Gros succès pour les menus des fêtes à emporter
À Québec, Cosmos Traiteur annonçait la fermeture de ses commandes pour les fêtes dès le 15 décembre, et Petits Creux s’affichait fièrement « sold out » trois jours plus tard. De nombreux restaurants ont ainsi été pris de court - et agréablement surpris - par le volume de commandes reçues cette année pour leur menu de fin d’année. C’est le cas aussi de L’Imposteur, un restaurant-traiteur végétarien installé à Sainte-Julienne, dans Lanaudière, qui avait vendu toutes ses boîtes des fêtes au 16 décembre. « On ne s’y attendait pas du tout ! s’exclame la copropriétaire et sommelière Roxane Bégin. On reçoit encore des appels depuis une semaine… Je pense qu’on aurait pu doubler les quantités. »
Le restaurant propose son menu végétarien des fêtes en portion individuelle - idéal pour les familles qui comptent un végétarien à table - ainsi qu’en format pour 4 à 10 personnes. « Rendus en décembre, avec tout ce qui se passe cette année, beaucoup de gens sont épuisés, aussi bien physiquement que mentalement. Commander du prêt-à-manger pour les fêtes aide beaucoup, explique Roxane. C’est aussi une façon de se récompenser et de se faire un cadeau... » Tous les plats se congèlent, et certains clients en ont également profité pour faire des provisions, indique la copropriétaire.
Elle explique aussi ce succès inattendu par le fait que son restaurant soit le seul végétarien dans les environs, ce qui diminue la concurrence, et par l’engouement actuel autour de l’achat local pour encourager les commerces de proximité. « Comme on est une petite entreprise, beaucoup de gens ne veulent pas qu’on ferme... » Dans les environs, environ un restaurant sur quatre faisant un menu des fêtes a déjà tout vendu à ce jour, selon la sommelière.
La facilité du prêt-à-manger
Au Laurie Raphaël, à Québec, les commandes sont également fermées. Pour les fêtes, le restaurant du chef Daniel Vézina proposait un menu de cinq services, également disponible en format individuel. « Le nombre de commandes en chiffres impairs est énorme, souligne Suzanne Gagnon, cofondatrice du restaurant. Beaucoup de clients achètent un menu pour le porter à leur mère ou leur père, et ils mangent la même chose de leur bord en vidéoconférence. »
Si la restauratrice s’attendait à ce que les commandes s’étirent jusqu’au 20 décembre, tout était vendu cinq jours avant. Le Laurie Raphaël a ainsi enregistré plus de 400 commandes pour les 23 et 24 décembre, et plus de 300 pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. « On ne s’y attendait pas, pas si vite que ça ! Mais ils sont sept en cuisine, donc au bout d’un moment il n’est plus possible d’aller au-delà d’un certain volume, car on ne travaille que du frais. »
Le restaurant a déjà connu un beau succès avec son menu classique à trois services proposé depuis mars dernier. Dans ce concept à emporter, les menus sont prêts-à-manger et les clients n’ont aucune préparation supplémentaire à faire, si ce n’est réchauffer certains plats ou ajouter une vinaigrette. Une facilité qui plaît, selon Suzanne, qui a essayé aussi de garder une « expérience Laurie Raphaël ». « Les gens aiment aussi beaucoup notre façon de procéder avec les menus à emporter. Pour le pick-up, on fonctionne avec un système de talkie-walkie : on scanne la commande, le client reste dans sa voiture et on met les plats dans son coffre. »
Une nouvelle mentalité
Malgré les restrictions gouvernementales qui ont finalement interdit les rassemblements familiaux pendant le temps des fêtes, le Laurie Raphaël n’a pas eu d’annulation de commandes, et même chose à L’Imposteur. « Les 3-4 appels qu’on a eus, ce sont des gens qui avaient commandé des repas pour 12, note Suzanne. On leur a proposé de le prendre en formats individuels, et finalement on n’a pas eu d’annulation. »
L’Imposteur va de son côté essayer de faire des surplus pour les 23 et 24 décembre, mais ne prend plus de commande en attendant. Et les clients comprennent bien la situation, au grand bonheur de Roxane. « C’est très encourageant ! Avec la restauration rapide, les gens ont été habitués à arriver n’importe quand et à commander n’importe quelle quantité, explique la sommelière. Là, les petits restos ont amené une nouvelle mentalité : on essaie de faire le plus possible maison et avec des producteurs locaux, donc c’est normal que ça ait des limites. Et tout ça c’est pour le mieux, culinairement et économiquement ! »
(Crédit photo : Laurie Raphaël)