brightness_4
 

Opération « Gardiens de semences » : Entre plaisir et urgence

 
12 février 2019 | Par Marie-Ève Garon

Pour une deuxième année, l’opération Gardiens de semences aura lieu, elle qui a pour mission de ramener la biodiversité du champ à l’assiette et de soutenir les petits producteurs. Organisé par le biais de la plateforme de maillage Arrivage (anciennement CHEF514), l’événement réunira à nouveau semenciers, maraîchers, chefs et même certains épiciers afin de mettre de l’avant des variétés de semences rares, méconnues ou moins valorisées. « Selon la FAO, 75 % de la biodiversité a disparu et ce sont des chiffres très conservateurs, explique Thibault Renouf, initiateur du projet et fondateur d’Arrivage. Certains parlent plutôt de 94 %. »

Le mandat de l’organisme montréalais est de développer des réseaux de proximité, de faciliter la mise en relation entre les différents acteurs du secteur alimentaire (agriculteurs, pêcheurs, cueilleurs, etc.) et de favoriser la mise en marché sans aucun intermédiaire. « Arrivage est une plateforme qui permet de se connecter directement aux acheteurs : restaurants, épiceries et, bientôt, institutions », précise-t-il en confiant que le Restaurant de l’ITHQ sera de l’aventure cette année. Un partenariat de semences entre ce dernier et le Cégep de Victoriaville est d’ailleurs envisagé.

Suite à une première année couronnée de succès, l’équipe revient en force en visant une cinquantaine de jumelages voire même jusqu’à 75, comparativement à 14 en 2018. Bien que les chefs demeurent d’excellents ambassadeurs, les organisateurs souhaitent maintenant élargir la portée de leur message et rejoindre d’autres cibles. « C’est intéressant puisque l’ambassadeur (chef, épicier, transformateur) et le maraîcher deviennent des gardiens de la même semence. On a pu constater, lors de la première édition, qu’à travers ces relations, qui semblent plutôt aléatoires au départ, se tissent des liens forts entre des gens qui n’auraient pas forcément collaboré ensemble. » Certains restaurants de Québec prendront part à cette nouvelle édition pour éventuellement agrandir le territoire jusqu’aux régions. « On aimerait aussi inclure des semences autochtones. »

mail

Abonnez-vous à nos infolettres

Chaque semaine, recevez nos dernières nouvelles dans votre boîte courriel.

Un enjeu de consommation

L’opération s’inscrit dans ce désir de pallier le manque de diversification en remettant en terre des semences oubliées afin qu’elles puissent être cultivées et rentables pour des agriculteurs locaux et ainsi se rendre jusqu’aux consommateurs. « Les générations d’avant savaient adapter les semences selon les conditions spécifiques à un territoire, mais ce sont des savoirs qui n’ont pas vraiment été transmis dans les écoles. » Le travail des semenciers prend ici tout son sens puisqu’ils sélectionnent pour l’occasion plus de 200 variétés, dont plusieurs seront mises de l’avant par les ambassadeurs au cours de la saison. « Au-delà des enjeux environnementaux et des autres retombées positives liées à l’événement, l’objectif est d’avoir du plaisir ! »

L’idée derrière l’opération Gardiens de semences est en outre que la biodiversité soit mieux représentée dans les supermarchés. « IGA vendra notamment, cette saison, les produits parrainés. On s’est rendu compte que les épiceries souhaitent participer, entre autres, pour séduire leur clientèle qui se pose de sérieuses questions sur la qualité des produits et leur traçabilité. » Ultimement, Arrivage souhaite que l’épicier vende des fruits et légumes accompagnés systématiquement d’une description des producteurs qui les ont cultivés.

L’essence du goût

La question des semences est, ici comme ailleurs, une préoccupation majeure puisqu’en dépit du pourcentage élevé de disparition de la biodiversité, il est encore temps d’inverser le cours des choses en ce qui a trait au pourcentage restant. « Autant il y a de semences, autant il y a de formes, de couleurs et de goûts. Le message qu’on veut faire passer est celui-ci : toutes les carottes ne se valent pas, toutes les courges sont différentes. Dans le champ comme dans l’assiette, la standardisation nous a fait perdre beaucoup. On peut encore faire marche arrière, mais il faut agir maintenant ! »

(Crédit photo : Facebook / Gardiens de semences)

Pour suivre Gardiens de semences :

Mots-clés: Québec (province)
Chef
Restauration

À lire aussi !

f i i
© VRTKL.media (9405-7759 Québec inc.) 2012-2024 Tous droits réservés.
HRImag est un média francophone (site Web et magazine papier) qui offre de l'information de pointe sur l'industrie des HRI (hôtels, restaurants et institutions).






arrow_right
Semaine #16
5.74 %arrow_drop_up
0.02 %arrow_drop_up
5.00 %arrow_drop_up
De quoi s'agit-il ?
Cliquez ici