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Billet de la rédaction

Les meilleurs ambassadeurs

 
23 mars 2018 | Par Pierre-Alain Belpaire

Deux d’entre eux ont grandi à Québec. Un autre a vu le jour en Estrie. Le quatrième a quitté sa Bretagne natale voilà quelques années. Quant au dernier, c’est l’Angleterre qu’il a abandonnée il y a plus de quatre décennies. Les cinq invités de notre rubrique Région sous influence ont en commun une véritable passion pour cette Gaspésie qui les a accueillis et dont ils sont devenus de fiers et efficaces ambassadeurs.

L’industrie des HRI connaît – je ne vous apprends rien – une sérieuse et inquiétante pénurie de main-d’œuvre. Dans ce numéro, nous vous donnons d’ailleurs une foule de conseils et les outils nécessaires pour simplifier et améliorer votre processus de recrutement. Plusieurs experts consultés dans le cadre de ce dossier s’entendent sur un point : si les restaurateurs et hôteliers ont compris qu’ils devaient améliorer leur image pour espérer recruter les meilleurs candidats, ils semblent encore frileux lorsqu’est évoqué le chapitre « diversité ». Les voyageurs, qu’ils soient québécois ou non, les nouveaux arrivants, les jeunes professionnels, les quinquagénaires, les Autochtones et les membres de communautés culturelles représentent un incroyable bassin de main-d’œuvre qu’il serait fou de ne pas considérer lorsque vient le moment d’embaucher.

Donnez-leur une chance. Enrichissez-vous de leurs différences. Apprenez de leurs expériences. Et ils deviendront rapidement vos meilleurs ambassadeurs.

 
 
Point de vue

Quand le « I » se surpasse

 
23 mars 2018 | Par Robert Dion

J’aime rappeler qu’il se sert chaque jour plus de repas dans le marché institutionnel qu’en restauration commerciale. Ce constat ne date pas d’hier, et il sera toujours valable demain. Ce phénomène est d’ailleurs en constante évolution du fait, notamment, du vieillissement de la population et du nombre croissant d’établissements pour personnes âgées et de centres de soins de longue durée.

Cette clientèle, qui mérite évidemment toute notre attention, se fait sans cesse plus exigeante. Plus curieuse, mieux informée, en meilleure forme physique, elle est de plus en plus difficile à satisfaire.

Pour relever ce nouveau défi et plaire toujours un peu plus à leur clientèle, les établissements qui les accueillent ont pris comme modèle le secteur de la restauration et se sont inspirés de ses succès. Les percées technologiques et l’amélioration de la formation devraient en outre, dans les prochaines années, aider à parfaire l’offre en milieu institutionnel. Quant aux budgets alloués, ils devront impérativement être repensés et adaptés.

Si le « manger-mou » n’est plus incontournable, vieillir me fait déjà un peu moins peur...

 
 
Personnalité HRI

Jean-Pierre Cloutier : « En mettre plein la vue »

 
23 mars 2018 | Par Pierre-Alain Belpaire

« Nous l’avons trouvée ! » C’est par ce cri du cœur, joyeux mélange de satisfaction, d’enthousiasme et de soulagement, que Pierre-Michel Bouchard, président-directeur général du Centre des congrès de Québec, annonçait, fin janvier, avoir recruté la perle rare, la « personne d’exception » capable de prendre la relève du chef Gérard Michel à la tête de la plus grande cuisine événementielle de la Capitale-Nationale.

Si les défis sont imposants et les attentes élevées, l’heureux élu, Jean-Pierre Cloutier, ne semble nullement impressionné. Chef-propriétaire du restaurant du Musée national des beaux-arts du Québec durant près de deux décennies, consultant auprès de différents établissements de la ville, impliqué dans de nombreux organismes et événements (SCCPQ, Moisson Québec, Fondation Serge-Bruyère, Québec Exquis !), le sage et expérimenté cuisinier voit plutôt comme un « privilège » cette nouvelle aventure.

