Les salariés de Sofitel perdent leurs avantages sociaux avec la pandémie
Le Syndicat des Métallos (FTQ) a dénoncé dans un communiqué que les salariés de l’hôtel de luxe Sofitel à Montréal ont perdu tous leurs avantages sociaux « en raison de l’entêtement de l’employeur à conclure une entente à la suite de la pandémie » : « contrairement aux autres entreprises hôtelières, Sofitel refuse de conclure une lettre d’entente pour protéger les statuts d’emploi et l’ancienneté ».
À leur retour au travail pour la saison estivale, des travailleurs qui cumulent des dizaines d’années d’ancienneté se retrouveront avec un statut d’occasionnels et n’auront donc plus droit à un régime d’assurance, aux cotisations de l’employeur dans un REER, à plusieurs congés payés et à plusieurs autres avantages.
« Sofitel est le seul hôtel avec qui nous discutons qui a refusé de négocier une entente pour protéger les statuts d’emploi et l’ancienneté du personnel malgré la longue période de chômage, explique le vice-président de la section locale 9400, Jean-René Dumas, qui représente 4 000 membres dans le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. Partout ailleurs, on a travaillé ensemble avec les employeurs pour s’adapter à la situation exceptionnelle et aider à ce que les travailleurs aient les mêmes avantages à leur retour. Au Sofitel, les représentants de l’employeur ont fait preuve d’une rigidité qui va grandement compliquer le redémarrage des activités à un rythme normal. »
« Comme si on venait seulement d’être embauché »
Le statut de travailleur à temps plein, qui donne accès à la pleine gamme des avantages sociaux, s’acquiert après un certain nombre d’heures travaillées et en postulant sur un poste. Or, le chômage pandémique a fait perdre leur statut de temps plein à la majorité des travailleurs du Sofitel, qui sont passés non pas au statut de travailleurs à temps partiel (qui donne accès à une gamme moindre d’avantages) mais à celui d’occasionnels.
« Dans certains cas, cela peut prendre jusqu’à deux ans à ces travailleurs pour retrouver les conditions qu’ils avaient avant la pandémie, si l’employeur demeure fermé à toute entente », explique Jean‑René Dumas.
« J’étais fier de faire partie de cette équipe, de mettre de l’énergie dans mon travail, d’ouvrir l’hôtel à 4h du matin seul. Aujourd’hui, je me sens trahi, déplore Elyes Chaouch, cuisinier depuis 17 ans au Sofitel. On se retrouve devant rien ! C’est comme si on venait seulement d’être embauché. »
Le secteur de l’hôtellerie faisait déjà face à une importante pénurie de main-d’œuvre qualifiée avant la pandémie. « Cette attitude du Sofitel est insensée, alors qu’on sait que la pénurie fait encore rage et va devenir particulièrement grave lors de la reprise des activités, constate le président de l’unité syndicale locale, Luigi Vitale. Déjà, on avait du mal à trouver du personnel, mais voilà qu’on abaisse les avantages sociaux de la plupart des employés, cela n’aidera pas le retour du personnel... »
(Avec communiqué)