Hôtel-Musée Premières Nations : un positionnement de destination
Place de la Rencontre à Wendake, l’Hôtel-Musée Premières Nations accueille à la fois une clientèle autochtone et des touristes en quête de connaissances et de quiétude. L’établissement fait figure de référence au Québec et au Canada.
L’architecture rappelle la maison longue. Lorsqu’on est rendu à l’Hôtel-Musée Premières Nations, on ne peut pas se tromper. Dans le hall d’entrée, les peaux de bêtes et le savoir-faire artisanal autochtone tapissent les murs. La cheminée centrale apporte une chaleur appréciable à proximité du bar. Derrière le foyer, une immense baie vitrée donne sur un bois cachant le tumulte des rapides de la rivière Akiawenrahk en ce début d’automne.
Situé dans la communauté wendat, adjacente à la ville de Québec, l’établissement entend défendre les peuples autochtones et leurs traditions. Avec un besoin d’hébergement dans la région et au sein de la communauté, l’hôtel ouvre ses portes en 2008 et compte aujourd’hui 79 chambres et suites après un agrandissement en 2022. « Pour les festivités Pow-wow notamment, le Conseil de la nation y était favorable en étant aussi un support pour le tourisme local », explique Marc Ruest, le directeur général de l’établissement.
Sentiment d’appartenance
En plus de l’hébergement, l’hôtel abrite un musée, avec des expositions toute l’année, faisant vivre l’histoire et le patrimoine de la communauté wendat. D’abord en lien avec l’hôtel, l’administration du musée a été séparée. À proximité du stationnement, la reconstitution d’une maison longue permet aux visiteurs et aux clients de l’hôtel d’approfondir leurs connaissances s’ils le désirent avec des visites guidées à la demande.
L’engagement envers le personnel est une priorité avec, pour le moment, 45% d’employés autochtones, qu’ils soient issus du peuple wendat ou d’ailleurs au Québec. « On veut que notre modèle d’affaires soit cohérent et qu’il y ait un vrai sentiment d’appartenance », soulève-t-il.
Dans cette perspective, l’aide sociale et communautaire prend pleinement sa place. La Fondation Nouveaux Sentiers, qui soutient les jeunes des Premières Nations au Québec « dans leur mieux-être », est un partenaire clé de l’établissement. Des initiatives et des événements sont portés au profit de l’organisme. « Des gestes individuels et spontanés du personnel sont aussi fréquents comme des collectes de vêtements, de nourriture, etc. On essaye le plus possible d’être impliqué positivement pour la communauté », explique Pierre-Luc Xavier, le directeur de la restauration. Sur certains produits vendus à la boutique de l’hôtel, une partie est reversée à la fondation.
« On va toujours prioriser un fournisseur Premières Nations quand c’est possible que ce soit au Québec ou dans d’autres provinces », tient également à souligner Pierre-Luc Xavier, qui travaille avec des fournisseurs des Premières Nations pour le vin et le saumon notamment.
Pour la nouvelle cheffe exécutive, Anora Lia Collier, qui vient d’arriver depuis trois semaines au sein de l’équipe, c’est aussi montrer aux clients la belle réalité des communautés autochtones et « pas seulement ce que l’on voit dans les médias trop souvent ».
« Belle stabilité » financière
Avec l’appui d’Anora Lia Collier, cheffe autochtone issue de la communauté wendat, qui vient ajouter une cohésion à l’ensemble de l’offre hôtelière, l’établissement souhaite augmenter sa plus value et se démarquer. « Je vais essayer d’aller chercher le côté culturel et de mettre à profit mes connaissances pour les intégrer dans les recettes », se targue la cheffe. « C’est la pièce qui manquait », note Pierre-Luc Xavier.
Au-delà du travail sur la cohérence de l’offre avec les valeurs portées par l’hôtel, l’établissement gère ses finances. « L’hôtel voit clair, nous avons une belle stabilité financière », témoigne Marc Ruest.
« Si d’autres hôtels autochtones dans l’Ouest canadien existent, ils ont souvent intégré des casinos », souligne Marc Ruest. Ici, il n’en est pas question, soutient le directeur qui ne souhaite pas attirer ce type de clientèle. « Si l’on est respecté à travers le Canada, si l’hôtel est devenu une destination, c’est bien justement par le respect de la culture autochtone et la qualité de l’hébergement », défend-il.
Mercredi prochain, Anora Lia Collier proposera un nouveau menu au restaurant gastronomique La Traite, rempli de produits des récoltes du calendrier wendat. Alors que l’offre hôtelière est pléthorique dans la région de Québec, en venant à Wendake, « les communautés autochtones viennent nous encourager. Le québécois et l’européen viennent apprendre ».
Photos : Bastien Durand