit être aussi précis que possible. Au-delà de la réglementation, l’étiquetage est un outil de communication qui démontre tout le sérieux de l’entreprise.

Merci à Yohan Dallaire Boily, relationniste à la direction des Communications du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour ses précieux conseils.

 
 
Opérations

Coin gestion

L’évaluation de rendement garanti : une technique d’analyse complète du menu

 
2 septembre 2016 | Par Douglas P. Fisher

Traduction libre par Ginette Poulin

Au fil des ans, les restaurateurs ont tenté de développer une méthodologie d’analyse de menus qui leur fournirait des données précises afin de prendre des décisions éclairées quant aux plats à intégrer à leur carte.

L’une de ces méthodes est le Matrix System. Elle permet une analyse de base des produits, ainsi qu’un regroupement de ceux-ci par catégorie, soit :

Ce système permet au restaurateur d’examiner la popularité et la marge bénéficiaire de chaque plat. Toutefois, il ne permet pas de combiner scientifiquement ces deux indicateurs pour obtenir une note globale. Il ne donne donc qu’un aperçu de l’efficacité d’un article donné au menu.

Une autre importante méthode d’analyse, encore largement acceptée, se base uniquement sur la marge de contribution de chaque élément au menu. La marge de contribution est calculée en soustrayant le prix de revient réel d’un plat à celui qui figure au menu. Dans ce cas-ci, aucune considération n’est accordée à la popularité d’un plat en particulier. Un restaurateur utilisant cette méthode d’analyse peut éliminer un plat qui représente seulement 40 % de la marge brute pour le remplacer par un autre qui en amène 60 %.

De prime abord, la décision semble raisonnable ; par contre, si le premier plat est cinq fois plus populaire que le second, il serait plus rentable sur le plan de sa contribution globale.

Comme la méthode de la marge de contribution ne tient pas compte de la popularité des plats, l’ingénierie de menu (Menu Engineering) a été développée au début des années 1960.

Ce système a été le premier à prendre en considération à la fois la popularité d’un article et sa marge de contribution, offrant ainsi aux restaurateurs la possibilité de comparer un menu à un autre. C’est pourquoi son utilisation était si répandue aux États-Unis. Cependant, il limitait le restaurateur, puisque ce dernier ne pouvait évaluer le menu que dans son ensemble, et non selon des éléments précis.

L’ingénierie de menu a ouvert les portes à une nouvelle méthodologie appelée « Évaluation de rendement garanti » (Performance Assurance Rating ou PAR), qui a été développée par l’auteur.

ÉVALUATION DE RENDEMENT GARANTI
L’évaluation de rendement garanti est une méthode innovante qui permet de déterminer la rentabilité globale d’un menu en se basant sur la marge de contribution et la popularité de chaque élément. Les résultats du PAR offrent donc la possibilité d’évaluer un élément (steak de saumon), une sous-catégorie (fruits de mer) ou une catégorie (plat principal) afin de déterminer la combinaison la plus rentable de ces éléments.

Le PAR est une analyse comparative, ce qui fait qu’un résultat unique apporterait peu d’aide dans la planification d’un menu stratégique. Par contre, la comparaison de deux résultats ou plus, que ce soit dans une seule catégorie ou dans l’ensemble du menu, peut fournir des informations significatives.

Le PAR d’un article individuel est déterminé comme suit :

