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François Meunier : « Le dossier qui m’a marqué, c’est la loi sur les permis d’alcool »

 
10 novembre 2021 | Par Sophie Poisson
Crédit photo: Association Restauration Québec

« Je n’ai jamais travaillé pour une entreprise privée, c’est peut-être là ma signature, souligne François Meunier. J’ai toujours travaillé pour des organismes sans but lucratif, avec des conseils d’administration, des comités. C’est une manière différente d’aborder les dossiers, de s’assurer qu’il y ait une concertation, de répondre aux besoins et opinions parfois divergents des uns et des autres. Ça demande beaucoup de diplomatie et de démocratie. »

Le vice-président des Affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ) a annoncé le 1er novembre dernier qu’il prendrait sa retraite à la fin de l’année. Martin Vézina reprendra le poste le 1er janvier. Pour assurer la transition, François Meunier occupera le titre de conseiller spécial une journée par semaine. Il restera également impliqué dans deux conseils d’administration : le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme et Aliments du Québec.

Ancien directeur général de la Presse étudiante du Québec, François Meunier a commencé à l’ARQ - anciennement appelé Association des restaurateurs du Québec - en 1986, en tant qu’agent d’information. « On a toujours été une organisation multiservices qui visait à la fois à bien représenter l’industrie, à améliorer les conditions d’exploitation et à réduire les coûts d’exploitation, explique le vice-président, qui a aussi occupé le poste de directeur des communications avant de devenir vice-président. On passe beaucoup plus d’heures à siéger sur des comités, analyser des documents législatifs, créer des rapports, passer des appels et envoyer des courriels qu’à manger des petits fours dans des cocktails. »

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À son arrivée, l’équipe était en reconstruction avec un directeur général en poste depuis un an, Bernard Fortin. Parmi les dossiers en cours, il y avait la Loi 43 qui imposait la déclaration des pourboires aux employés et le début des Apportez votre vin.

Améliorer les services

L’ARQ a pris de l’ampleur au fil des ans, passant de 7 à 40 employés et de moins de 1000 membres à presque 6000 avant la COVID-19 - un nombre qui a baissé avec la pandémie, mais qui devrait être retrouvé à la fin de l’année prochaine. Elle se démarque avec un important programme d’achats qui permet à plus de 2000 membres d’obtenir des tarifs avantageux et une ristourne garantie sur leurs achats alimentaires, et avec l’une des plus grandes mutuelles en santé et sécurité au travail qui compte environ 1500 gestionnaires d’entreprises de restauration.

Plusieurs batailles ont été menées par l’association, comme la mise en place du bannissement du tabac dans les lieux publics, l’entrée en vigueur de la TPS, la mise en place du module d’enregistrement des ventes ou encore la baisse du taux d’alcoolémie pour conduire une automobile. « Le dossier qui a marqué ma présence à l’ARQ, c’est la loi sur les permis d’alcool. On a commencé à travailler très fort sur ce dossier autour de 2002 et depuis 2017, il y a eu énormément de changements », soutient le vice-président. Si avant il fallait payer un permis d’alcool pour chacune des pièces d’un restaurant, il s’agit aujourd’hui d’un permis d’alcool par catégorie et par établissement, dont le tarif est moindre par rapport à 2017.

L’heure pour accueillir des mineurs sur les terrasses est passée de 20h à 22h. Il est également possible d’avoir des bouteilles décoratives et de faire des mélanges à l’avance, incluant la sangria, ce qui était interdit auparavant. « Les dernières mesures sont encore plus spectaculaires ! Depuis le début de l’année, on peut vendre de l’alcool dans un restaurant sans avoir à consommer un aliment. Avant, c’était absolument avec un repas, soit avec un ensemble d’aliments composés d’une entrée, d’un plat et d’un dessert », insiste François Meunier, qui évoque un travail d’équipe.

« La pire crise de l’histoire de notre génération »

La dernière année et demie a été marquée par la COVID-19. « C’est probablement la pire crise de l’histoire de notre génération. J’espère qu’il n’y en aura pas d’autres ! L’industrie restera marquée. On pense qu’il y a énormément de gens qui ont pu se maintenir la tête hors de l’eau, mais les prochains mois vont être extrêmement difficiles et il faut que l’industrie soit encore aidée... »

Le Programme de relance pour le tourisme et l’accueil du gouvernement fédéral est critiqué : pour en bénéficier, il faut enregistrer une baisse d’au moins 40 % de son chiffre d’affaires, donc ceux qui affichent -30 % ou -20 % risquent de devenir les plus mal pris. Le vice-président se tourne également vers le gouvernement provincial et pointe l’absence d’aide pour s’équiper, que ce soit en plexiglas, en désinfectant ou encore en appareils intelligents pour le contrôle des passeports vaccinaux. Des exemples de solutions sont alors cités : donner la permission à l’employeur de mettre en place une politique de partage des pourboires incluant le personnel de cuisine, ou encore l’amélioration du crédit d’impôt sur la déclaration des pourboires en le faisant revenir à 100 % alors qu’il est aujourd’hui à 75 %.

« On ne peut pas ne pas être inquiets pour l’industrie, regrette le vice-président. Il y a une explosion des prix des aliments et ce n’est pas terminé, une explosion des coûts d’énergie – la Régie de l’énergie vient d’approuver une hausse de 15 % du gaz naturel pour la prochaine année – et une explosion des salaires. Tout ça contribue à rendre encore plus fragile la situation. » Il invite alors les gestionnaires à prendre les mesures appropriées, notamment en augmentant les prix, et à avoir une réflexion sur les modèles d’affaires de l’industrie, entre autres lors du rendez-vous annuel de l’ARQ.

Une nouvelle génération « extrêmement dynamique »

Au fil des ans, il a aussi remarqué que l’industrie s’est raffinée avec des nappes blanches presque partout au Québec, plus uniquement à Montréal et à Québec. Et si la province est connue pour son offre, d’autres font leur place, en témoigne le classement de Air Canada avec son partenaire Open Table dans lequel on retrouve par exemple Toronto avec le bistro français Pompette et le restaurant Sunny’s Chinese.

Le vice-président s’enthousiasme de l’intérêt porté pour la nouvelle génération envers le développement durable, l’écoresponsabilité, l’achat local, les circuits courts ou encore les maillages entre producteurs locaux, transformateurs et restaurateurs. La COVID-19 a aussi provoqué une forme de solidarité importante dans l’industrie.

« L’ARQ se porte très bien aujourd’hui, conclut François Meunier. Elle existe depuis 83 ans, donc elle avait les reins assez solides pour faire face à cette crise. Les gens qui sont encore là ont toutes les compétences pour soutenir l’industrie. En terme de priorité, l’enjeu main d’œuvre va être au cœur du développement et d’accompagnement des membres, très certainement pour la prochaine décennie. »

À lire aussi : François Meunier quitte l’ARQ

Pour suivre l’ARQ :

Mots-clés: Québec (province)
Restauration

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