Chef impliqué, prof passionné : Denis Paquin honoré par l’Assemblée nationale
Le 17 février dernier, Denis Paquin recevait, des mains de Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, la médaille de l’Assemblée nationale. L’élu souhaitait ainsi récompenser la carrière du sympathique chef et saluer « son travail et sa contribution au milieu de la cuisine québécoise ». « Le partage de vos connaissances et de votre expérience permettra d’assurer la prochaine génération de cuisiniers et de restaurateurs québécois », glissait alors le député de Taillon à celui dont le parcours s’étale sur plus d’un demi-siècle.
Résumer, en à peine quelques lignes, la carrière du chef Paquin est une tâche délicate. Sous-chef de Marcel Kretz à La Sapinière pendant trois années (« Il a été mon mentor… et il l’est toujours ! »), formateur en Côte-d’Ivoire et au Mali, enseignant à l’ITHQ, au Collège LaSalle et à l’École hôtelière Calixa-Lavallée, actif dans différents hôtels mais également « en collectivité » à La Baie-James, …, l’homme sourit lorsqu’on lui demande s’il se considère plus comme un chef ou comme un professeur. « Disons simplement que je suis un touche-à-tout, glisse-t-il. C’est la beauté de la cuisine : elle peut vous amener partout, d’un hôtel 5 étoiles à un centre de formation au cœur de l’Afrique. Et à travers toutes ces expériences, vous découvrez de nouvelles cultures, de nouveaux produits, de nouvelles personnes. »
Durant ces cinq décennies, tant dans les locaux d’écoles et de centres de formation que dans les coulisses d’établissements divers et variés, Denis Paquin aura toujours cherché à transmettre, à expliquer, à vulgariser. Et il confie avoir toujours joué ce rôle avec « un grand plaisir et une certaine facilité ». « Ce doit être dans mon ADN, relève-il. Je pense que la formation de la relève fait partie du métier de cuisinier. Tous les chefs sont des enseignants, même s’ils ne s’en rendent pas toujours compte. Quand ils donnent des consignes à leur brigade, quand ils définissent un menu, ils forment, ils communiquent, ils laissent une trace dans l’esprit du jeune commis qui les écoute. Bien sûr, se retrouver seul face à 20 élèves, c’est un peu différent, mais l’idée reste la même », estime-t-il, ajoutant, après un rare instant de silence, que « les meilleurs profs sont ceux qui sont toujours prêts à apprendre ».
Au fil des ans, l’infatigable chef s’est aussi impliqué au sein de nombreuses organisations. La Société des chefs, cuisiniers et pâtissiers du Québec (SCCPQ), la Fondation Gérard-Delage ou encore les Fourchettes de l’Espoir ont notamment pu bénéficier de son incroyable énergie. « La vie a été généreuse avec moi ; donner de mon temps à ces organismes, c’était simplement une manière de redonner au suivant, souligne-t-il humblement. Mes parents m’ont éduqué ainsi : mon père a été maire et conseiller, ma mère a œuvré dans différentes associations. Ils tenaient un petit resto-dépanneur et, très jeune, j’ai été amené à être au contact du public. Ils m’ont appris à faire attention aux autres. »
S’il a rangé ses couteaux et est désormais à la retraite de l’enseignement, Denis Paquin poursuit toujours ses « actions sociales », à un rythme toutefois légèrement plus lent. « Je prends le temps de faire les choses, je ne cours plus partout, je ne me lève plus à 5h30. J’ai dû déléguer et délaisser, j’ai aussi dû apprendre à dire "non", et ça n’a pas toujours été facile. Aujourd’hui, je manque de temps car désormais, je prends le temps », conclut-il, philosophe.
(Photo fournie par Denis Paquin. Crédit photo : EVA)