  1. Inscrire chaque plat dans la catégorie appropriée (p. ex : plat principal) ;
  2. Calculer le nombre d’articles vendus pendant la période à l’étude ;
  3. Noter le prix de vente de l’élément en question (p. ex : steak de saumon à 8,00 $) ;
  4. Noter le coût réel du plat (p. ex : 4,00 $) ;
  5. Déterminer le montant total des ventes de chaque élément (p. ex. : 100 portions x 8,00 $) ;
  6. Déterminer le coût réel total par article vendu (p. ex. : 100 portions x 4,00 $) ;
  7. Déterminer le bénéfice brut de l’élément en soustrayant le coût réel du plat du prix de vente (p. ex. : 8,00 $ - 4,00 $) ;
  8. Déterminer le pourcentage de bénéfice brut par article en divisant le bénéfice brut des ventes (p. ex. : 4,00 $ / 8,00 $ = 50 %) ;
  9. Déterminer la marge de contribution par repas servi en multipliant le prix de vente du plat par la marge de contribution par repas (p. ex. : 8,00 $ x 50 %) ;
  10. Inscrire le nombre total de clients servis dans les colonnes appropriées (p. ex. : 600) ;
  11. Calculer le pourcentage de clients qui commandent un article en particulier en divisant les ventes de cet article par le nombre de clients (p. ex. : 100/ 600 = 16,67 %) ;
  12. Générer le PAR de cet élément en multipliant la marge de contribution par la popularité ou le pourcentage de clients qui commandent un repas en particulier (p. ex. : 4,00 $ x 16,67 % = 0,67).

Normalement, un restaurateur évaluerait un élément du menu en procédant à une analyse de la marge de contribution ou de sa popularité. L’aspect unique du PAR est qu’il combine ces deux méthodes d’analyse afin de déterminer un classement global. Les calculs sont illustrés dans les menus A et B.

Pour télécharger la grille Excel du menu A :

Pour télécharger la grille Excel du menu B :

ANALYSE DE L’ÉVALUATION DE RENDEMENT GARANTI
Les résultats PAR (voir colonnes 12 dans les exemples) sont essentiellement une série de chiffres qui reflètent la marge de contribution et la popularité d’un élément, permettant de faire plusieurs comparaisons significatives. En examinant les résultats du menu A, nous pouvons déterminer quels éléments amènent la plus grande contribution globale à la ligne de fond.

ÉLÉMENT PAR ÉLÉMENT
La première étape consiste à déterminer la performance de chaque élément par rapport aux autres. Plus le PAR est élevé, plus la performance est bonne. Considérons les éléments suivants tirés du menu A.

Comme on l’a indiqué précédemment, le PAR d’un article au menu est basé à la fois sur sa marge de contribution et sa popularité. Pour les deux premiers éléments énumérés ci-dessus, le poulet et la côte de bœuf ont une popularité équivalente. Cependant, la côte de bœuf obtient un PAR plus élevé en raison de sa marge de contribution, qui est plus importante. Dans le cas des deux derniers éléments, le PAR était plus élevé pour le steak de surlonge en raison de la plus grande popularité du plat et non de sa marge de contribution.

SECTION PAR SECTION
La deuxième étape consiste à déterminer dans quelles sections du menu se trouve la contribution la plus efficace. Ici, on compare les résultats PAR des entrées, plats principaux, accompagnements et desserts. Dans la plupart des cas, la section Plats principaux obtiendra de meilleurs résultats. Toutefois, il est conseillé d’évaluer la façon dont chaque section se comporte. Dans le menu A, la plupart des entrées ne sont pas très populaires, comme l’indique le nombre de plats vendus. Par conséquent, le restaurateur devrait mettre en place une nouvelle sélection d’entrées ou miser sur une promotion plus intense de ces éléments. Par ailleurs, le restaurateur peut comparer des sous-sections comme la viande et les fruits de mer.

Ajoutez le PAR pour les trois plats de viande et les quatre plats de fruits de mer qui se trouvent dans la section Plats principaux. Divisez-les respectivement par 3 et 4 (le nombre d’éléments), ce qui donne un PAR moyen de 0,56 pour la viande alors que le PAR des fruits de mer est de 0,42. Les plats qui comprennent de la viande sont donc plus performants que ceux qui contiennent des fruits de mer.

