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Exploitation sexuelle : Aider les hôteliers à réagir aux cas de traite des personnes

 
28 février 2020 | Par Marie-Ève Garon

Le Phare des AffranchiEs lançait, voici peu, le programme « Lueur – Accueillir sans jugement, agir sans nuire » visant à sensibiliser les acteurs des milieux touristique et hôtelier québécois à la réalité de la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle. Cette initiative, financée par le Secrétariat à la condition féminine, a vu le jour avec la collaboration de différents partenaires du milieu touristique, notamment l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), l’Association des Hôtels du Grand Montréal (AHGM) et l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), et d’acteurs de la lutte à l’exploitation sexuelle, dont le CAVAC de Montréal et le Centre d’intervention en délinquance sexuelle de Laval.

Ce projet pilote, qui s’inscrit dans la foulée des travaux de la Commission parlementaire sur l’exploitation des mineurs, offre la possibilité aux hôteliers des régions de Québec, des Laurentides, de Lanaudière et du Grand Montréal d’avoir accès, entre autres, à des formations, de l’accompagnement personnalisé, des lignes directrices adaptables pour leurs employés et des outils d’affichage. « Des situations de traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle se déroulent fréquemment dans le milieu hôtelier, affirme Nathalie Khlat, présidente du Phare des AffranchiEs. Suite à des demandes de la part de l’industrie hôtelière, nous avons travaillé avec des experts du milieu dans le but d’outiller les employés afin de pouvoir faire face à ces situations qui peuvent se dérouler sous leurs yeux, peu importe la taille de l’hôtel et la région. Dans ces cas-là, plusieurs se sentent impuissants. »

Comme cette problématique s’avère complexe, Nathalie Khlat considère que les solutions offertes se doivent d’être nuancées et respectueuses de chaque cas de figure. « Ce n’est pas un plan d’action qui se veut contre l’industrie du sexe, bien au contraire. On souhaite que les personnes œuvrant dans ce secteur d’activité, dont 90 % sont d’origine canadienne et non issues de l’immigration, voient en Lueur un symbole de bienveillance, une porte ouverte et une main tendue. » Pour ce faire, il s’agit d’anticiper la manière dont un employé confronté à cette situation mettra de l’avant certaines actions bienveillantes, tout en demeurant dans son rôle d’hôtelier.

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Un phénomène préoccupant

Une large recherche a ainsi été effectuée dans un processus collaboratif avec des comités de spécialistes issus des milieux touristique, institutionnel et communautaire. L’objectif ? Définir une marche à suivre afin de réagir adéquatement face à de potentielles situations d’exploitation sexuelle. « Il y a deux ans, j’ai été très interpellé par un reportage à la télévision où on voyait un homme d’âge mûr accompagné d’une jeune fille de 13 ans à la réception d’un établissement hôtelier », se souvient Xavier Gret, président-directeur général de l’AHQ. La scène ne laissait guère de place au doute. L’homme justifiait sa présence devant le réceptionniste en prenant bien soin de démontrer le « consentement » de l’adolescente. Devant cette scène insolite, l’employé leur a remis les clés de la chambre. « Durant la même période, j’étais de passage dans une émission de Benoît Dutrizac où j’ai fait la promesse d’agir afin qu’on puisse reconnaître ce type de situation et mieux former nos employés d’hôtel. » Par la suite, le chemin du PDG croise celui de l’organisme laurentien et une collaboration débute grâce à la création d’un comité de travail sur cette importante et délicate question. « Nous avons, au Québec, un parc hôtelier d’environ 80 % d’hôtels indépendants, alors nous devons assumer la responsabilité de former ce personnel. »

Ce programme, qui favorise la responsabilité sociale des entreprises, offre un accompagnement sur mesure. Tout hôtelier souhaitant participer au projet signe une entente avec Le Phare des AffranchiEs. « Nous fixons, par la suite, un rendez-vous téléphonique afin de cerner les besoins et d’élaborer un calendrier personnalisé en fonction de la réalité de chacun », explique Nathalie Khlat. Xavier Gret ajoute, pour sa part, que l’AHQ travaille à faire la promotion de ce projet innovant puisque le recrutement représente actuellement le principal enjeu de cette initiative. « Pour la première année, il n’y a aucun frais afin de rejoindre un maximum d’employés qui puissent être formés lorsque ce type de situation se présente. Notre but demeure d’encourager les bonnes pratiques au sein notre industrie. »

Lueur est un projet réalisé par Le Phare des Affranchi(e)s en collaboration avec des partenaires du milieu touristique : l’Association Hôtellerie Québec, l’Association des Hôtels du Grand Montréal, le Bureau du taxi de Montréal, l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec et la Fédération des transporteurs par autobus ; et de spécialistes des enjeux de l’exploitation sexuelle : le CAVAC de Montréal, le Centre d’intervention en délinquance sexuelle de Laval, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Femmes Autochtones du Québec, le Projet Intervention Prostitution Québec et le Y des Femmes de Montréal.

Renseignements : Lueur – Accueillir sans jugement, agir sans nuire

(Sur la photo fournie par Le Phare des AffranchiEs : Nathalie Khlat accompagnée de Xavier Gret)

Mots-clés: Québec (province)
Hôtellerie

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