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Livraison et take-out : Quel avenir pour le zéro déchet ?

 
9 février 2021 | Par Delphine Jung
Crédit photo: Bistro Tendresse

Alors que les restaurateurs dépendent désormais des ventes à emporter et des livraisons, fini la vaisselle lavable et réutilisable : il faut composer avec des contenants jetables. Un coup dur pour ceux qui tentaient de limiter leur impact écologique. Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, indique que la masse de matière contenue dans les bacs de déchets a en effet augmenté de 20 % l’année dernière. « Cette augmentation est notamment liée à l’achat de nourriture à emporter ou en livraison », précise-t-il.

Dès son ouverture il y a deux ans dans le quartier du Village à Montréal, le bistro Tendresse avait pourtant mis un point d’honneur à réduire son empreinte écologique. « On remplit un sac poubelle maximum par semaine, raconte Catherine St-Cyr, l’une des copropriétaires. On réutilise aussi beaucoup les restes, pour faire des bouillons par exemple. Le zéro déchet est dans notre vision d’affaires. » Pour poursuivre sur leur lancée, malgré la pandémie et l’avènement de la livraison et des plats à emporter, il était donc évident pour les propriétaires du Tendresse de proposer des contenants plus écologiques.

Carton compostable

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Ça tombait bien : Marc-Antoine Coulombe, l’un des cofondateurs de l’établissement, travaille aussi pour l’entreprise Cambium, qui offre justement des contenants recyclables et compostables, dont des sacs, boîtes et tasses à café. « Le grand défi est d’offrir des contenants dans lesquels la sauce ne coule pas par exemple, mais qui soient aussi esthétiques », explique le copropriétaire. Les contenants que propose son entreprise se composent de carton non blanchi et de plastique fait à partir d’amidon de maïs, donc sans pétrole.

Marc-Antoine Coulombe indique avoir vérifié auprès de ses fournisseurs et des centres de tri que les produits étaient bien compostables. Cambium possède également la certification FSCC 22 000 (sécurité alimentaire) et la certification OK Compost selon le standard Example Compostability. Car si Karel Ménard souligne les efforts des restaurateurs pour limiter leur impact environnemental, il rappelle également qu’ils doivent absolument s’assurer que les contenants alternatifs qu’ils proposent sont acceptés par les centres de tri. « Même si tout est recyclable théoriquement, tout n’est pas toujours recyclé... »

Réutiliser plutôt que composter

Selon Karel Ménard, l’utilisation de carton recyclable reste préférable au compostable. Mais l’idéal est de proposer des contenants réutilisables, même s’il conçoit que cela peut demander plus de gestion pour les restaurateurs. C’est d’ailleurs ce que fait La Vague : cet organisme à but non lucratif propose une tasse réutilisable à 5 dollars, que les gens peuvent rapporter dans n’importe quel établissement membre (épiceries zéro déchet, restaurants, écoles et même hôpitaux). « Nos tasses voyagent un peu partout au Québec », lance Audrey Laliberté, responsable des communications à La Vague.

Cette solution n’a pourtant pas rencontré un franc succès au début de la pandémie, concède-t-elle : « Lorsque vous veniez avec votre propre contenant, les restaurateurs refusaient souvent de l’utiliser par peur d’être contaminés ». Toutefois, les choses commencent à bouger et l’engouement pour ce type de contenant semble repartir. C’est la raison pour laquelle La Vague a décidé, en collaboration avec Recyc-Québec, de travailler sur la production de nouveaux contenants réutilisables et consignés en plus de sa fameuse tasse.

Ne pas être dépendant des fournisseurs

Les restaurateurs ont tout intérêt à opter pour cette option, pense Audrey Laliberté. « Lorsqu’ils travaillent avec des fournisseurs de contenants à usage unique, ils deviennent dépendants de ces fournisseurs, et on a vu qu’en temps de pandémie l’approvisionnement peut fluctuer. Avec des contenants consignés, le restaurateur sera plus autonome », croit-elle. Karel Ménard souligne toutefois la complexité logistique et de gestion que peuvent entraîner les contenants réutilisables, surtout du côté des restaurateurs. Marc-Antoine Coulombe pense pour sa part que cette gestion est bonnement impossible avec la livraison via les plateformes comme Ubereats, Doordash et autres.

Mais qu’il s’agisse de contenants réutilisables, recyclables ou compostables, les clients sont réellement en demande d’options plus vertes, souligne Catherine St-Cyr du Tendresse, qui pense que les restaurateurs doivent prendre le pli. « Nous, on est un restaurant végane, alors nos clients sont d’autant plus sensibles à la cause environnementale, affirme-t-elle. Sur les différentes applications de livraison, on récolte parfois des étoiles juste pour nos efforts zéro déchet. »

Mots-clés: Québec (province)
Développement durable
Tendances
Restauration

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