Jean-Yves Germain : « L’industrie va en sortir très amochée »
Pour sa 11 e édition, le Colloque Touristique, présenté par les étudiants du programme technique de tourisme du Cégep Limoilou, a dû faire honneur à sa propre thématique : se renouveler. Si l’organisation d’un tel évènement en mode virtuel peut sembler contraignante, cette formule permet pourtant de belles surprises. Par exemple, un petit mot d’ouverture improvisé par la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, aura rapidement pu se glisser au programme de la soirée.
« Je suis tellement contente de vous voir embrasser un milieu qui me passionne profondément, exprime-t-elle aussitôt. Un secteur dans lequel plus j’avance, plus j’en suis amoureuse. Une industrie qui, je ne vous apprends rien, est sévèrement impactée. […] Il n’y a rien qui est évident, mais le gouvernement et la ministre du Tourisme que je suis vont toujours vous accompagner. » Un message d’espoir, improvisé et incarné, livré à un moment crucial et en toute intimité, aux quelque 70 participants rivés à leurs écrans. L’émotion était palpable.
La ministre qui, de son propre aveu, a totalement dérogé au discours qu’on lui avait préparé, encourageait ainsi les étudiants à privilégier le Québec pour y effectuer leurs stages cette année. En racontant un voyage autour du monde qui l’a marquée et inspirée il y a huit ans, elle insiste sur l’importante mission de ces futurs ambassadeurs du tourisme. « Vous allez avoir une marque indélébile sur les voyageurs. Vous êtes des accompagnateurs, des dreamcatchers, des psychologues, des thérapeutes, des marqueurs de vie. Vous n’avez pas idée de l’impact positif que vous allez avoir sur les clientèles qui vont rentrer chez vous. »
« On a vraiment besoin de vous ! »
Les conférenciers invités ont ensuite profité de l’occasion pour dépeindre la manière dont leurs entreprises respectives ont dû s’adapter au cours des derniers mois. Marie-Hélène Hudon, directrice stratégique de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ), a tenu à rappeler aux étudiants que le secteur était en pleine santé avant mars dernier. « L’industrie touristique au Québec était extrêmement prospère, propulsée par 30 000 entreprises et avec 400 000 emplois. Une industrie qui générait des recettes touristiques globales de 16 milliards de dollars. On était à 9,3 millions de touristes étrangers qui généraient à eux seuls 5,8 milliards de dépenses touristiques. On avait aussi une croissance de 5 % des arrivées internationales. »
La marque Bonjour Québec, créée par l’AITQ, mandatée pour faire rayonner le Québec à l’international, s’est donc repliée sur le marché domestique cette année. Selon Marie-Hélène Hudon, pour assurer la relance il faudra se tenir prêt, rester agile et flexible, communiquer et bien évidemment appliquer les mesures sanitaires. Elle cite alors l’écrivain américain William A. Ward : « Le pessimiste se plaint du vent ; l’optimiste s’attend à ce qu’il change de direction ; le réaliste ajuste ses voiles ».
La conclusion de l’évènement est confiée à Jean-Yves Germain, coprésident de Germain Hôtels. Avec une baisse de revenus évalué à 95 %, la fermeture temporaire de cinq établissements du groupe et la mise à pied de 12 000 employés, l’homme reste très réaliste quant à l’éloignement d’une perspective de reprise. Il estime qu’il faudra se retrousser les manches et que la relève en sera d’autant plus nécessaire. « L’industrie en général va sortir de là très amochée, souffle-t-il. Les ressources humaines, c’est le cœur de notre industrie. On a vraiment besoin de vous ! »
(Crédit photo : Capture d’écran)