« Le Centre des congrès, c’est le porte-étendard de la gastronomie québécoise sur les plans national et international », souffle-t-il, pressé d’en découdre avec les plus de 200 000 visiteurs à se présenter annuellement dans les espaces du boulevard René-Lévesque. « Le défi est incroyablement excitant : travailler avec un volume exceptionnel mais parvenir malgré tout à offrir un service personnalisé et des plats créatifs et originaux, résume le chef. Je ne tiens pas à être conventionnel. Et ce n’est pas parce que j’intègre une telle institution que je vais arrêter de penser ‘‘en dehors de la boîte’’. Bien au contraire : cet environnement me permettra de développer et de maximiser mes ambitions professionnelles. »

Chaque année, le Centre des congrès de Québec accueille de 150 à 160 événements. Certaines journées, les équipes peuvent avoir à fournir jusqu’à 6 000 repas. « Nous sommes parfaitement prêts, intervient Jean- Pierre Cloutier. Le secret, c’est d’être capable de réfléchir et de s’adapter à toutes les situations. Je ne suis pas inquiet : je rejoins une famille de professionnels aguerris et passionnés qui savent relever les défis représentés par de tels volumes. »

Sur un ton enjoué, le cuisinier confie sa hâte de découvrir l’univers de la restauration événementielle : « Imaginez : chaque jour, vous recevez de nouveaux groupes, en sachant très bien que la majorité de ces visiteurs pourrait ne pas revenir de sitôt. Vous devez donc leur offrir une expérience unique, exceptionnelle, mais non récurrente. »

Convaincu que le Centre des congrès se doit d’être un « miroir du riche terroir québécois », Jean-Pierre Cloutier entend faire profiter son nouvel employeur des réseaux et contacts qu’il a établis au fil de sa belle carrière. « J’ai le privilège de connaître d’excellents producteurs. Cette force, je vais évidemment la mettre au service du Centre des congrès. Une part importante de nos convives viennent de l’extérieur et ne restent parfois dans la capitale que quelques jours, voire quelques heures. À nous de leur offrir le Québec en rapide ! Je veux leur prouver que les produits du Québec, ce ne sont pas que les déclinaisons de l’érable, que nous avons aussi des huiles et des vinaigres magnifiques, des fromages splendides, des produits boréaux... »

Pour « en mettre plein la vue » à ces milliers de visiteurs, Jean-Pierre Cloutier dispose d’une liberté totale. « J’ai carte blanche, sourit-il. C’est un magnifique cadeau. »

 
 
Autres

Salades & Laitues : Guide de survie des fragiles pousses

ELLES PEUVENT ÊTRE FRISÉES, TENDRES, CROUSTILLANTES OU POMMÉES. OU ENCORE DOUCES, AMÈRES OU PIQUANTES. ELLES AURONT UNE SAVEUR OU UNE TEXTURE PARTICULIÈRE SELON LE TEMPS DE L’ANNÉE OU L’ENDROIT OÙ ELLES POUSSENT. CERTAINES VOLENT LA VEDETTE ALORS QUE D’AUTRES JOUENT LES ACCOMPAGNATRICES OU ENCORE LES FAIRE-VALOIR. MAIS UNE CARACTÉRISTIQUE LES RASSEMBLE TOUTES : ELLES SONT D’UNE EXTRÊME FRAGILITÉ.

 
26 mars 2018 | Par Katherine Boisvert

Majoritairement apprêté et consommé cru, cet aliment-vedette mérite sans doute que l’on se pose davantage de questions à son sujet. De quelle manière conserve-t-on les salades et les laitues ? Comment éviter les risques de contamination ? Doit-on obligatoirement les laver même si elles sont prélavées ? Quels types de laitues doit-on servir dans un comptoir à salades ?

DU CULTIVATEUR AU RESTAURATEUR

Ces dernières années, de plus en plus de serres hydroponiques ont permis d’étirer la saison des laitues et des salades, qui se situait traditionnellement entre le mois de juin et la fin septembre. En dehors de cette période, le distributeur de fruits et légumes Hector Larivée s’approvisionne principalement en Californie et en Floride. « Quand je commande aux États-Unis, le producteur cueille les laitues, puis il se passe quatre jours avant l’arrivée dans notre entrepôt, explique Jonathan St-Jean, acheteur senior chez Hector Larivée. Dans le camion, on a une unité de refroidissement réglée à 4 °C. Cette température doit être maintenue en tout temps. »

Dès que la commande arrive dans les entrepôts, le personnel fait une inspection pour s’assurer que la température a été respectée durant le transport. Si le point de température est maintenu, elles peuvent être conservées jusqu’à deux semaines en entrepôt, précise Jonathan St-Jean. Lorsque le distributeur fait affaire avec des producteurs locaux, l’approvisionnement est plus court, tout au plus deux jours, mais le processus demeure le même.

