L’Atelier de Joël Robuchon déchaine polémiques et passions
L’ouverture, mercredi dernier, de l’Atelier de Joël Robuchon Montréal continue de faire couler beaucoup d’encre. La venue au Québec du chef le plus étoilé de la planète a évidemment attiré journalistes et caméras et rares sont les professionnels qui remettent en doute les compétences de celui qui fut désigné « Cuisinier du siècle » en 1990.
Si l’univers de la restauration conteste et proteste, c’est principalement à cause de la décision d’installer l’Atelier au sein-même du Casino de Montréal. Et la polémique ne date pas d’hier : en avril … 2015, HRImag détaillait le futur projet montréalais du chef Robuchon et soulignait les inquiétudes que celui-ci provoquerait – inévitablement – parmi les restaurateurs de la métropole. « Comme les deniers publics financeront très certainement la présence de cette entreprise, les propriétaires de restaurants nappe blanche qui peinent déjà à attirer des clients dans le contexte économique actuel pourraient y voir une concurrence déloyale. »
Quelques semaines plus tard, dans un billet intitulé « Protectionnisme 101 », l’éditeur du magazine, Robert Dion, lançait : « Nous avons perdu une bonne occasion de faire la promotion de notre culture alimentaire et d’encourager nos cuisiniers d’ici. S’il souhaite s’attaquer au marché québécois, que M. Robuchon se batte à armes égales contre les Laprise, McMillan, Godbout, Pelletier et autres, sans être subventionné par l’État… dans un marché où le milieu gastronomique est déjà fragilisé. »
L’inauguration ultra-médiatisée de la semaine dernière a bien évidemment relancé le débat. Les flèches les plus aiguisées ont été décochées par la critique du Montreal Gazette, Lesley Chesterman, qui dénonçait une « décision de colonisés ». « Bienvenue au Québec, une province qui subsidie un chef français à grands coups de millions pour torpiller nos restaurateurs surtaxés », résumait-elle, en anglais, sur son compte Twitter. Un message rapidement partagé et commenté par des dizaines d’internautes.
Dévoilé par Eater à quelques heures de l’ouverture officielle de l’établissement, le coût de la vaisselle et de la coutellerie, commandées en Europe, ajoutait à la colère de nombreux professionnels québécois. Dans les colonnes du Devoir, David McMillan, propriétaire du Joe Beef, regrettait par exemple que « la société Loto-Québec ait investi dans un concept français plutôt que de faire la promotion des restaurateurs québécois ».
Par la voix de son vice-président, l’Association des restaurateurs du Québec dénonçait à son tour cette forme de « concurrence déloyale » pour les grandes tables montréalaises. François Meunier soulignait ensuite, toujours dans Le Devoir, que « les restaurants privés du Québec ne bénéficient d’aucune subvention pour mener à bien leur entreprise ».
Fortement sollicité, le responsable des relations publiques de la société d’État, Patrice Lavoie, rappelait, à qui voulait l’entendre, que le chef de l’Atelier, Éric Gonzalez, est Québécois et que le menu mettra à l’honneur le patrimoine culinaire local.
Sans doute bien insuffisant pour calmer les esprits.
(Crédit photo : Aurélien Godet / Atelier de Joël Robuchon)
Sur le même sujet : Joël Robuchon : « Le Québec ? Des produits de qualité, des chefs exceptionnels »
L’Atelier de Joël Robuchon , 1, avenue du Casino, Montréal :
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