COMPARAISON D’ÉLÉMENTS : MENU PAR MENU
Une fois que chaque élément a été comparé et que les substitutions ont été faites, le menu B est mis au point et analysé. Le changement d’entrées illustré dans le menu B a permis d’augmenter considérablement leur popularité. Le velouté aux champignons et les calmars se sont avérés plus populaires que la soupe à l’oignon et le saumon fumé, alors que les cœurs d’artichaut ont moins d’attrait que les escargots. Si un troisième menu est développé, les escargots pourraient remplacer les cœurs d’artichauts pour augmenter le PAR, ce qui amènerait des bénéfices encore plus élevés.

Des résultats similaires peuvent être observés lorsque le coq au vin remplace le poulet rôti. En raison de l’augmentation combinée de la marge de contribution et de la popularité, le coq au vin du menu B a fortement surpassé le poulet rôti du menu A. Par conséquent, la substitution a été bénéfique. D’autre part, le pavé de saumon (deuxième plat en popularité de la catégorie Plat principal du menu A) a eu une performance plutôt médiocre lorsqu’on étudie le menu B (élément le plus bas au classement). Ce phénomène résulte directement de la nouvelle combinaison proposée.

COMPARAISON DES CATÉGORIES : MENU PAR MENU
L’étape suivante de l’analyse consiste à déterminer quelles catégories sont les meilleures. Les résultats PAR illustrent la performance d’une catégorie en particulier. Lorsque le menu A est comparé au menu B, on peut faire une analyse des catégories. Dans les tableaux présentés en début d’article, le menu A procure un meilleur rendement que le menu B dans les catégories Entrées et Plats principaux, mais pas dans les zones Accompagnements ou Desserts. Il est donc évident que les changements mis en place dans les deux premières catégories ont accru la performance globale du restaurant alors que les modifications apportées aux deux dernières catégories n’ont rien donné.

À la lumière de ces résultats, un troisième menu pourrait être pensé en y intégrant les entrées et les plats principaux du menu B, ainsi que les accompagnements et desserts du menu A. On atteindra ainsi un PAR encore plus élevé pour chaque catégorie ainsi que pour le menu dans son ensemble.

COMPARAISON MENU PAR MENU
Dans notre exemple, certains éléments ont surperformé. Lors de l’analyse finale, un restaurateur voudra utiliser le menu qui offre la plus grande marge de contribution. Afin de déterminer lequel est le meilleur, il suffit d’ajouter les résultats PAR individuels.

Comparez le PAR total du menu A (9,66) au PAR total du menu B (10,70). Ceci démontre que le menu B apporte une contribution globale supérieure sur le plan des profits, le tout basé sur une combinaison raffinée de la marge de contribution et de la popularité de chaque élément.

CONCLUSION
L’évaluation de rendement garanti n’est pas un substitut à une saine gestion ou aux politiques de tarification. Cependant, c’est une méthodologie scientifique qui peut servir à augmenter les bénéfices nets. Par conséquent, cette technique devrait être utilisée le plus souvent possible pour maintenir une combinaison optimale dans votre menu.

L’évaluation de rendement garanti (PAR) a été développée par Douglas P. Fisher

 
 
Personnalité HRI

Personnalité HRI

Demetre Triantafyllou

La restauration tatouée sur… un grand cœur

 
2 septembre 2016 | Par Marie-Carole Daigle

Propriétaire et directeur du Tuscanos de Québec, Demetre Triantafyllou fait partie du paysage québécois de la restauration depuis près de 50 ans. Sage et allumé, le restaurateur d’origine grecque est de tous les rassemblements de l’industrie, où il sait tant écouter que faire entendre son point de vue. Portrait d’un amoureux fou de son métier.

« Être restaurateur, c’est échanger avec le client pour le connaître et voir comment je peux lui faire plaisir, lui permettre de passer une belle soirée lorsqu’il vient chez moi avec ses proches… explique M. Triantafyllou. J’ai des clients qui me visitent depuis plus de 10 ans. Je connais leurs enfants, je vieillis avec eux : c’est magnifique ! Chaque métier a ses beautés, mais le bonheur que j’ai en restauration, je ne pense pas que je pourrais le trouver ailleurs. »

Compte tenu d’une telle attitude, pas surprenant que l’homme ait mérité une succession de prix Grande Distinction, Coup de cœur, Hommage et autres au fil des ans !