Bien plus encore que dans le cas des autres légumes, la fraîcheur de la salade est un élément capital. Et pourtant, cet aliment s’avère difficile à conserver. Si la salade peut être grillée, elle ne doit jamais être congelée. Selon Jonathan St-Jean, il n’y a qu’une bonne manière de conserver une laitue : la maintenir en tout temps à une température de 4 °C. « Si on laisse une laitue au chaud, elle va faner, rappelle l’acheteur. Et si on la met dans l’eau pour tenter de la réhydrater, elle va se gorger d’eau. »

DES RISQUES SOUS-ESTIMÉS

En novembre et décembre 2017, la vague d’infections à la bactérie E. coli liées à la laitue romaine a alimenté les questions concernant ce fragile aliment. Les cas semblables à celui de 2017 sont plutôt rares : de mémoire, Didier Girol, spécialiste en hygiène et sécurité alimentaire agréé par le MAPAQ, souligne que le dernier cas québécois remontait aux années 1990. À l’époque, un restaurant avait envoyé une dizaine de clients à l’hôpital en raison d’une intoxication alimentaire liée à la salade.

En décembre, le MAPAQ a d’ailleurs rappelé que les feuilles de salade peuvent entrer en contact avec des bactéries, que ce soit au champ, lors de leur récolte ou lors de leur manipulation. Le spécialiste en hygiène alimentaire souligne que les cuisiniers ont souvent tendance à penser, à tort, que seules les protéines animales présentent de tels risques. « On oublie que les fruits et légumes peuvent rendre les gens gravement malades ; pensons simplement à la listéria, explique Didier Girol. Il faut se souvenir que dès qu’on transforme une laitue, on doit la conserver au froid. »

Pour éviter la propagation de bactéries, la laitue doit être réfrigérée entre 0 °C et 4 °C. Une salade qui possède toujours sa protection naturelle (c’est-à-dire qui n’a pas été coupée ni lavée) peut être conservée à une température ambiante. « Mais elle aura une durée de vie de 48 heures maximum. Ensuite, elle sera ratatinée, détériorée », souligne l’expert.

Depuis quelques années, un nombre croissant d’entreprises offrent aux restaurateurs des mélanges de salades prélavées. Didier Girol insiste sur un point : les salades doivent toujours être lavées avant utilisation. « Le MAPAQ le précise, et je le dis à mes clients qui ne veulent pas toujours me croire : même si les laitues sont prélavées, on a l’obligation de les rincer avant de les servir aux clients, avertit Didier Girol. Elles sont prélavées, et non lavées. » Il rappelle d’ailleurs que cette directive s’applique aussi à la luzerne et aux micropousses.

GRANDE FRAGILITÉ

Le mesclun, les épinards et les mélanges printaniers sont de petites salades très fragiles qui vont rapidement noircir et devenir détrempées. Les laitues iceberg et romaine se conservent beaucoup mieux et vont plutôt rougir, précise Jonathan St-Jean. Lorsque l’on doit créer un comptoir à salades, le choix de laitues a donc une importance capitale.

Charles Dufresne, directeur du développement culinaire au Groupe Restaurants Imvescor, teste fréquemment de nouvelles recettes à base de laitues. Il a réactualisé le comptoir de salades de Scores, rebaptisé Le Grand Saladier. Le menu compte notamment trois choix de salades de base (romaine, mesclun, mélange printanier, bébés épinards ou roquette) auxquelles on ajoute une grande variété d’ingrédients. « Dans nos salades mélangées, on choisit souvent le kale, la laitue niçoise ou le cresson, qui résistent mieux à l’ajout de vinaigrettes, précise Charles Dufresne. Il faut penser à quelque chose qui va bien se tenir, car nos salades ne sont pas faites à la demande. »

Pour s’assurer de la fraîcheur des laitues servies dans les 38 restaurants Scores du Québec, Charles Dufresne suggère aux franchisés de les trancher eux mêmes plutôt que de les acheter déjà coupées. « Elles ne sont pas moins bonnes, mais leur durée de vie est réduite », précise-t-il.

