Mérici Collégial Privé crée une formation en gestion de courte durée
Parallèlement au diplôme d’études collégiales (DEC) en Gestion d’un établissement de restauration, Mérici Collégial Privé situé à Québec offrira dès cet automne une attestation d’études collégiales (AEC) en Gestion des opérations en restauration / Apprentissage en milieu de travail. D’une durée de 18 mois, cette formation s’adresse aux professionnels qui ont déjà des acquis mais souhaitent gagner en responsabilités.
Si l’établissement comptait 32 élèves en DEC lors d’années records, il en dénombre une douzaine ces dernières années. « Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas prêts à s’engager pour trois ans, rapporte Sébastien Bonnefis, coordonnateur et enseignant en Gestion en restauration. On a donc décidé de garder le diplôme, mais d’ajouter un autre diplôme deux fois plus court. »
Autre différence entre les deux diplômes : le DEC inclut une formation générale - français, philosophie, anglais et éducation physique - alors que l’AEC l’exclut. « La formation générale freine beaucoup de monde parce qu’en restauration, les gens travaillent fort et ont de bonnes idées, mais beaucoup n’aiment pas l’école. Passer à travers les 14 cours, pour certains c’est difficile et ça engendre du décrochage », explique le coordonnateur. Il espère attirer de nouveaux étudiants avec la nouvelle formation et ses 20 places disponibles.
Des études qui se veulent financièrement abordables
À cause de la pénurie de main-d’œuvre, les étudiants sont davantage sollicités au travail ou ont des offres professionnelles qui peuvent les inciter à quitter l’école. « Rapidement, ils vont plafonner et rester des exécutants, avertit Sébastien Bonnefis. Avec l’AEC, ils pourront avoir des responsabilités du côté des opérations, aussi bien en cuisine qu’en salle à manger, avec toujours l’aspect gestion en tête. »
Au coût de 5 700 $, la formation reconnaît les acquis. Par exemple, si un étudiant travaille depuis trois ans dans la cuisine d’un restaurant, le cours Réaliser les préparations culinaires pour faire la production pourrait lui être crédité. Il aura ainsi 90 heures de moins à passer à l’école et 900 $ de moins à payer lors de son inscription.
Les cours sont aussi condensés les trois premiers jours de la semaine pour que l’étudiant puisse garder son emploi en restauration. Il y validera d’ailleurs les compétences abordées à Mérici Collégial Privé. Le coordonnateur assure qu’à l’annonce de la nouvelle formation, la réponse des employeurs a été très positive : « Un étudiant qui retourne à l’école, c’est bon pour la rétention. Il va rester dans son entreprise plutôt que de butiner pour aller chercher 50 sous de plus par heure chez la concurrence. »
En se basant sur le DEC, il souligne l’intérêt des employeurs à garder ses élèves et les avantages financiers qui leur sont offerts, par exemple un salaire annuel de 58 000 $ ou encore le paiement rétroactif des études. Les étudiants peuvent en plus accéder à un crédit d’impôt sur l’apprentissage en milieu de travail.
Mettre de l’avant le réseautage
Les personnes intéressées par la formation mais sans employeur actuel peuvent s’inscrire et bénéficier de la liste de contacts de Mérici Collège Privé. Environ 45 restaurateurs ont fait part à l’établissement de leur intérêt à participer à la formation d’un étudiant. Ils pourraient en plus intervenir au cours des 18 mois pour cuisiner présenter une conférence. C’est le cas de La Tanière et des Botanistes, dont l’intérêt à mettre les aliments locaux en valeur fait le lien avec Aliments du Québec, qui collabore à l’AEC. À travers neuf conférences, l’organisme à but non lucratif abordera principalement l’approvisionnement. Le gaspillage ou encore les emballages seront également évoqués à travers un partage d’expérience et de contacts.
« On va travailler dans les deux sens, assure Sébastien Bonnefis. Par exemple, lorsque l’on va faire des tests de cuisson et comparer le poulet de la Ferme des Voltigeurs versus celui d’Argentine, si on remarque que souvent la perte à la cuisson n’est pas la même, on va le faire savoir à Aliments du Québec. Le prix, c’est une chose, mais le résultat final, c’en est une autre ! »
À la fin de l’AEC en Gestion des opérations en restauration, les étudiants auront la possibilité de s’inscrire à un deuxième AEC de 18 mois qui verra le jour à l’hiver 2024. Il s’agira de gestion pure - comptabilité, états financiers, budget, indicateur de performance - avec un projet qui ressemblera à un plan d’affaires, comme lors d’une création d’entreprise. Si l’AEC qui ouvrira cet automne requiert un minimum d’une année d’expérience, le suivant nécessitera un minimum de trois ans.
Redorer l’image de la restauration
Parmi ses étudiants, Sébastien Bonnefils indique que les plus jeunes gagnent 18$ de l’heure, tandis que la majorité reçoit entre 20$ et 30$ de l’heure. Si les restaurants gastronomiques ont la cote chez les jeunes, la pandémie a mis en lumière les résidences pour personnes âgées, restées ouvertes. « Quelques étudiants avaient des préjugés et s’attendaient à faire de la purée en poudre, mais pas du tout ! Ces établissements coûtent cher, donc ils servent de beaux plats. Les conditions ne sont pas les mêmes qu’en restauration : il y a les fonds de pension, les assurances, des horaires avec beaucoup de quarts de jour et une alternance pour les fins de semaine... La conciliation travail-famille est facilitée. »
Par ailleurs, le coordonnateur souhaite que l’image de la restauration soit redorée. « Il faut arrêter de dire que ce n’est pas payant, que c’est difficile... On donne la parole aux plus grandes gueules, qui parlent négativement de la restauration. Ils ne se rendent pas service et ils ne nous rendent pas service. Je ne comprends pas, ça devrait être des ambassadeurs. Il y a beaucoup de gens qui réussissent très bien, qui ont de bons revenus, mais qui n’osent pas le dire. Au Québec, ça paraît mal de dire qu’on fait de l’argent, sinon on nous soupçonne d’être croche... »