Heures d’ouverture étendues : une bonne idée pour les professionnels des bars ?
L’idée d’étendre les heures de vente légales d’alcool pour une consommation sur place dans certains secteurs de Montréal suscite des réserves auprès des propriétaires de bars.
Si certains se demandent s’il vaut vraiment la peine de garder leur établissement ouvert pendant toute la nuit, d’autres se demandent combien cela leur coûtera ou si une telle politique n’évincera pas les fêtards des célèbres partys clandestins de la Métropole.
En mars, la Ville de Montréal a tenu des consultations publiques sur un projet de politique de la vie nocturne dont l’objectif est d’attirer des touristes et de revigorer l’économie locale. Ainsi, les autorités municipales souhaitent « permettre l’adaptation des heures d’ouverture des commerces pour optimiser l’offre commerciale et stimuler l’activité économique dans les quartiers animés la nuit ».
« Il n’y a pas grand-chose de bon qui arrive après 5h du matin », convient Sergio Da Silva, propriétaire du populaire bar Turbo Haus, situé dans le quartier des spectacles de Montréal.
Après 3h, les clients sont « trop ivres »
Au cours des dernières années, la municipalité a parfois permis au Turbo Haus et à d’autres bars de vendre de l’alcool au-delà de 3h. À chaque occasion, l’établissement et ses employés gagnaient plus d’argent. Pouvoir rester ouvert après 3h est un moyen amusant de prolonger la nuit « quand le moment est bien choisi », dit M. Da Silva.
Il ne veut pas que son établissement soit toujours ouvert après 3h parce qu’à cette heure-là, les clients ont déjà fait ce qu’ils devaient faire. « Ils sont trop intoxiqués ou trop ivres. C’est la bonne heure pour que tout le monde rentre chez soi. »
Au cours des dernières années, Montréal permettait parfois aux commerces de rester ouverts pendant toute la nuit, notamment pendant l’annuelle Nuit Blanche. Par exemple, la Casa del Popolo, un établissement situé sur Le Plateau-Mont-Royal, a fermé à 5h lors de la dernière Nuit Blanche en février.
Son propriétaire Mauro Pezzente dit qu’il n’a pas fait beaucoup d’argent, mais il lui a été plus facile de fermer son commerce, car tout le monde était alors prêt à s’en aller. « Personne ne flânait. Personne ne se plaignait. Personne ne demandait un verre supplémentaire », mentionne M. Pezzente.
Jusqu’à 676 millions $ de plus dans l’économie locale
Les fameuses fêtes clandestines montréalaises illégales et souvent peu coûteuses existent depuis plusieurs décennies. C’est même un secret de Polichinelle. M. Da Silva s’inquiète que si la vente d’alcool est permise pendant 24 heures plus souvent et à plus d’endroits, cela pourrait éliminer ces fêtes clandestines.
« Quand l’argent est impliqué, on commence à appeler la police pour s’occuper des trouble-fête, lance-t-il. Quand on investit dans un événement, on ne veut pas organiser une de ces sympathiques fêtes clandestines authentiques. On veut que les gens viennent à sa rave commanditée. »
En 2020, MTL 24/24 avait publié un mémoire faisant la comparaison entre Montréal et deux autres villes célèbres pour leur vie nocturne, Berlin et Amsterdam. Le mémoire prédisait que si le pourcentage de touristes venant dans la métropole québécoise passait de 22%, comme c’était le cas en 2019, à 33%, cela injecterait jusqu’à 676 millions $ dans l’économie locale.
Un porte-parole de l’administration Plante a indiqué que le rapport sur les consultations publiques devrait être publié en juin, comme cela était prévu. Selon lui, tous les participants seront satisfaits.
(avec La Presse Canadienne)