25 ans de l’ImMédia : « L’échec n’était pas envisageable »
Elles ont la même passion. La même rigueur. Le même sourire. Louise De Angelis, propriétaire du Resto-Pub L’ImMédia, et sa fille Marianne sont aux commandes de l’établissement installé depuis un quart de siècle à Cap-Rouge, à quelques kilomètres à l’ouest de Québec. Et la belle histoire de famille semble loin d’être terminée : la jeune Lili, 13 ans, a récemment rejoint sa grand-mère et sa tante dans les allées du restaurant, célèbre pour ses fameux smoked meat.
HRImag : Trois générations dans un restaurant, c’est assez rare. Trois générations de femmes, c’est encore plus inusité. Est-ce le secret de votre longévité ?
Marianne De Angelis : C’est en tout cas une immense fierté ! Nous sommes heureuses et chanceuses de pouvoir vivre une telle aventure familiale. Je suis persuadée que cet esprit familial, convivial, les clients le ressentent lorsqu’ils franchissent nos portes. Durant mes heures de service, ma mère, je l’ai toujours appelée « Maman », jamais Louise. Même quand le restaurant est plein. Les clients apprécient cette proximité.
Mais n’est-il pas plus compliqué pour les employés de s’identifier au restaurant dès lors qu’ils n’appartiennent pas à votre famille ?
Pas du tout. Prenez notre chef, Éric Jalbert. Il prend ça à cœur, comme si c’était son propre projet, sa propre famille. (ndlr : Deux de ses enfants sont d’ailleurs employés à l’ImMédia !) Par contre, je vous le concède, on insiste peut-être davantage sur la confiance, sur le partage. Les valeurs familiales sont fortement présentes dans nos cuisines et dans la salle.
Quels sont les autres secrets qui vous auront permis d’atteindre le vénérable cap des 25 ans ?
Notre smoked meat, incontestablement. L’ImMédia est devenu une véritable destination pour les amoureux de ce plat. Les gens se déplacent pour le déguster. Le smoked meat, c’est 50 % de nos ventes. Tout cuisiner « maison » et proposer un menu qui ne fasse pas 35 pages sont les autres éléments qui nous auront permis de durer.
Le smoked meat, les frites et les fish&chips constituent votre trio d’incontournables. Mais avez-vous tenté d’intégrer d’autres éléments-vedettes ?
Au fil des ans, on a évidemment complété le menu. On a par exemple proposé des options santé. Mais ces trois-là restent imbattables. On ne peut pas se séparer d’eux. Et on ne veut de toute manière pas les remplacer !
Mais comment êtes-vous parvenues à durer pendant que d’autres se cassaient les dents avec des projets et des offres similaires ?
Une fois encore, le secret réside dans notre smoked meat. La technique est bien plus complexe qu’il n’y paraît. La coupe, la cuisson, le produit, le fait de ne jamais utiliser de hachoir, c’est ça qui fait un bon smoked meat. Ajoutez à cela l’ambiance conviviale et le décor unique et vous aurez peut-être votre réponse.
Vous innovez pourtant drastiquement en proposant désormais une carte de cocktails composée par Patrice Plante, Monsieur Cocktail en personne…
Nous sommes entrées en contact avec lui durant l’été. Nous souhaitions offrir des cocktails originaux, osés, différents et, surtout, d’inspirations québécoises. Pour notre plus grand plaisir, Patrice a embarqué dans le projet.
Durant ces 25 années d’existence, y a-t-il eu des périodes de doutes, des craintes ?
Oh oui ! La restauration, ce n’est pas simple. La gestion des employés notamment est devenue un chapitre particulièrement complexe. On a aussi eu la fermeture du second restaurant ImMédia, qui a vécu de 2004 à 2009, qui a été un moment plus délicat. Et je ne vous parle pas des longs débats pour convaincre les banques avant les grandes rénovations effectuées voici cinq ans. Non, ça n’a vraiment pas été facile tous les jours…
Comment avez-vous surmonté ces périodes plus compliquées ?
Ce restaurant, c’est notre bébé. On ne pouvait pas le laisser aller, l’abandonner. Je n’aurais pas pu. Et ma mère non plus. On s’est battues, on a tout fait pour que cela fonctionne. L’échec n’était pas envisageable.
Durant ces 25 années, avez-vous noté des changements dans les attentes des clients ?
Ils sont toujours plus exigeants. Cela nous oblige à mettre la barre toujours plus haut. Le problème, c’est que cet aspect « critique », que l’on accepte évidemment, s’est doublé d’un véritable fléau : celui des commentaires sur le Web et les réseaux sociaux. Un simple détail, une remarque négative qui peut sembler anodine pour le client, peut avoir de lourdes répercussions pour le restaurant. Et parfois, les coups sont durs à encaisser.
Comment voyez-vous l’avenir ? Quels seront les prochains défis que vous, votre mère et les équipes de l’ImMédia aurez à relever ?
Le principal défi, ce sera de trouver des employés. Dans le contexte actuel de pénurie, trouver du personnel de qualité, motivé, digne de confiance, est parfois un véritable casse-tête.
(Crédit photo : Bernard Dagenais. Sur la photo de couverture : Marianne De Angelis, Patrice Plante (Monsieur Cocktail), Louise De Angelis, Eric Jalbert, Pierre-Olivier Drouin (Firebarns).)
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