Le chef du développement culinaire conseille également de commander un produit à l’état brut et de le travailler soi-même, de choisir des laitues qui supportent bien l’humidité, d’utiliser de petits contenants et de les remplir souvent. Il suggère aussi d’installer un puits réfrigéré encastrable, style « mur de froid ». Ce type de réfrigérant permet le maintien au froid des salades, tout en évitant de les dessécher avec un rideau d’air (comme c’est habituellement le cas avec les tables froides traditionnelles).

Laitue chinoise, nappa, scarole, Little Gem, radicchio, kale, oseille sanguine... Si certaines salades n’ont pas besoin de présentation (comme la romaine ou l’iceberg), d’autres gagneraient à être connues, croit Jonathan St-Jean. Il vante d’ailleurs les mérites de la ficoïde glaciale, un produit haut de gamme qui, comme son nom l’indique, semble givré. Mais peu importe la variété, « il y a place pour la créativité », conclut-il.

 
 
Équipements

Quand les cinq sens mettent l’ambiance

 
26 mars 2018 | Par Katherine Boisvert

Devant la montée en puissance des réseaux sociaux, Instagram en tête, les hôtels et les restaurants doivent aujourd’hui se démarquer pour attirer la clientèle et la fidéliser. Les établissements ont l’obligation de se montrer extrêmement créatifs afin de proposer une expérience client remarquable et de créer des moments inoubliables. Mais comment signer une ambiance unique qui permette de se distinguer de la concurrence ? Quelles méthodes et techniques utilisent les professionnels pour réaliser le design dont tout le monde parle ? Sur quels détails mettre l’accent et, surtout, à quel prix ?

Pierre Brousseau est président et directeur artistique de Camdi Design, une entreprise qui compte parmi ses réalisations les hôtels William Gray, Renaissance Montréal Centre-ville et Entourage sur-le-Lac. À ses yeux, que le projet soit un petit restaurant de quartier ou un hôtel de 300 chambres, l’important est de toujours suivre le même processus, la même approche. « On rencontre le client ou la bannière qu’on doit desservir et on s’assoit avec pour bien comprendre sa vision. Dans le cas d’un restaurant ou encore d’un hôtel qui possède son propre restaurant, on discute avec le chef et le mixologue pour connaître le type de menu et la clientèle qu’ils viseront. C’est la meilleure chose à faire », explique-t-il.

Dans chaque dossier qu’ils traitent, Pierre Brousseau et son équipe se donnent une consigne de base : cibler les cinq sens. En exploitant la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat et le goût, « on essaie toujours de créer des microclimats, de raconter une histoire », mentionne le propriétaire de Camdi Design.

Pour créer une ambiance, il convient également de s’intéresser, dès le début, à l’emplacement. C’est l’une des priorités du Réseau Sélection qui imagine, développe, construit et gère des complexes résidentiels pour retraités. « On s’adapte aux marchés et aux secteurs. Je crois que, en tant que développeurs, on n’a pas le choix de prendre ces aspects en considération », explique Herbert Nunes, vice-président, Développement immobilier, du réseau. Et la stratégie fait mouche : l’entreprise québécoise a remporté deux prix internationaux à Londres à l’occasion du gala The Globals 2017 pour ses complexes Sélection Panorama Prestige de Laval et Sélection Vaudreuil Signature.