Invitation à la relève
Demetre Triantafyllou s’interroge cependant sur l’avenir de la restauration au Québec. « J’aimerais tellement que plus de jeunes se dirigent en restauration ! plaide-t-il. Depuis quelques années, on dirait qu’on n’en a que pour l’hôtellerie. La restauration, elle, se dirige vers une importante pénurie de main-d’œuvre. Il faudrait que la profession soit davantage reconnue, pour insuffler la passion du métier à la jeunesse. Les écoles hôtelières ont un grand défi devant elles : les jeunes ont besoin d’un boost pour avoir envie de devenir cuisiniers, maîtres d’hôtel ou sommeliers et ne pas se décourager avant d’y parvenir. Le plus beau cadeau que je pourrais avoir, ce serait d’entendre un jour des jeunes dire "Je veux aller en restauration" comme on les entend aujourd’hui dire "je veux être avocat"… »

La fibre de l’engagement
« Demetre a compris qu’un bon restaurateur ne se contente pas d’être à l’accueil de son établissement : ça se passe autant au resto qu’à l’extérieur, souligne l’éditeur de HRImag, Robert Dion, qui le croise régulièrement dans diverses activités de l’industrie. Qu’il s’agisse d’une rencontre d’envergure provinciale, régionale ou locale — Demetre va même aux ouvertures de restaurant pour y saluer ses compétiteurs — il est présent, il prend position et il passe de la parole aux actes. »

Parce qu’il y a « de la vie après le resto », Demetre consacre aussi une partie de son temps et de son énergie à l’engagement sociétal. Le Club Lions Québec L’Ancienne Lorette, le club Rotary, le Restolove de Moisson Québec, Enfant Soleil et le Carnaval de Québec sont des exemples d’organismes qui ont reçu bon accueil après avoir frappé à sa porte. « Bien souvent, ce sont des clients fidèles qui me demandent si je veux appuyer leur cause, précise-t-il. Je trouve que ma participation crée ensuite une belle complicité avec eux. Est-ce que tous ces engagements ont un impact sur ma vie personnelle ? Ça se peut, laisse-t-il tomber d’un ton songeur. En fait, je ne vais pas jouer au golf, je ne vais pas à la pêche ni à la chasse, mais je consacre du temps à des causes sociales. C’est un choix que j’ai fait, et j’en suis heureux. Je suis maintenant entouré d’une bonne équipe d’une soixantaine de personnes : je peux donc quitter un peu le resto pour le faire. Et si cela signifie que je devrai travailler le jour de mon anniversaire, qu’à cela ne tienne, car des clients viendront sûrement me souhaiter bon anniversaire, et cela me touchera au fond du cœur. »

Un cœur qu’il a bien grand…

 
 
Statistiques

Palmarès des restaurants de chaîne

Prospérité du côté des franchisés

 
6 septembre 2016 | Par François Pageau

La « franchise » est un modèle commercial qui permet une croissance rapide et qui implique l’utilisation d’un concept de restauration et d’un menu précis, mais ne permet pas d’exprimer la créativité personnelle des propriétaires. Le Québec assiste actuellement à une croissance de ces restaurants franchisés et à une décroissance du nombre de restaurants indépendants. Si l’on a cru par le passé que le secteur des franchises caractérisait surtout la restauration de l’Ouest du Canada et de nos voisins du sud, il faut maintenant reconnaître que cette réalité se transpose de plus en plus au Québec. Les franchises de restaurants font en effet bien partie du paysage québécois, et notre province joue un rôle de plus en plus important à l’échelle canadienne au chapitre des restaurants de chaîne.

