Il y a les fervents du pain blanc, croûté ; le traditionnel, à l’abri des modes qui passent. Puis il y a les adeptes de nouveauté, ouverts sur ce que la planète offre en matière de pain à saveurs exotiques. Sans oublier ceux qui pensent et mangent « santé ». Chacun voudrait trouver son favori dans le panier que vous déposerez à leur table. Les boulangeries présentes au Québec proposent désormais une panoplie intéressante de pains préparés pouvant répondre aux goûts variés de vos clients, quelle que soit leur préférence en la matière… tout en vous épargnant un temps précieux.
La place du pain
Le pain fait partie intégrante de l’expérience vécue par les clients d’un restaurant. « Ça met en bouche tout de suite. Quand le pain est bon, on s’attend à ce que le reste soit à la hauteur », dit Éric Borderon, boulanger depuis 22 ans dans la ville de Québec et dont les tout premiers clients étaient des restaurateurs. Même si de plus en plus d’établissements optent pour des produits mi-cuits et précuits, les restaurants « nappe blanche » préfèrent encore le pain frais livré quotidiennement, comme le fait M. Borderon.
Plus à l’ouest, à Montréal, certains des 21 détaillants Première Moisson font aussi la livraison de produits frais aux restaurateurs de leur quartier. Les centres de fabrication, quant à eux, offrent leurs produits précuits surgelés dans le beigne métropolitain et les régions. Gilles Dion, directeur national des ventes chez Première Moisson, constate qu’une culture boulangère s’est installée chez les consommateurs québécois depuis la dernière décennie. Les voyages et l’immigration y sont pour beaucoup. « Cette nouvelle culture s’est transposée au secteur des HRI, et on constate de plus en plus la volonté des restaurateurs d’améliorer leur offre », explique-t-il.
Au Québec, contrairement aux autres provinces canadiennes, les chaînes sont beaucoup plus enclines à exiger des produits frais, et ce, même dans les chaînes de restauration rapide. « C’est un phénomène qu’on observe surtout ici. Nos clients apprécient le service, mais aussi la qualité des produits frais », précise Patrick Monty, directeur du secteur Services alimentaires chez Canada Bread.
Tendances boulangères
Qu’il soit frais ou surgelé, quelques tendances régissent le petit monde du pain. Dans le cadre du salon Europain, qui se tiendra du 3 au 7 mars 2012 à Paris, une étude a été menée à ce sujet. Force est de constater que les boulangeries d’ici s’inscrivent très bien dans ces courants ! À vous d’en juger dans les pages qui suivent.
Qualité et innovation
Les clients sont plus flexibles et curieux qu’il y a quelques années. Même si la baguette blanche demeure la variété de prédilection pour une grande majorité d’entre eux, on voit une quantité grandissante de gourmets volontaires quand vient le temps de goûter de nouvelles saveurs. Ils sont de plus en plus exigeants ; pour que le pain soit bon, les ingrédients doivent être d’une qualité irréprochable.
On dénote une tendance à adapter le pain à l’utilisation que l’on prévoit en faire et de l’accorder au mets qu’il doit accompagner. Chez Ace Bakery, on a constaté, par exemple, que les restaurants italiens aiment particulièrement se procurer des focaccia et du pain aux olives, offerts dans sa section de produits surgelés. « Certaines de nos recettes ont été conçues à la suite des demandes particulières de restaurateurs », se rappelle Linda Haynes, cofondatrice de Ace Bakery.
Les pains s’accordent aussi au menu. Par exemple, le pain aux olives est très populaire auprès des restaurants italiens.
Photo : © Ace Bakery
Aujourd’hui, les techniques actuelles et le matériel innovant permettent d’obtenir un résultat optimum en conservant les valeurs ancestrales de l’art de la panification, selon un principe appelé “rétro-innovation”.
— Étude sur les nouvelles tendances du marché de la boulangerie-pâtisserie, syndicat Ekip
Le pain a beau être consommé depuis plusieurs milliers d’années, rien n’empêche qu’en 2012, il sait profiter des nouvelles technologies et du nouveau matériel plus polyvalents, flexibles et efficaces. En s’appuyant sur de nouvelles technologies, les boulangers pourront désormais réaliser toutes sortes de cuissons, peu importe l’ordre ou la cadence, en optimisant la gestion des énergies.
Beau, bon et bio
Alors que la tendance bio a rapidement gagné du terrain dans les boulangeries de détail et chez les boulangers artisans, le pari devra maintenant être relevé chez les industriels du pain.
Chez Première Moisson, on s’est engagé dans la fondation d’une meunerie qui lui fournit une farine faite exclusivement de blé québécois, cultivé sans intrant chimique. La meunerie Les Moulins de Soulanges travaille donc en étroite collaboration avec l’entreprise familiale de Liliane Colpron, fondatrice de Première Moisson. « Nos produits se distinguent ainsi du reste du marché ; ils sont québécois et écologiquement responsables », raconte Gilles Dion avec fierté.