LA VUE

Popularité d’Instagram oblige, la vue est indéniablement le sens le plus mis en valeur. « Quand on ouvre la porte d’un restaurant, ça prend un effet WOW, que ce soit à cause d’un escalier monumental, d’un immense cellier ou d’un mur végétal », indique Pierre Brousseau, dont l’entreprise a notamment conçu les décors des restaurants Chez Victor de Beauport et du Vieux-Québec, Le Ferreira à Montréal, Siam au Quartier DIX30 et Bevo dans le Vieux-Montréal. Son avis est partagé par Marc-André Dandeneau, directeur général adjoint de l’Hôtel Le Crystal, situé à deux pas du Centre Bell, qui rappelle que les hôteliers « doivent en tout temps chercher à épater les clients, à leur offrir une vue impressionnante ».

La vue passe évidemment toujours par l’éclairage, qui peut permettre d’attirer les regards ou, au contraire, créer un environnement de calme, de sérénité, de relaxation. « Lorsqu’on entre dans la réception d’un hôtel, on débarque avec des valises ; c’est très mouvementé, très agité. Ensuite, on se dirige vers le hall, on tamise un peu l’éclairage pour diminuer l’excitation, décrit Pierre Brousseau. Lorsqu’on monte vers les chambres, l’éclairage du corridor devra être encore plus tamisé... Enfin, quand on arrive à la chambre, ce sera le calme total. »

Dans certains complexes du Réseau Sélection, l’utilisation de fenêtres de 16 pieds de hauteur permet aux résidents de se sentir à l’extérieur... en demeurant bien au chaud. C’est le cas notamment dans les aires communes comme les piscines et les gymnases. « Dans chaque projet, on essaie de mettre en valeur les éléments extérieurs », explique Herbert Nunes.

Au Sélection Belœil actuellement en construction, la salle à manger et le salon feront face au mont Saint-Hilaire. Dans certains de ses complexes, Réseau Sélection a même créé des jardins d’hiver pour permettre aux résidents de profiter de la lumière extérieure en restant à l’intérieur.

LE TOUCHER

Selon Pierre Brousseau, le sens du toucher est sollicité par les choix de tissus, de cuirs, de marbre... mais ça ne s’arrête pas là : « On doit toujours être plus créatif et chercher à amener le sens du toucher à un autre niveau. Par exemple, au Renaissance, on a imaginé un studio d’artiste dans une bibliothèque. Les gens peuvent feuilleter des livres de design, prendre des objets d’art dans leurs mains et se détendre. » Marc-André Dandeneau souligne pour sa part qu’il souhaite « meubler davantage » le lobby de l’Hôtel Le Crystal en y créant de petits salons et en plaçant quelques étagères remplies de livres.

Lorsque l’on s’adresse à une clientèle vieillissante en perte de mobilité, le sens du toucher revêt encore plus d’importance et amène, par exemple, à choisir « des poignées faciles à saisir, des mains courantes agréables à toucher », précise Herbert Nunes. Ce dernier croit que le sens du toucher sera également stimulé par la chaleur d’un foyer, de belles boiseries ou la pierre recouvrant les murs d’un salon ou d’un cellier privé.

L’OUÏE

Musique relaxante, chants envoûtants ou désastreuse cacophonie ? Le décor sonore peut créer l’ambiance parfaite ou détruire totalement l’expérience du visiteur. La musique doit donc s’adapter à la clientèle, mais également aux différents moments de la journée. « Il faut vraiment faire attention à la pollution auditive. Malheureusement, les designers ne pensent pas toujours à la réalité acoustique », se désole Pierre Brousseau. Pour améliorer l’acoustique d’une pièce, le directeur artistique suggère de meubler l’espace et de choisir des matières qui absorbent le son, comme des rideaux, des banquettes en tissu, des plafonds en gazon artificiel, des feutres sous les tables ou des panneaux acoustiques coussinés. « Ça prend de la masse », résume-t-il.

Pierre Brousseau indique que son plus grand défi acoustique fut la réalisation du restaurant OMG Burger à Sherbrooke, campé dans une ancienne église. Le chantier a demandé beaucoup d’ajustements et de créativité afin, justement, d’éviter la cacophonie tout en conservant le cachet de l’établissement religieux.

Pour meubler les lieux et stimuler le sens de l’ouïe de ses résidents, Réseau Sélection a installé des pianos à queue à des endroits stratégiques. Le but : permettre aux résidents de jouer de la musique et d’en écouter. L’entreprise cherche également des moyens de ramener la nature vers l’intérieur. « Est-ce qu’on peut aller puiser des sons ambiants de l’extérieur et les ramener vers l’intérieur ? C’est une question à laquelle on tente actuellement de répondre », s’enthousiasme Herbert Nunes.