Selon Restaurants Canada, le secteur de la restauration commerciale au Canada s’est accru de 2,0 % en 2015, pour atteindre 60 milliards de dollars de ventes, tandis que les ventes de l’ensemble de l’industrie (secteurs commercial et institutionnel) ont progressé de 4,1 %, pour atteindre 74,9 milliards. La croissance prévue pour 2016 du côté du secteur commercial est établie 3,5 %, soit à 62,1 milliards. Dans l’ensemble de l’industrie, les ventes devraient atteindre 77,5 milliards, soit une croissance de 3,5 %.

Les chaînes figurant au palmarès des 100 franchises les plus importantes de 2015 ont prospéré plus rapidement que l’ensemble du marché, leurs 22 961 unités réalisant une croissance de 5,6 % par rapport à 2014 et des ventes totales de 30 milliards, soit 50 % des parts de marché de l’ensemble de l’industrie canadienne de la restauration.

Au sommet du TOP100 canadien, Tim Hortons règne en s’appuyant sur des ventes de 7,4 milliards, suivi de McDonald’s (4,5 milliards) et de Starbucks, Subway, A&W et Boston Pizza, des chaînes qui affichent chacune des ventes supérieures à 1 milliard. Ces six entreprises majeures ont augmenté leurs ventes et leur nombre d’unités, sauf Starbucks (qui a fermé quelques restaurants) et Subway (qui a reculé dans ses ventes).

Source : Technomic

Au Québec, Les Rôtisseries St-Hubert occupent sans surprise la première place du classement (pourtant 13e à l’échelle canadienne) en obtenant des ventes de plus de 400 millions de dollars. Les chaînes Cora, Scores Rôtisserie, Bâton Rouge Steak House & Bar et Trattoria di Mikes forment le peloton de tête en ayant des ventes respectives de plus de 100 millions chacune. Ces six franchises cumulent des ventes de 985 millions (444 unités), soit près de 10 % des ventes du secteur de la restauration commerciale québécoise.

Les 43 plus importants franchisés en importance mentionnés au tableau suivant réunissent 2097 unités et cumulent des ventes de 2,4 milliards, soit environ 25 % du marché total québécois.

Une erreur s’est glissée dans la version imprimée de ce tableau. Voici la version corrigée qui correspond aux données fournies dans le rapport Technomic Top 200 Canadian Chain Restaurant
(Source : Technomic)

Les restaurants franchisés mènent une concurrence féroce aux restaurants indépendants. Avantagés par leur capacité d’innover et de s’adapter aux changements, par leur accès aux sources de financement, par leurs outils de gestion performants et surtout par leur notoriété qui suit la clientèle dans ses déplacements, ils s’approprient une part croissante de l’achalandage. Or, comme la fréquentation des restaurants est en baisse à l’échelle du Canada, les indépendants font face à une menace sérieuse devant ces géants de la restauration.

Les franchises sont toutefois aussi vulnérables aux fluctuations structurelles du marché et aux ambitions de consolidation de la concurrence. Certaines ont procédé à des acquisitions importantes en 2014, 2015 et 2016. Des entreprises québécoises ont participé activement à ces jeux d’acquisition. On ne peut pas ignorer les initiatives de Cara Operations, qui a attiré l’attention en faisant au printemps l’acquisition de la première chaîne québécoise de restaurants, Les Rôtisseries St-Hubert, afin de s’imposer encore plus sur le marché québécois. Cara Operations est déjà propriétaire des bannières Swiss Chalet (Chalet suisse) depuis les années 1950, East Side Mario’s et Kelsey’s.

On ne saurait non plus passer sous silence l’acquisition de Tim Hortons par Restaurant Brands International (Burger King) en août 2014. La première année terminée, ponctuée de controverses autour du siège social et de la stratégie fiscale de l’entreprise, a servi à rationaliser les coûts d’exploitation en éliminant plus de 1000 postes au siège social et à créer des synergies du côté des menus et des prix de vente. Dans la dernière année, l’entreprise a ouvert 155 restaurants et fermé 27 établissements non performants aux États-Unis.

