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La restauration subira la plus forte hausse de taxe sur l’alcool en 40 ans

 
27 mars 2023
Crédit photo: Amie Johnson / Unsplash

Le secteur canadien de la restauration se prépare à la plus forte augmentation des droits d’accise sur l’alcool au pays en plus de 40 ans. La taxe fédérale sur les boissons alcoolisées doit augmenter de 6,3 % le 1er avril. Elle risquerait d’entraîner la fermeture de certains bars et restaurants.

« Toute augmentation en cette période très vulnérable pour notre secteur n’est qu’un autre coup dur, a réagi Brenda O’Reilly, propriétaire de plusieurs restaurants et d’une brasserie à Saint-Jean de Terre-Neuve, à la Presse Canadienne. C’est comme une mort par mille coupures. »

La restauration a déjà fait face à de nombreuses difficultés, dont les confinements, la pénurie de main-d’œuvre, les enjeux d’approvisionnement et la flambée des coûts. Et la forte inflation a entraîné une atténuation de la demande : certains consommateurs préfèrent rester chez eux pour économiser de l’argent.

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« Plusieurs d’entre nous ne se sont pas remis de la pandémie, et maintenant ils veulent augmenter cette taxe, a poursuivi Brenda O’Reilly. Nous allons voir plus de fermetures de restaurants si cela continue. »

Le triple de la hausse habituelle

Les droits d’accise sur l’alcool sont imposés à la fabrication et ajustés annuellement en fonction de l’inflation. Bien que le droit soit distinct des frais des régies provinciales des alcools et des taxes de vente, il finit par se répercuter sur les prix pour les consommateurs, a expliqué CJ Hélie, président de Bière Canada, à La Presse Canadienne. « Il est imposé au point de production et payé par le fabricant, ce qui signifie qu’il est intégré au prix du produit et amplifié tout au long de la chaîne d’approvisionnement, du distributeur au détaillant. »

L’augmentation annuelle automatique des taxes est un irritant de longue date pour l’industrie des boissons alcoolisées, mais elle était jugée plus « digeste » lorsque l’inflation était d’environ 2,0 %, a fait savoir le président. L’ajustement de cette année représente plus du triple de l’augmentation habituelle, et selon lui, il devrait être reconsidéré compte tenu de l’état de l’industrie.

« Lorsque l’inflation défonce le plafond, nous devons repenser cette formule automatique, a estimé CJ Hélie. Le secteur est déjà dans une situation désespérée. Utiliser une formule rigide à une époque comme celle-ci est inacceptable. »

Impact sur la demande

Certains brasseurs peuvent essayer d’absorber les coûts plus élevés en reportant leurs plans d’investissement comme de nouvelles embauches, mais le président croit qu’il n’y a pas tant de possibilités avant de répercuter la hausse des taxes : « Ils essaieront de récupérer ce qu’ils peuvent avec les prix de gros, mais cela pourrait avoir un impact sur la demande et finir par leur coûter, de toute façon, des volumes de ventes inférieurs. »

L’augmentation du mois prochain équivaut à moins de 1 cent sur une canette de bière, a indiqué Adrienne Vaupshas, attachée de presse de la ministre des Finances Chrystia Freeland, dans un courriel à La Presse Canadienne. Sur un litre de vin, le taux du droit d’accise passe de 0,688 $ à 0,731 $, soit un peu plus de 4 cents, selon les chiffres fournis par l’Agence du revenu du Canada. Pour une bouteille de vin de 750 ml, l’augmentation serait plus proche de 3 cents.

Le groupe industriel Restaurants Canada a souligné que cela coûterait à l’industrie canadienne de la restauration environ 750 M$ par an, le restaurant décontracté moyen devant payer 30 000 $ de plus pour l’alcool.

Un secteur en difficulté

« Notre secteur est en difficulté et nous ne pouvons pas absorber d’autres augmentations, a fait valoir Olivier Bourbeau, vice-président aux affaires fédérales chez Restaurants Canada, à La Presse Canadienne. Les marges des restaurants sont toujours minces, mais en ce moment, elles se situent autour de 2 % à 3 %. »

Un récent sondage de Restaurants Canada a révélé qu’environ la moitié des restaurants titulaires d’une licence au Canada fonctionnent tout juste au niveau de la rentabilité, ou en dessous. Cela s’explique notamment parce que les restaurants absorbent une partie des coûts plus élevés attribuables à l’inflation, a expliqué Olivier Bourbeau.

Alors que les prix des produits vendus en épicerie ont enregistré une augmentation de 10,6 % d’une année à l’autre en février dernier, les prix des aliments au restaurant n’ont augmenté que de 7,7 %, selon les données de Statistique Canada. En outre, les prix des boissons alcoolisées achetées dans les magasins ont augmenté de 6,0 % en février dernier, tandis que ceux des boissons alcoolisées servies dans les établissements licenciés n’ont augmenté que de 4,3 %, a indiqué l’agence.

(La Presse Canadienne)

Mots-clés: Canada
Lois, règlements et permis
Restauration

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