« Ça fait 25 ans que j’évolue dans cette industrie. Vingt-cinq ans... Un quart de siècle ! Dit comme ça, ça m’impressionne encore un peu plus. Et ça ne me rajeunit pas. »
L’accent du président-directeur général de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ) ne laisse guère place au doute : sa prolifique carrière, Xavier Gret l’a entamée de l’autre côté de l’Atlantique. Son diplôme en poche, il fait ses armes à Paris et dans les environs de la capitale hexagonale (Lutetia, groupe Accor, Holiday Inn), ainsi que dans les coulisses d’une grande brasserie londonienne. Lorsque, en février 1998, il pose le pied et ses valises sur le sol québécois (« Ce devait être en janvier, mais la crise du verglas en a décidé autrement »), l’homme comprend rapidement qu’il lui faudra faire preuve d’humilité et accepter de « repartir de zéro » pour se bâtir une expérience nord-américaine. Il débutera donc comme serveur au Fouquet’s, gravira quelques échelons au Sheraton Laval puis au Renaissance, avant d’être nommé directeur adjoint des banquets au Marriott Château Champlain. « Cette succession rapide d’établissements, c’était surtout par envie d’apprendre, de progresser, de découvrir, confie-t-il. Mais après une dizaine d’années, j’ai voulu tenter ma chance en affaires et importer au Québec un concept de surgelés. Malheureusement, c’était le début de la crise économique. Mauvais timing ! »
Son projet entrepreneurial tué dans l’œuf, Xavier Gret entre alors à l’AHQ. Coordonnateur du Service aux membres, il accepte la direction par intérim de l’organisme il y a cinq ans, en novembre 2014, pour en prendre les rênes, officiellement et pleinement, à la fin du printemps suivant. Souffrant d’un déficit d’image et en proie à certaines difficultés financières, l’Association vit alors des heures délicates. « Je connaissais la situation, mais je voyais aussi tout le potentiel de cet organisme. Je suis un homme de défis : j’avais la détermination de changer les choses. Et on a réussi, avec notre équipe, à relever la barre », se félicite le dirigeant.
Xavier Gret l’assure : sa plus belle victoire est d’avoir fait de l’AHQ un acteur désormais incontournable, écouté et respecté par les divers paliers gouvernementaux. De Kéroul à la FCCQ, du CQRHT à l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, l’organisme s’implique dans de nombreux dossiers et s’invite à plusieurs tables. Toujours plus actif, toujours plus présent. « On a surtout bâti ou rebâti des ponts avec les associations locales, de Montréal, du Saguenay, de l’Outaouais, de l’Abitibi... L’industrie hôtelière parle d’une seule voix et avec bien plus de poids que par le passé. »
Ce renforcement notable aura notamment permis aux hôteliers québécois de remporter quelques chaudes luttes au cours des derniers mois. Et Xavier Gret d’estimer que son plus beau combat, c’est face au géant Airbnb qu’il l’a livré. « Au début, les élus ne voulaient pas se mouiller, parce qu’on leur présentait Airbnb comme une initiative citoyenne et qu’ils y voyaient donc des électeurs potentiels. Mais à force d’insister, on est parvenu à avancer ! Et résultat : aujourd’hui, le Québec et le Canada sont pas mal les leaders à ce chapitre. »
Si le bilan de son premier lustre à la tête de l’AHQ est des plus flatteurs, Xavier Gret, prudent, rappelle que « rien n’est gagné ». La pénurie de main-d’oeuvre, notamment, devra constituer la priorité de tous les acteurs et décideurs. Outre la valorisation des métiers de l’industrie ou encore l’indispensable refonte des calendriers scolaires, l’hôtelier en chef en est persuadé : c’est dans l’immigration qu’on trouvera la principale solution. « Mais ce message n’est pas toujours simple à faire passer. Pourtant, on n’a pas le choix : on a besoin de bras. Quelque chose me dit que ma mission est loin d’être achevée ! »