Finalement, un événement important concerne la méga-entreprise montréalaise MTY, qui a à ce jour la mainmise sur 41 bannières et qui a récemment fait l’acquisition de Big Smoke Burger. MTY a dépassé le milliard en ventes en 2015.
Les consolidations du marché se sont poursuivies en 2015, et tout porte à croire qu’elles continueront en 2016. « Elles bénéficient aux actionnaires et aux haut-dirigeants de ces sociétés », estime Doug Fisher, consultant en services alimentaires de Toronto.

En fait, dans un marché en faible croissance et en maturité, la compétition se joue sur les parts de marché. Si les prix n’augmentent que légèrement, la concurrence vise essentiellement à attirer la clientèle. Or, cette dernière change radicalement, et l’offre des restaurants doit évoluer pour répondre adéquatement aux nouvelles attentes. Par exemple, Starbucks a lancé des boissons alcoolisées dans trois de ses restaurants canadiens. Par ailleurs, l’Internet recèle une foule d’outils de gestion et de promotion. Rien de bien nouveau en matière de stratégie, mais des bouleversements importants à anticiper à l’égard des menus, des ambiances et des modes de service, des modalités de paiement, de types de promotions, etc.
Le secteur des franchises joue donc un rôle important dans la dynamique de l’industrie de la restauration québécoise. Certains joueurs procèdent à des expansions, d’autres font l’objet d’acquisition. Chose certaine, l’achalandage et le chiffre d’affaires sont en hausse dans ce type d’établissements qui tire assez bien son épingle du jeu. Pendant ce temps, le secteur des restaurants indépendants subit des baisses du nombre d’établissements et d’achalandage, tout en souffrant d’une rentabilité anémique de façon chronique.

Le vent du changement continuera de souffler fortement sur l’industrie de la restauration québécoise, influencée par l’évolution de notre démographie, ainsi que par les nouvelles technologies et modes venant du monde entier. C’est la demande qui influence l’offre, et les restaurants qui sauront y répondre adéquatement seront les premiers à en bénéficier et à prospérer.

Note : Cette étude réalisée par Kostuch Media vise à présenter un survol le plus fidèle possible de l’industrie de la restauration canadienne. Des centaines de questionnaires ont été transmis par des chaînes de restaurants partout au pays afin de compiler le nombre d’unités et les ventes brutes au 31 décembre 2015. Précisons que les entreprises canadiennes présentent les ventes réalisées au Canada et à l’international, tandis que les entreprises américaines ne déclarent que les ventes réalisées au Canada. Depuis presque 50 ans, le magazine Foodservice & Hospitality produit le TOP100 et est considéré comme l’un des baromètres les plus fiables de l’industrie. Toutefois, les éditeurs mettent en garde les lecteurs : l’information produite n’est valable que dans les limites de la qualité de l’information transmise par les entreprises participantes. De plus, certaines données ont été estimées, faute d’avoir pu obtenir l’information précise de certaines entreprises. Merci à Mary Chapman de Technomic pour sa précieuse collaboration.

L’étude complète est accessible en version numérique à l’adresse suivante : foodserviceandhospitality.com

Une partie de l’information est tirée de l’article Stealing Share de Rosanna Caira, Foodservice & Hospitality (juin 2016, pages 23 à 28).

Source : Foodservice & Hospitality, juin 2016

 
f i i
© VRTKL.media (9405-7759 Québec inc.) 2012-2024 Tous droits réservés.
HRImag est un média francophone (site Web et magazine papier) qui offre de l'information de pointe sur l'industrie des HRI (hôtels, restaurants et institutions).






1
arrow_right
Semaine #49
2.06 %arrow_drop_up
0.10 %arrow_drop_up
5.76 %arrow_drop_up
De quoi s'agit-il ?
Cliquez ici