L’ODORAT

Au cours des dernières années, plusieurs grandes chaînes ont tenté le marketing olfactif en développant des odeurs exotiques, un peu uniques, qui les différencient des autres. « Au William Gray, par exemple, l’odeur et la musique sont vraiment envoûtantes, fait remarquer Pierre Brousseau. On se souvient de son expérience. »

Mais l’élaboration d’une signature odorante n’est pas toujours gage de succès. Le Crystal a testé le marketing olfactif durant deux ans avant d’abandonner l’initiative. « On a réalisé que des membres du personnel et des clients étaient sensibles aux odeurs : il y avait des plaintes de maux de tête, des gens qui étaient étourdis, explique Marc-André Dandeneau. On a tenté d’atténuer l’odeur, mais on l’a tellement diminuée que ça ne valait plus la peine : on ne la sentait plus du tout. »

L’odorat et le marketing olfactif intéressent aussi Réseau Sélection, qui teste actuellement un projet-pilote dans deux de ses résidences. « On s’est beaucoup inspirés de ce que fait l’hôtellerie, relate Herbert Nunes. On cherche à développer des odeurs qui conviennent à nos résidents. Ces odeurs pourraient permettre aux personnes atteintes de troubles cognitifs de se rappeler où elles habitent. »

LE GOÛT

« On mange aussi avec les yeux », rappelle Pierre Brousseau lorsqu’est évoquée la question du goût. Le président de Camdi Design précise que lorsque son entreprise crée un décor de restaurant, tous les détails sont importants : de l’emplacement du cellier jusqu’à la présentationde la table. « On va aller jusqu’à se mêler du choix des ustensiles, de la sélection des coupes ou des serviettes de table. Il faut que la présentation soit impeccable », souligne-t-il.

Dans le restaurant principal du William Gray, Pierre Brousseau et son équipe ont même installé un mur d’épices et une salle de vieillissement de la viande pour stimuler les sens de la clientèle.

DES DÉFIS ET DES COÛTS

Certains hôteliers et restaurateurs prennent les devants et imaginent eux mêmes le décor de leur établissement. Mais lorsque l’on cherche à créer « le » lieu dont tout le monde parlera et, surtout, qui permettra de fidéliser la clientèle, mieux vaut souvent avoir recours aux conseils de professionnels. « L’expertise des designers, c’est de rentrer tout ce dont ont besoin les restaurateurs ou les hôteliers dans les pieds carrés existants, résume Pierre Brousseau. C’est le plus grand des défis, la base de tous les projets. » L’autre obstacle de taille consiste à faire accepter les budgets liés à l’acoustique et à l’éclairage. Ces deux éléments sont d’ailleurs les deux aspects les plus négligés par les responsables des HRI, note le directeur artistique.

Si l’ambiance constitue votre brique, le design, l’éclairage, les odeurs, les textures et la musique feront office de mortier... Mais ils ne peuvent, à eux seuls, assurer le succès de votre établissement. « Le contact avec les gens fait aussi partie de l’expérience client. On peut avoir le plus beau décor sans avoir de véritable ambiance », nuance Herbert Nunes.

 
 
Statistiques

Des chiffres qui parlent

LE MAPAQ A PUBLIÉ EN OCTOBRE DERNIER « LE BOTTIN CONSOMMATION ET DISTRIBUTION ALIMENTAIRES EN CHIFFRES », ÉDITION 2017, UN DOCUMENT QUI REGORGE DE STATISTIQUES INTÉRESSANTES POUR LES RESTAURATEURS QUÉBÉCOIS ET CANADIENS. EN VOICI QUELQUES-UNES.

 
26 mars 2018 | Par François Pageau

La restauration est un marché en croissance

Le secteur québécois de la restauration affiche une croissance soutenue. Son volet commercial a réalisé des ventes de 12 G $ en 2016, soit une croissance de 8 % par rapport à 2015. Son volet institutionnel a réalisé des ventes de 3 G $, ce qui représente une croissance de 7 % sur la même période.

