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Dénonciations : « Je suis peut-être un vieux con, mais pas un criminel ! »

 
15 juillet 2020 | Par Pierre-Alain Belpaire

Au bout du fil, la voix est hésitante, faiblarde. Bien loin de celle, sûre et claire, qui caractérise habituellement ce chef installé « depuis de longues années » dans la Capitale-Nationale. Après une courte hésitation, l’homme nous demandera de ne pas le nommer et de tout faire pour qu’il ne puisse être identifié. « Je ne vois pas ce que ça amènerait à tes lecteurs. Après tout, mon histoire, c’est celle de tant d’autres cuisiniers… »

S’il a contacté notre rédaction ce mercredi matin, c’est que ce restaurateur a passé une très mauvaise nuit. L’apparition sur Instagram, voici quelques heures, d’une page reprenant des témoignages de victimes présumées d’agressions sexuelles subies dans les coulisses de nos établissements, l’a replongé « 10 ou 15 ans en arrière ». « Ben oui, j’ai merdé », confesse-t-il. Des compliments trop insistants, des remarques déplacées. « Et ça m’est arrivé de faire trop de colleux après quelques verres. Mais rien de grave, assure-t-il. Je suis peut-être un vieux con, j’ai agi comme un imbécile, mais je ne suis pas un criminel pour autant, souffle celui qui reproche notamment au compte Instagram Victim Voices de la Restauration de « tout mélanger » : « Vous avez là des types qui ont eu les mains baladeuses ou qui ont fait le commentaire de trop et puis ceux qui ont utilisé des drogues du viol, qui ont utilisé la force, qui ont manipulé… T’sais, tous dans le même panier ! »

Bien qu’il sache que « cela n’excuse en rien son comportement », cet entrepreneur respecté précise que ces événements se sont passés « dans une autre époque ». « Les temps ont changé. Tout le monde a changé. Et pas uniquement vis-à-vis des femmes. Les jokes que je faisais à mes employés de couleur ou asiatiques, tu peux être certain que je ne les ferais plus aujourd’hui. Et c’est tant mieux. »

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À l’heure d’écrire ces lignes, le nom de ce cuisinier n’est pas sorti. « Pas encore. Et il ne sortira peut-être jamais, murmure-t-il. Je ne sais pas comment je réagirais si je devais voir mon nom là-dessus. Je pense que j’affronterais ça en adulte et que j’irais d’abord discuter avec mon épouse. Et si c’est possible, je contacterai les deux ou trois filles à qui j’ai manqué de respect. Pour m’excuser. That’s it ! Que puis-je faire de plus, hein ? »
 

***MISE À JOUR***

Suite à la publication de cet article, le restaurateur nous a recontactés : « Après notre appel, j’ai finalement envoyé un texto à deux des trois filles pour m’excuser. Y en a une qui a déjà répondu "merci". La troisième, je n’ai pas ses coordonnées. »

(Photo prétexte. Daria Sannikova / Pexels)

Lisez aussi : Harcèlement : « Un véritable fléau dans la restauration »

Mots-clés: 03 Capitale Nationale (Québec)
Restauration

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