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15e Olympiades québécoises : Concours sensationnel, vitrine exceptionnelle

 
27 avril 2018 | Par Pierre-Alain Belpaire

Du 2 au 5 mai prochain, la Place Bonaventure de Montréal accueillera la 15e édition des Olympiades québécoises des métiers et des technologies. De retour dans la métropole après s’être tenu durant plusieurs années au Centre des Foires de Québec, l’événement visera, une fois encore, à « valoriser et promouvoir les métiers spécialisés en offrant des modèles de réussite ».

Plus de 300 finalistes, provenant des quatre coins du Québec, s’affronteront dans 38 disciplines diverses et variées, allant de la réfrigération à la comptabilité, en passant par la pâtisserie, la cuisine et le service de la restauration. Les différents vainqueurs de cette grande finale provinciale représenteront le Québec lors des Olympiades canadiennes organisées à Edmonton en juin. Enfin, les meilleurs candidats du pays s’envoleront vers la Russie à la fin de l’été 2019 pour se mesurer à la crème de la crème lors du Mondial des métiers de Kazan.

Stress, temps et grand public

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« Le point commun entre tous les participants, c’est cette envie de relever un défi personnel, de se tester, de s’améliorer, mais surtout de se dépasser », analyse Jean-Rock Gaudreault, directeur général de Compétences Québec, qui organise ces Olympiades.

Impliqué dans l’organisme depuis 22 ans, le responsable a pu analyser le comportement de milliers de concurrents et, au fil des ans, percer les secrets des lauréats. À ses yeux, ceux qui se démarquent parviennent à combiner maîtrise du stress et gestion du temps. « C’est une double contrainte, explique-t-il. J’ai souvent vu des candidats débarquer aux Olympiades sûrs d’eux, conscients de leurs forces techniques, et puis soudain, une fois sur place, ils perdent leurs moyens. C’est un jeu d’erreurs : celui qui en commet le moins gagne. On ne récompense peut-être pas le meilleur artisan, on récompense celui qui, ce jour-là, aura le mieux réagi. »

À 21 ans, Jordan Arseneault-Lapierre s’apprête à prendre part pour la première fois à une compétition d’une telle ampleur. Pourtant, le jeune étudiant du CFP Pavillon de l’Avenir de Rivière-du-Loup affirme rester particulièrement serein et ne ressentir, « pour l’instant », aucune pression. « J’ai joué au hockey, j’ai fait beaucoup de sport : le stress, les gradins pleins, le temps qui s’écoule, je connais ça », confie celui qui défendra les couleurs de l’établissement du Bas-Saint-Laurent lors de l’épreuve culinaire.

De l’autre côté de la province, au CFP Relais de la Lièvre-Seigneurie de Gatineau, Alexandre Saint-Denis se prépare depuis plusieurs semaines pour « aller le plus loin possible » dans la catégorie Service de la restauration. « Je ne suis pas du genre stressé, mais plus on approche des Olympiades, plus l’excitation monte, avoue l’employé du Fairmont Le Château Montebello. J’ai identifié ma principale faiblesse, la découpe de volaille : à moi de travailler sur ce point en particulier. »

Sous l’œil des visiteurs

Si les deux jeunes participants et leurs futurs adversaires connaissent depuis un certain temps les détails des épreuves qui leur seront réservées, il est un autre point qu’ils ne peuvent travailler : le public. Contrairement à bien d’autres concours du genre, les Olympiades se déroulent en effet dans un espace de 150 000 pieds carrés ouvert aux visiteurs. Parmi eux, on trouvera cette année encore de nombreux élèves du primaire et du secondaire qui observeront d’un œil curieux et critique leurs aînés en action.

« C’est la première fois que tant de gens m’observeront pendant que je cuisine, sourit Jordan Arsenault-Lapierre. C’est sympa, évidemment, mais ça peut vite devenir perturbant. L’idée, c’est de se mettre dans sa bulle. Et d’y rester ! »

Les responsables des Olympiades ont décidé d’ouvrir les portes au grand public pour faire de cette compétition une incroyable vitrine pour les dizaines de métiers concernés. « On est très fiers de cet aspect, se félicite Jean-Rock Gaudreault. On n’est pas dans l’orientation scolaire, on est dans la sensibilisation. C’est une occasion parfaite pour faire découvrir au public des professions moins médiatisées. »

Mentalités à changer

L’initiative est d’autant plus louable qu’au Québec (comme dans bien d’autres endroits du monde), les métiers et professions techniques souffrent encore d’un certain désamour. « Si vous saviez le nombre d’idées préconçues que les gens ont du poste de serveur, souffle par exemple Alexandre Saint-Denis. Bien sûr, il y a quelques points négatifs, mais dans l’ensemble, les conditions sont très intéressantes et le métier est passionnant. Si à travers les Olympiades on parvient à faire tomber certains stéréotypes, ce sera toujours ça de pris… »

Le directeur général de l’événement, lui, sait qu’il en faudra bien plus pour faire changer les mentalités. Les Olympiades pourront éventuellement inspirer l’un ou l’autre élève, mais elles ne suffiront sans doute pas à effacer des préjugés bien ancrés dans notre société. Évoquant des raisons historiques, pointant du doigt une faible représentation médiatique, Jean-Rock Gaudreault estime que le problème est profond. « Au Québec, on associe les industries de la construction, de la restauration ou de l’automobile à des salaires de misère et à des conditions de travail difficiles. Mais les choses ont changé et il est temps que la société le comprenne ! Je n’ai malheureusement pas de solution miracle et les Olympiades ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Une toute petite goutte d’eau... »
 
 
Le culte du sacrifice

Depuis la création de la compétition, les représentants québécois ont remporté 20 titres mondiaux. « C’est bien, mais on peut évidemment toujours faire mieux, analyse Jean-Rock Gaudreault. Nos jeunes ne manquent pas de talent et la formation qu’on leur offre est de très bon niveau. Le problème, c’est que contrairement à d’autres pays, d’autres cultures, il n’y a pas chez nous une tradition de sacrifices. Quand ils se retrouvent face à des concurrents qui font de la compétition de haut niveau depuis leur plus jeune âge, cela peut faire une différence. Il faut qu’au Québec, on parvienne à revaloriser l’effort et le sacrifice. »
 
 
(Photo prise lors de l’édition 2016. Tirée de la page Facebook de Compétences Québec)

Mots-clés: Québec (province)
Concours
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