Peter Mammas est un homme heureux. Celui qui s’est fait connaître en cofondant, à 22 ans à peine, la bannière Nickels dirige aujourd’hui le groupe Foodtastic. Et malgré une année et un contexte difficiles, ses affaires roulent. « Combien de restaurants compte le groupe ? 97. Ou 98. Je ne sais pas précisément, admet-il. Nous sommes en tout cas très proches de la barre des 100. Mais à mes yeux, ce n’est pas un objectif exact — juste un cap symbolique… »
Ce sont plutôt les données figurant dans la colonne des ventes annuelles qui retiennent l’attention du président et chef de la direction. « Un réseau fort n’est pas celui qui compte le plus d’établissements, mais celui qui enregistre les meilleures ventes », assure-t-il. Et sur ce plan, Foodtastic se renforce (très) rapidement : après avoir atteint au dernier exercice le cap des 200 millions $, il vise de franchir les 400 millions d’ici deux ans.
Espérer doubler ses résultats en 24 mois alors que la restauration mondiale traverse l’une des pires crises de son histoire pourrait passer pour de l’inconscience, voire de la pure folie. Peter Mammas préfère parler de « grand optimisme ». Fondé en 2016, Foodtastic, qui réunit des chaînes comme La Belle & La Boeuf, Souvlaki Bar et Au Coq, a évidemment été frappé de plein fouet par la pandémie. Mais si, à l’instar de tous les autres acteurs, le jeune géant a vacillé, il n’est pas tombé. Mieux : il a vite recouvré ses esprits. « La majorité de notre réseau est composée de restaurants qui se marient très bien avec une formule de livraison et de take-out, explique Peter Mammas. On a donc tout de suite réagi, on s’est adaptés. L’une de nos grandes forces, c’est qu’on réfléchit comme des restaurateurs. »
D’autres annonces, d’autres acquisitions
Solide et ingénieux, le groupe Foodtastic a, très tôt, repris sa marche vers l’avant. Début septembre, il annonçait ainsi le rachat de l’enseigne L’Gros Luxe et de la Rôtisserie de Joliette. « Lorsque la COVID a débarqué, on planifiait ouvrir 80 emplacements en 34 mois ; jusqu’à présent, on a eu trois annulations à peine, se réjouit le dirigeant. Tout est un peu retardé, bien sûr, mais rien ou presque n’est annulé. »
Sans citer de noms, l’homme d’affaires glisse qu’il y aura « très prochainement » d’autres annonces, d’autres acquisitions. Au Québec, certes, mais aussi ailleurs. « Pour grandir, il faut qu’on regarde en dehors de la province. On dispose actuellement de quatre emplacements hors Québec : un en Floride et trois en Ontario. On travaille beaucoup là-dessus. Toronto, notamment, nous intéresse. » Et si Foodtastic compte déjà plusieurs concepts bien distincts, le responsable estime qu’il pourrait étoffer son offre. « Il y a tellement de belles bannières, de beaux concepts ! Certains sont peut-être encore un peu gros pour nous, mais on ne sait jamais… »
En 2001, les frères Mammas mettaient la main sur l’enseigne Bâton Rouge. Six ans plus tard, ils la revendaient, métamorphosée, à Imvescor, pour plus de 40 millions de dollars. « J’aurais pu m’arrêter là : je n’avais sans doute pas besoin de continuer à travailler, sourit l’entrepreneur. Mais j’aime tellement ça ! Ma compagne m’a fait remarquer que je souris en partant au bureau. »
Dix jours après l’entrevue, Peter Mammas nous envoyait un courriel laconique. Dans ce court laps de temps, son groupe avait accueilli cinq nouveaux établissements. « On est rendus à 104 emplacements », écrivait le grand patron. Le cap — symbolique, donc — était franchi.
Peter Mammas est décidément un homme très heureux.
(Crédit photo : Gracieuseté Peter Mammas / Foodtastic)