Cuisine de rue : les Français déchantent déjà
« La folie food-truck est-elle déjà finie ? » Alors que plusieurs villes québécoises multiplient les études, projets et autorisations, leurs homologues françaises, elles, font plutôt la moue. Un article paru dans Les Échos, média spécialisé en économie et finances, tire en effet la sonnette d’alarme et constate que « l’engouement des années 2012-2013 semble révolu ». Citant le cabinet Gira Conseil, spécialisé dans l’analyse de l’industrie de la restauration, le quotidien indique que « sur les 180 à 200 food-trucks qui battaient le pavé dans la région parisienne, il n’en reste plus qu’une quarantaine ».
Les autorités municipales françaises, et notamment les responsables de la capitale, restent prudentes et tempèrent quelque peu, évoquant de mauvaises localisations, l’attribution de permis trop courts, des tarifs trop élevés… « Le premier appel à projets était une période de test, nous avons tâtonné, il faut qu’on trouve les bonnes modalités », avance ainsi Olivia Polski, adjointe à la mairie de Paris en charge du commerce. Un nouvel appel à projets, lancé dans les prochaines semaines, devra tenter de rectifier le tir.
« Tout le monde s’est engouffré sur le créneau, il y a eu certainement un nombre de porteurs de projets au-delà de ce que le marché offrait comme potentiel », explique à nos confrères Jordan Feilders, fondateur de Cantine California, qui fut l’un des pionniers parisiens en 2012. « Un food-truck seul, c’est difficilement viable, poursuit Thomas Zimmerman, à l’origine du concept de traiteur événementiel mobile Food Trucks Gourmets. C’est plus un canal de distribution complémentaire ou un moyen de démarrer en testant un concept de cuisine. »
Le directeur de Gira Conseil et renommé conférencier Bernard Boutboul (il avait notamment été invité en novembre dernier par l’Association des Restaurateurs du Québec) n’y va pas par quatre chemins : « Chez nous, ça ne marche pas ! », résume-t-il, pointant notamment « un investissement initial trop cher (…), des charges sociales trop lourdes, des modes de consommation inadaptés, des villes qui ne jouent pas le jeu et des chiffres d’affaires qui ne décollent pas ».