Le pain de grains germés bio de Première Moisson s’inscrit complètement dans les tendances boulangères actuelles.
Photo : © Première Moisson
Si les premières boulangeries de type industriel ont vu le jour en France vers 1836, l’origine de la fabrication du pain remonte, quant à elle, à plusieurs milliers d’années. Les historiens évaluent que les premiers pains plats (de type tortillas ou naan) trouveraient leurs origines il y a plus de 30 000 ans !
— Source : Conseil de la boulangerie du Québec
Photo : © Artisan Eric Borderon
Mais attention, le bio reste encore un produit qui a son prix. Son gros prix, doit-on préciser. Selon Éric Borderon, très peu de restaurateurs sont prêts à assumer la différence. « Pour ma part, dans mes produits destinés à la restauration, j’utilise une farine transitoire dont le prix est plus acceptable. C’est-à-dire qu’avant d’être certifié bio, le blé doit être cultivé au moins quatre ans sur une terre exempte de tout intrant chimique. La farine transitoire est obtenue avec ce blé. »
Production industrielle, qualité artisanale
Bien que plus exigeants sur la qualité du pain qui leur est servi, les consommateurs ne sont pas tous clients de restaurants « nappe blanche ». Dans la grande majorité des établissements québécois, le prix est encore un critère décisif au moment de faire une sélection. « La demande pour des produits d’apparence artisanale mais à prix de gros est à la hausse, raconte Patrick Monty. Chez Canada Bread, nous pouvons arriver à cet équilibre grâce à notre réseau de distribution. »
Quelques défis se posent pour les gros producteurs de produits précuits ou mi-cuits. « La croûte doit tenir lors de la décongélation, et la structure de pâte doit permettre d’obtenir une haute qualité gustative », prévient-on dans l’étude d’Europain. Même son de cloche chez Mario Fortin, consultant international en boulangerie chez FORMA-LAB. « Dans le cas de produits surgelés, il est primordial de bien lire les consignes de cuisson et de les respecter. Trop souvent, certains restaurateurs ne cuisent pas suffisamment longtemps le pain mi-cuit et il est servi alors que la croûte n’est ni reformée, ni colorée », rappelle-t-il.
La santé est dans le pain
Manger santé, c’est le nerf de la guerre à notre époque ! Comment se permettre de manger ce si bon pain, sans sacrifier les bonnes résolutions ? Les pains d’aujourd’hui se doivent donc d’allier les notions de plaisir et de santé pour que les consommateurs se permettent de succomber.
Frais ou surgelé, chacun ses avantages
Produits frais : livraison quotidienne, ne nécessitent pas d’espace d’entreposage, des produits de très grande qualité cuits à la perfection, ne nécessitent pas de manipulation en cuisine autre que pour les trancher, possibilité de faire mettre au point une recette exclusive.
Produits surgelés : flexibilité quant aux quantités cuites en fonction des besoins du jour, rectification rapide si les besoins augmentent de façon inattendue, moins de perte, prix moins élevés que pour les produits frais, procurent un pain « cuit du jour ».
Des termes qui évoquent la qualité artisanale : campagnard, rustique, artisan, paysan, de campagne, cuit sur sole, etc.
Photos : © La Danoiserie
Les restaurateurs québécois reçoivent une clientèle de plus en plus ouverte, qui a voyagé et goûté aux saveurs du monde. Les variétés d’origine étrangère, telles le Pain Turc, plié, proposé chez La Danoiserie, voient monter leur cote de popularité.
Photo : © La Danoiserie
La popularité des restaurants à déjeuner a incité certaines boulangeries, comme Canada Bread, à élaborer des pains de spécialité destinés à ce type d’établissement. Ils sont tranchés plus épais ou comportent des garnitures différentes (maïs, avoine, etc.).
Photo : © Canada Bread
Les nouveaux standards quant aux quantités de sodium, de gras saturés et de fibres sont bien connus des consommateurs. La nouvelle gamme Simplement Santé de La Danoiserie répond justement à cette tendance. « Nos pains à sandwichs respectent toutes les nouvelles normes en matière de santé, ou les dépassent », confie Jesper Jonsson, propriétaire de La Danoiserie.
Le multigrain a supplanté le pain de blé dans le panier à pain, mais la baguette blanche demeure la plus populaire.
Photo : © Première Moisson
Au comptoir à sandwichs de la cafétéria de l’UQAM, Guillaume Boucher, chef de production pour les services alimentaires, constate depuis un peu plus d’un an l’augmentation de la demande pour les pains multigrains. Même constat chez Première Moisson, où on doit régulièrement répondre aux demandes des clients en quête des listes d’ingrédients. « Dans la corbeille à pain, le multigrain a pris le dessus sur le pain de blé », constate Gilles Dion.
Photo en tête d’article : © Première Moisson