Tous les types de restaurants ont profité de la croissance des ventes de 2015 à 2016, comme l’indique le tableau qui suit. Les ventes des restaurants à service complet ont ainsi crû de 6 %, celles de restaurants à service restreint de 10 %, des services spéciaux (contractuels) de 5 % et des débits de boissons de 12 %.

Les facteurs avancés pour expliquer cette croissance soutenue sont nombreux : les festivités du 375e de Montréal et les excellentes fréquentations touristiques dans les grands centres de la province, la croissance économique, la faible valeur du dollar canadien par rapport au dollar US et à l’euro, ainsi que le climat relativement favorable qui règne de façon générale, après une période morose en 2014 et en 2015.

Normalement, les restaurants devraient, en 2016 et en 2017, réaliser leurs meilleurs profits depuis plusieurs années. Les marges bénéficiaires devraient aussi être au rendez-vous (voir sujet suivant).

Le moment est donc propice à la consolidation des immobilisations et des équipes dans les restaurants du Québec. Les liquidités générées devraient renflouer les déficits antérieurs, s’il y a lieu, être investies dans des fonds de réserve ou, encore mieux, dans les améliorations locatives. En période de croissance, le regard devrait être tourné vers l’équité salariale et l’ensemble de la rémunération du personnel et de ses conditions de travail pour en accroître la rétention.

Cette croissance des ventes devrait se maintenir en 2017 et en 2018 en raison des achalandages touristiques prévus et d’un élan économique qui ne semble pas ralentir. Cependant, le tourisme représente seulement une petite part du marché de la restauration, les restaurants étant en général tournés davantage vers le marché local. Le tourisme seul ne peut soutenir la croissance.

Le plein emploi est aussi une bonne nouvelle pour l’industrie de la restauration puisqu’il indique une demande future soutenue par la population québécoise en général. Une éventuelle augmentation des salaires moyens des Québécois aurait aussi un effet bénéfique sur l’industrie en augmentant le revenu disponible des ménages.

Le plein emploi implique cependant une rareté de la main-d’œuvre, qui atteindra particulièrement les industries peu attirantes comme la restauration et ses salaires bas et ses conditions difficiles.
 
 
Les Québécois dépensent peu dans les restaurants
Les ménages québécois dépensent moins dans les restaurants et plus dans les magasins d’alimentation que la moyenne des ménages canadiens. En 2015, les ménages québécois ont dépensé en moyenne 1 863$ dans les restaurants et 6 292$ (trois fois plus) dans les magasins d’alimentation, tandis que la moyenne canadienne est de 2 502 $ dans les restaurants et de 6 126 $ dans les magasins d’alimentation.

De tous les Canadiens, ce sont les Albertains qui dépensent le plus en alimentation, tant dans les restaurants que dans les magasins d’alimentation, en raison du coût de la vie plus élevé dans cette province.

Les ménages québécois dépensent peu dans les restaurants, c’est-à- dire à peine un peu plus que les ménages de l’Île-du-Prince-Édouard (1 616 $ par ménage). Par contre, ils dépensent beaucoup dans les magasins d’alimentation puisqu’ils sont au troisième rang au Canada, présentant des dépenses légèrement plus élevées que la moyenne canadienne de 6 126 $.

Si les ménages québécois dépensent moins dans les restaurants, c’est probablement parce qu’ils aiment cuisiner et fréquentent davantage, mais moins souvent, les restaurants à service complet et aussi en raison des prix plus bas pratiqués dans les restaurants du Québec.
 
 
Les restaurants à service restreint réalisent les meilleurs profits

Sans surprise, les restaurants à service restreint ont réussi à réaliser les profits les plus élevés de l’industrie de la restauration en 2015, en dégageant une marge brute d’exploitation de plus de 5,6 % sur des ventes totales de 4 264 millions de dollars. Les restaurants à service complet réalisent année après année des profits anémiques, oscillant autour de 2,8 % de leurs ventes totales de 5 467 millions de dollars en 2015. Espérons que 2016 et 2017 aient permis à ces derniers d’obtenir de meilleurs résultats !

Soulignons que les services de restauration spéciaux, qui réalisent 8,3 % de marge bénéficiaire d’exploitation en 2015, réunissent tous les établissements qui offrent des services différents, c’est-à-dire les traiteurs, événements, congrès, et institutionnels non-autogérés. Les ventes de ce sous-groupe s’élevaient à 825 millions de dollars en 2015 et à 869 millions de dollars en 2016.

Cet état de fait n’est pas une surprise. Les restaurants à service restreint sont habituellement intégrés à des chaînes de renom (bannières), ils bénéficient d’une bonne notoriété et d’outils de gestion performants, utilisent des produits préfabriqués et standardisés, offrent un menu limité et font l’objet d’une mise en marché soutenue et d’un soutien efficace de leur maison-mère. Malgré des redevances substantielles versées à leurs bannières, ces restaurants réussissent à dégager des marges enviables.

Les restaurants à service complet, à services spéciaux et les débits de boissons alcoolisées offrent souvent des menus élaborés, doivent retenir une main d’œuvre importante, spécialisée et coûteuse, et, qui plus est, ils manipulent des denrées onéreuses (vins, spiritueux, produits frais et périssables). Ces restaurants sont aussi très souvent indépendants et dépendent de leurs uniques ressources, notamment en gestion des opérations et en marketing. Ces facteurs influencent les résultats. Le métier de restaurateur nécessite de nombreuses compétences qui ne s’improvisent pas.

Le nombre total d’établissements ne semble pas avoir d’impact sur les profits moyens réalisés par catégorie, puisque ces derniers sont constants, malgré le nombre élevé d’ouvertures et de fermetures annuelles. On peut présumer alors que les écarts de profits sont importants entre les restaurants d’un même groupe, certains étant très rentables tandis d’autres sont déficitaires.
 
 
Le nombre d’emplois en restauration et en hôtellerie en hausse constante

Le poids de l’industrie de la restauration et de l’hôtellerie sur l’économie québécoise n’est pas à démontrer, mais il est utile de rappeler combien d’emplois sont assurés par ces secteurs importants.

En 2016, l’industrie de la restauration employait plus de 218 500 personnes, à temps plein et à temps partiel. Le graphique qui suit démontre l’évolution du nombre d’emplois dans ces deux secteurs.

En analysant l’évolution de l’emploi des dernières années, on constate en premier lieu l’effet dévastateur de la crise de 2008, notamment sur le nombre d’emplois en hôtellerie. Les établissements touchés sont surtout concentrés dans la Capitale- Nationale et la grande région de Montréal. Cette décroissance de l’emploi ne s’est pas vraiment résorbée depuis, accusant une perte nette de plus de 2 400 emplois depuis 2007

En restauration, les 10 dernières années (2007-2016) ont permis de créer plus de 25 000 emplois additionnels. Ces emplois combinent des postes à temps partiel et à temps plein.

En 2008, la ville de Québec fêtait ses 400 ans et souffrait d’une très forte pénurie de main-d’œuvre. L’achalandage touristique s’accentuait simultanément partout dans la province. Par la suite, la crise de 2008 a fait stagner le nombre d’emplois en restauration, mais ceux-ci ont repris leur croissance dès 2011 et jusqu’en 2016, malgré un léger recul en 2014.

En 2017, les festivités du 375e de Montréal et le succès des nombreux festivals se déroulant dans les grands centres urbains auront contribué à stimuler la demande et les ventes dans les restaurants et les hôtels, soutenant la création d’emplois supplémentaires en hébergement et en restauration.

Selon la même source, les femmes occupaient, de façon globale, environ 55 % des emplois en « Hébergement et services de restauration » en 2016. Plus précisément, 52,4 % d’entre elles travaillaient à temps plein, contre 59 % des hommes de ce secteur.

En situation de plein emploi, l’industrie fait face au défi de conjuguer croissance du marché et rareté de la main-d’œuvre, ce qui oblige les employeurs à modifier leurs techniques de recrutement, à explorer de nouveaux bassins de main-d’œuvre et à changer leurs pratiques de gestion du personnel afin d’en accroître la rétention.

 
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