Accessibilité à l’hôtel : « C’est beaucoup de détails auxquels on ne penserait pas »
À ce jour au Québec, on compte près d’un million de personnes handicapées. S’ajouteront à ce compte dans les prochaines années plusieurs personnes à mobilité réduite en raison du vieillissement de la population. « Une partie de la clientèle n’a pas nécessairement de lourdes conditions diagnostiquées, constate Gilles Babin, copropriétaire de L’Hôtel Oui GO ! à Trois-Rivières, mais elle doit tout de même se déplacer avec une marchette ou encore un fauteuil électrique. » Son hôtel est installé dans un bâtiment historique de la ville, au coin des rues Notre-Dame et des Forges, à l’automne 2014. Après de gros travaux échelonnés sur près de deux ans, en 2016 les 16 chambres et le petit magasin général sont fins prêts à accueillir leurs premiers clients. L’endroit connaît rapidement un taux d’occupation exceptionnel.
Une ombre au tableau demeure : l’hôtel se voit contraint de refuser certains clients à mobilité réduite pour lesquels les installations ne sont pas adaptées. Le vieux bâtiment de plus de cent ans ne possède pas d’ascenseur. « Seuls les escaliers permettaient d’accéder aux chambres situées au deuxième et au troisième étage, déplore l’hôtelier. Certains clients venaient quand même. À l’aide d’une canne, ils montaient une marche à la fois. On trouvait ça dommage de les mettre dans cette position ». L’aspect historique ainsi que l’architecture de l’hôtel en compliquent les rénovations et tendent à attirer une clientèle de loisir souhaitant profiter des installations plutôt qu’une clientèle d’affaires, qui elle ne ferait qu’un court séjour.
Quand à l’automne 2018 se présente l’opportunité de faire l’acquisition de la bâtisse voisine, possédant la même valeur patrimoniale, l’amoureux d’histoire la saisit aussitôt. Il y voit l’occasion d’être accessible à un plus vaste type de clientèle, tout en mettant en relief l’aspect historique du bâtiment qu’il chérit. Des travaux de grande envergure sont alors entrepris. En plus d’ajouter une douzaine de chambres, d’aménager une salle de réunion pour la clientèle d’affaires et d’ajouter une vitrine historique du bâtiment, l’hôtelier lance une construction neuve de trois étages pour relier les deux bâtiments dans laquelle sera installé l’ascenseur. « Ça faisait cinq ans que la bâtisse était placardée et à l’abandon, explique Gilles Babin. Il n’y avait plus rien dans les normes. »
Faire les choses dans les règles
Soucieux de faire les choses bien, l’entrepreneur s’adresse à l’organisme Kéroul, à qui le ministère du Tourisme a confié la mission de chapeauter son Programme d’accessibilité des établissements touristiques (PAET). Une subvention pouvant aller jusqu’à 50 000 dollars est désormais accessible pour les entreprises souhaitant effectuer des travaux d’aménagements pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite à leurs espaces.
Ce soutien financier nécessite une approbation de l’organisme et implique une collaboration étroite tout au long des travaux. « On doit leur fournir tous les plans, raconte Gilles Babin. Ils travaillent ensuite avec un architecte indépendant afin de les analyser et de faire les recommandations nécessaires pour correspondre aux critères. » La subvention ne couvre pas nécessairement tous les frais encourus, mais l’homme d’affaires insiste sur le fait qu’il faut voir l’ensemble des avantages de l’investissement. « Ça va loin, il y a beaucoup de petits détails auxquels on ne penserait pas, confie-t-il. Les coûts peuvent augmenter rapidement ; dès qu’il y a une marche ou deux il faut créer des pentes. Il faut également s’assurer que les espaces pour les travailleurs soient accessibles pour d’éventuels employés à mobilité réduite. »
L’ouverture prévue initialement pour le mois de mai 2020 a été repoussée de quelques mois en raison de la crise sanitaire. La liste des travaux finalement complétés au mois d’août dernier est longue : « L’entrée principale possède une pente et une porte automatisée et le comptoir d’accueil permet de recevoir de la clientèle en fauteuil roulant. La circulation est plus facile dans le nouveau bâtiment, où deux des chambres sont adaptées en vertu des normes en vigueur. La salle de bain du lobby, l’espace repas et la salle de réunion sont accessibles. Mais malgré la situation de la pandémie, on peut déjà ressentir l’intérêt de la clientèle », conclut Gilles Babin.
(Crédit photo : Cyrille Farré)
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