Main-d’œuvre : La restauration et l’hôtellerie s’en tirent mieux en région
La main-d’œuvre des hôtels et restaurants situés en milieux urbains est davantage touchée par la pandémie que celle des établissements situés en région, selon des études du Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT) parues en fin d’année. Ces industries s’inquiètent d’ailleurs de la capacité à réembaucher du personnel à la prochaine reprise des activités.
La désertion des centres-villes, la hausse du télétravail et l’absence de touristes étrangers a fait en sorte que 31 % des employés en restauration n’ont pas été rappelés au travail. Dans le domaine de l’hébergement, ce chiffre grimpe à 36 %. Les personnes toujours mises à pied étaient majoritairement embauchées dans les zones urbaines, et en premier lieu à Montréal, constate Sylvie Baillargeon, chargée de projet en recherche et analyse au CQRHT. De février à décembre 2020, les emplois en hébergement ont diminué de 51,9 %. Pour le secteur de la restauration, la baisse se chiffre à 37,4 %. « C’est énorme », réagit Sylvie Baillargeon.
Si le secteur de l’hôtellerie a roulé « quand même assez bien » l’été dernier en région, la reprise ne se fera pas de sitôt pour les établissements situés dans les centres-villes, croit la chargée de projet. Contrairement aux hôtels de région, qui ont vu des touristes débarquer des centres urbains, ceux de Montréal et de Québec ont peiné à convaincre les clientèles domestiques de réserver une chambre, notamment en l’absence de festivals. « Les hôtels sont très dépendants du tourisme d’affaires et international. Ça joue beaucoup dans la donne », illustre-t-elle.
Réorientation
Alors que la pénurie de main-d’œuvre se ressentait surtout au niveau des aides en cuisine avant la pandémie, l’industrie de la restauration devra également faire face à un manque de serveurs, qui sont les premiers à avoir perdu leur emploi avec la fermeture des salles à manger. « C’est probablement ceux qui se sont déjà tournés vers d’autres secteurs. Est-ce que ces gens-là vont revenir après la pandémie ? Ça va dépendre du type d’emploi qu’ils se seront trouvé, et si ce n’est pas plus avantageux », prédit Sylvie Baillargeon.
Selon elle, les restaurateurs qui ont décidé de continuer leurs opérations, même en se limitant aux commandes à emporter et à la livraison, auront moins de difficulté à recruter les employés dont ils ont besoin que ceux qui ont carrément fermé leurs portes. « Rappeler tout le monde, remonter les équipes, réapprendre l’ouvrage, ce n’est pas rien », indique-t-elle. La chargée de projet estime néanmoins que ce secteur reprendra plus vite que celui de l’hôtellerie, surtout en région. « L’été dernier, l’emploi dans la restauration a rebondi quand même rapidement une fois que le déconfinement est entré en vigueur », note-t-elle.
Retrouver les mêmes conditions
Entre 2015 et 2019, le secteur de la restauration a connu une croissance de 13 % en matière d’emploi, comparativement à 6 % pour l’ensemble des emplois du Québec. Sylvie Baillargeon s’attend toutefois à un essor qui ne sera pas aussi grand qu’avant la pandémie. Quant à l’hôtellerie, la difficulté de recruter du personnel dédié à l’entretien ménager qui primait avant mars 2020 persistera à la reprise des activités. Et comme l’industrie s’est retrouvée fragilisée, Sylvie Baillargeon estime que pour embaucher les hôtels devront évaluer leur capacité à offrir des conditions et des salaires compétitifs.
« Il faudrait que les gens puissent revenir et retrouver les mêmes conditions qu’ils avaient avant d’être mis à pied. La question est de savoir s’ils vont être capables de compétitionner les autres secteurs qui cherchent de la main-d’œuvre. Est-ce qu’elles vont être aussi bonnes qu’avant la COVID ? Je ne le sais pas… »
Pour suivre le CQRHT :
- Sur le web : cqrht.qc.ca
- Sur Facebook : Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT)
- Sur LinkedIn : Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT)