Par Valérie R. Carbonneau
Architecture, aménagement intérieur, musique de fond, personnel... bien entendu, pour qu’un établissement soit qualifié d’accueillant, plusieurs facteurs sont à considérer. Et l’éclairage n’y échappe pas ! Tel le chef d’orchestre au sein de l’harmonie, l’éclairage donne le ton et l’ambiance à l’établissement.
Ampoules fluocompactes, rangées de lumières encastrées au plancher, chandeliers aux murs, plafonniers, chandelles, lampions, lampes de table... Autant de choix que de goûts ! Maintenant, quel éclairage choisir ? En effet, cela dépendra du type d’établissement qu’on exploite. D’abord et avant tout, il faut connaître l’effet escompté, c’est-à-dire l’ambiance que l’on recherche. Bien sûr, le monde de l’éclairage a lui aussi été frappé par le vent écolo qui souffle sur l’Occident depuis quelques années. Alors, pourquoi ne pas réduire sa consommation en énergie et ses coûts en alimentation du même coup ?
Photo : © Hollowick/Contour
La tendance de l’heure
L’éclairage de table est roi et maître. Nos intervenants sont unanimes. Bien qu’il ne soit pas nouveau pour l’industrie, plusieurs restaurants l’ont apprivoisé et prétendent qu’il améliore à lui seul l’expérience.
« Le style de lampe qu’on choisira ajoutera juste une touche d’élégance et d’ambiance à la pièce. Il doit y avoir un niveau suffisant de lumière ambiante pour servir le client, mais l’éclairage de table n’est pas destiné à « éclairer » une pièce. Il s’agit plutôt d’une plus-value à l’expérience culinaire », explique M. Mike Cleveland, directeur des ventes pour les produits Hollowick, dont la spécialité est l’éclairage de table. Tantôt, on choisira une lampe de style contemporain, tantôt, ce sera celle faite de cristal qui nous donnera l’effet désiré. Toutefois, les styles classiques de base restent des valeurs sûres.
Des produits novateurs font aussi leur entrée sur le marché. Par exemple, des lampes à diode électroluminescente (DEL) rechargeables sans fil. Tandis que pour certaines lampes de table, trois heures de charge donneront jusqu’à 31 heures d’autonomie de lumière, d’autres peuvent être rechargées jusqu’à 1 000 fois ! Dans chacun des cas, le client fait des économies substantielles sur la facture d’électricité.
Ancien restaurateur, M. Skafidas est aujourd’hui propriétaire de KGB Decor-for-u et importe justement ce type de produit. Il rencontre individuellement ses clients pour présenter ses produits et établir lequel répondra le mieux aux besoins de l’établissement. Par exemple, lorsqu’un restaurant souhaite continuer d’utiliser ses bougeoirs, il recommande de remplacer les bougies de cire, ou à l’huile, par de petites chandelles à pile rechargeable (les mêmes que celles des téléphones intelligents), beaucoup plus économiques. « À l’hôtel W, au centre-ville de Montréal, ils font plus de 1 000 $ d’économies par mois depuis qu’ils utilisent ces dispositifs, précise M. Skafidas. Certains modèles clignotent même comme une flamme réelle ! »
Aux clients qui préfèrent ne manipuler qu’un seul morceau, les lampes de table offrent aujourd’hui de multiples possibilités et design. Certains modèles permettent même de moduler la couleur de la lumière et sont munis d’une télécommande. Avec aussi peu que trois heures de charge, elles procureront jusqu’à 31 heures d’éclairage. Les manipulations sont donc bien moindres qu’avec les traditionnels lampions qui doivent être allumés, éteints et remplacés quotidiennement.
Pour créer un effet visuel intéressant sur son bar, ce restaurant Bâton Rouge utilise les lampes de table rechargeables de KGB Decor-for-u, en y insérant un liquide effervescent de couleur.
Photo : © KGB Decor-for-u/KGB-TB01
« L’éclairage peut avoir une incidence directe sur le client, le produit et l’espace. S’il est bien conçu, il apporte une valeur ajoutée qui participe certainement à la réussite de l’établissement. »
L’utilisation d’une table de recharge mobile permet encore davantage de gain de temps.
Les éclairages InMood Lighting sont des lumières qui changent de couleur et clignotent comme une chandelle selon trois niveaux d’intensité. On les utilise à l’intérieur comme à l’extérieur avec une télécommande. Elles peuvent même être plongées dans l’eau !
Photos : © KGB Decor-for-u
Design 101 : les critères à considérer
Pascale Vaillancourt travaille toujours avec deux types d’éclairage : l’éclairage d’accent et l’éclairage d’ambiance. Dans les deux cas, ce qu’on doit surtout retenir, c’est qu’il faut toujours faire appel au gradateur de lumière, explique la présidente, designer et gestionnaire de projets chez CDID Design, dans le Vieux-Montréal. Avec le rhéostat, on peut jouer avec l’intensité, tamiser selon l’heure du jour et ainsi éliminer tout ce qui est phosphorescent. Au resto comme à l’hôtel, la lumière est un excellent moyen d’aller chercher une atmosphère. On recommandera donc aux gens du milieu d’équiper la salle à manger, le lounge ou le bar avec des ampoules DEL ou halogènes. Mais, Mme Vaillancourt ne le répétera jamais assez : on n’a pas besoin de beaucoup de lumière. Une fois que tout est en place, on doit simplement choisir ce qu’on veut mettre en valeur et jouer avec l’intensité de la lumière. Bref, on veut éclairer ce qui est beau à voir.
D’abord, comme les gens sont assis deux bonnes heures, l’éclairage doit être intéressant pour les yeux. On incorporera donc au décor et à l’architecture un éclairage d’accent qui mettra en valeur un tableau, une sculpture, un aquarium... Comme l’éclairage ne vient pas d’en haut, il ne crée pas d’éclat ni d’ombres portées. La lumière diffuse vient jouer avec les textures, le relief et mettra en valeur une mosaïque ou un meuble antique, par exemple.
« L’éclairage contemporain est toujours ajustable. On choisira la DEL comme source d’éclairage à placer sous le meuble antique, pour créer des alcôves linéaires au plafond ou au mur. La DEL procure un éclairage dissimulé qui donne l’impression que l’objet qu’on éclaire flotte. »
Quant à l’éclairage d’ambiance, la designer d’intérieur suggère elle aussi les lampes de table : des lampions de cire ou à pile qui viendront créer ce qu’elle appelle une « échelle humaine » : un éclairage plus doux, plutôt diffus qu’intense, qui vient rehausser les traits du visage. Par exemple, on peut aller chercher un effet de lumière intéressant en déposant sur chaque table un vase en verre à l’intérieur duquel on aura inséré une orchidée et une source quelconque de lumière...
« Dans un resto, on veut du mystère, du drame... En variant les degrés de luminosité et en disposant des sources de lumière de manière aléatoire, par exemple. »
— Pascale Vaillancourt, CDIDDesign
Le mur de chandelles du Château Bonne Entente
Au Château Bonne Entente, hôtel magnifique et contemporain situé à Québec, on a fixé au mur de pierre du MC Lounge des petites bases de bois sur lesquelles on a déposé dix chandelles. Le principe ? On insère, à l’intérieur de ces chandelles en PVC dénichées dans la section « produits d’église » d’une compagnie de San Francisco, un contenant de plastique recyclable avec de la paraffine et une mèche pour donner un look plus réel. Le Château recommande ces chandelles à ses homologues hôteliers, car elles sont toujours de la même hauteur, toujours propres et tellement faciles d’entretien : une fois la chandelle éteinte, il suffit de changer le contenant de plastique !
Les fines bouches peuvent ainsi siroter l’apéro dans un espace de détente à l’ambiance feutrée avant de s’attabler au réputé restaurant de fine cuisine, Monte Cristo l’Original. En plus d’aimer l’intimité qu’elles procurent, les clients apprécient aussi le fait qu’elles dégagent moins de chaleur.
« Emballés par l’effet qu’elles produisent, les clients nous demandent d’ailleurs souvent où l’on peut se les procurer pour ainsi recréer la même ambiance dans leur salle à manger, leur salon ou leur chambre. Un éclairage aux chandelles est tellement plus romantique, plus relaxant », pense Pascale Banville, directrice des relations publiques au Château.
Photos : © Château Bonne Entente
Photo en tête d’article : © Hollowick/Zen