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Les restaurants appartenant à des Noirs prévoient une lente reprise

 
14 juillet 2021
Crédit photo: Black Restaurant Week

Lorsque la COVID-19 a commencé à se propager au Canada, Resa Solomon-St. Lewis a vu disparaître les activités de son entreprise alimentaire antillaise Baccanalle. En l’absence d’événements ou de mariages pour les repas, et avec les annulations de marchés fermiers et autres foires artisanales, 80 % des revenus de l’entreprise d’Ottawa se sont taris et, comme de nombreux autres propriétaires noirs de restaurants, Resa était inquiète pour l’avenir.

« Nous regardions nos activités existantes et pensions qu’elles ne survivraient pas, se souvient-elle. Je ne pense pas que des entreprises noires ou appartenant à des minorités s’attendaient nécessairement à ce que quelqu’un vienne à notre secours, pas moi en tout cas. »

Des entrepreneurs noirs affirment que ce sentiment est attribuable à des années de sous-financement et de défis supplémentaires dans une industrie connue pour ses faibles marges, sa rotation élevée de personnel et ses longues heures de travail. Ils soulignent que la pandémie a rendu les choses encore plus difficiles et prédisent qu’il pourrait s’écouler des mois, voire des années, avant qu’ils ne récupèrent les gains perdus, mais ils sont déterminés à ne pas laisser la crise sanitaire prendre le dessus.

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Black Restaurant Week

« Les propriétaires d’entreprise noirs ont du mal à accéder au capital même lorsqu’il s’agit de démarrer leur entreprise, et nous constatons donc souvent que les exploitants alimentaires, en plus de posséder des restaurants, démarrent avec une société de restauration ou en tant que camion de restauration, observe Warren Luckett, cofondateur de Black Restaurant Week, un événement torontois. Maintenant, l’une des choses les plus importantes que nous constatons est une pénurie de main-d’oeuvre, la capacité de trouver et de conserver une main-d’oeuvre de qualité. »

Il a lancé la Black Restaurant Week au Texas en 2016 avec les cofondateurs Falayn Ferrell et Derek Robinson, après que deux hommes noirs, Michael Brown et Alton Sterling, ont été tués lors d’altercations policières distinctes. Pour soutenir les entreprises noires, le trio a mis en place des périodes de dix jours pendant lesquelles les restaurants appartenant à des Noirs participants proposent des promotions. La plupart des restaurants ont vu leurs ventes augmenter de 15 % à 25 % et d’autres ont indiqué que cet événement s’était traduit par leur meilleure semaine d’activité.

800 000 travailleurs touchés

Restaurants Canada estime que plus de 800 000 travailleurs canadiens de l’industrie ont perdu leur emploi ou ont vu leurs heures réduites à zéro pendant la crise sanitaire. Le groupe de pression a indiqué qu’avec la réduction des subventions gouvernementales au loyer et aux salaires, ce mois-ci, la plupart des restaurants auront du mal à payer leur personnel et leurs fournisseurs, et qu’au moins la moitié d’entre eux devraient envisager de fermer leurs portes définitivement.

L’entreprise Kejjis, de Femi Folorunhso, participe à la Black Restaurant Week après avoir été durement touchée par la pandémie. « Les gens venaient généralement chercher de la nourriture pour le week-end ou pour une petite fête, mais lorsque la COVID a frappé, tout le monde a commencé à cuisiner à la maison, cela a donc simplement tué la portion des commandes de l’entreprise », explique M. Folorunsho, dont l’entreprise de Brampton, en Ontario, se spécialise dans la nourriture nigériane comme le riz jollof et les collations frites appelées chin chin.

Il a essayé d’être patient et de pousser davantage son service de plats à emporter, mais la pandémie a fait des ravages. « C’est stressant parce qu’on se réveille et on n’est pas sûr de gagner de l’argent », explique-t-il. Mme Salomon-St. Lewis connaît bien ce sentiment. « Ce n’est pas tellement dans notre nature de dire : "Oh, il doit y avoir une sorte de soutien quelque part", affirme-t-elle. On va essayer d’y arriver, on va essayer de prospérer et de survivre contre vents et marées. »

Une tendance au sous-financement

Des experts observent depuis longtemps que les entreprises appartenant à des Noirs ont tendance à être sous-financées et la recherche montre que plusieurs ont du mal à obtenir des prêts et d’autres financements. Il est difficile de quantifier le financement du capital-risque et du capital-investissement que reçoivent les entrepreneurs noirs au Canada, car de telles mesures sont rarement étudiées, mais les entrepreneurs et les investisseurs estiment qu’il est comparable à celui des États-Unis, voire pire.

Selon la plateforme d’information commerciale Crunchbase, moins de 1 % des 543 milliards $ US de capital-risque offerts aux États-Unis entre 2015 et 2019 a été attribué à des fondateurs noirs et afro-américains.

Pour maintenir son entreprise à flot, Mme Solomon-St. Lewis s’est concentré sur les plats à emporter et la livraison. Maintenant que l’Ontario a commencé à rouvrir, elle espère que d’autres sources de revenus reviendront, mais elle ne croit pas que son entreprise retrouvera un semblant de normalité avant au moins 2022.

De son côté, M. Folorunsho estime qu’il faudra deux ou trois ans à Kejjis pour récupérer ce qu’il a perdu pendant la pandémie, mais il commence à voir ses clients fidèles revenir et les réservations pour les mariages et autres rassemblements commencent à affluer. « Nous sommes prêts pour cela, déclare-t-il. Les gens nous tendent la main. Tout le monde est excité à l’idée de rouvrir et je suis heureux. »

(La Presse Canadienne)

Mots-clés: Canada
Restauration

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