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Les dix conseils du capitaine Recyk pour un avenir encore plus vert

Les industries de l’hôtellerie et de la restauration sont loin d’être de gros pollueurs comme les alumineries, les agriculteurs et même les simples automobilistes ! Elles peuvent néanmoins faire beaucoup pour contribuer à la qualité de ce jardin appelé la terre...

 
22 juin 2005

1. Tous à la collecte sélective !

Saviez-vous que les particuliers ne sont pas les seuls à pouvoir faire le tri de leurs ordures ? Dans des villes comme Québec, Montréal, Sorel et Beauport, hôtels et restaurants peuvent acheter un conteneur réservé à la collecte sélective (papier, carton, verre, métal, plastique) et demander à la municipalité d’en faire le ramassage. À Québec, la municipalité pèse la quantité de déchets ainsi détournée du dépotoir et porte au compte de taxes foncières de l’établissement un crédit de 50 $ par tonne récupérée !

Comment réduire la quantité de déchets acheminée vers le dépotoir ? Les établissements de la société CP Hôtels ont installé des bacs de recyclage bleus dans chacune de leurs 10 000 chambres d’hôtel et dans les salles de réunions, et ça fonctionne ! « On recycle tout : papier, plastique et verre, précise Belinda Buseana, superviseure, affaires environnementales. Une note apposée sur le bac donne tous les détails à la clientèle, et le chariot du personnel d’entretien est maintenant muni de trois pochettes permettant de faire le tri des matières récupérées. »

Dans le réseau des hôtels CP, tout le papier jeté tant par le personnel de bureau que par la clientèle (annuaires téléphoniques, journaux et magazines, enveloppes, etc.) est remis à une entreprise de récupération. Il est par ailleurs facile de déposer dans des bacs réservés à cette fin toute canette de boisson gazeuse, bière ou jus consignée. Certains grands hôtels les revendent à des entreprises d’embouteillage et affectent les fonds ainsi générés à divers volets de leur programme environnemental, comme l’envoi de déchets dangereux (huiles, graisses, solvants) vers un entrepreneur spécialisé ou l’achat de bacs additionnels.

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« Les restaurateurs sont de plus en plus préoccupés par la réduction des déchets, affirme Stella Anastasakis, directrice des relations avec les municipalités, à Collecte sélective Québec. Ils veulent notamment pouvoir déposer les bouteilles de vin et les cartons dans des conteneurs. À Montréal, certains Éco-quartiers effectuent le ramassage des cartons et papiers pour le compte de restaurants, selon un horaire autre que celui de la collecte sélective domiciliaire. Matane, par exemple, a un impressionnant programme de dépôt volontaire (avec cloches ou conteneurs) à l’intention des restaurateurs. En Abitibi, la collecte s’effectue aux commerces mêmes. »

« À Montréal, la collecte sélective de porte à porte n’accorde, en principe, que deux bacs verts par commerce », explique Pierre Morissette, de la division ingénierie de la Ville de Montréal. Au-delà de ce volume, l’entreprise doit acheter un bac roulant, qui fait l’objet d’un service gratuit. L’entreprise qui produit un très gros volume de déchets doit donc faire appel à un récupérateur privé ou à une entreprise de gestion des déchets... qui lui présente parfois une facture ! Cependant, certaines matières peuvent avoir de la valeur à ses yeux : plus elles en ont, moins on doit payer pour la collecte ; mieux encore, si le matériau qui les compose est en demande, le recycleur les achète ! C’est le cas, notamment, de bouteilles de vin, qu’un grand hôtel montréalais vend 1 $ la caisse à divers intervenants, dont un producteur de vin. Selon le recycleur et diverses autres conditions, on pourra obtenir, par exemple, de 30 $ à 35 $ la tonne de cartons de lait et de jus, et jusqu’à 1 700 $ la tonne de contenants de boissons en aluminium.

Évidemment, la collecte sélective demande plus d’efforts que le tout-à-la-poubelle. Comme on sait que, au Québec, l’enfouissement sanitaire se fait encore à un prix très abordable, les solutions de rechange sont actuellement moins attirantes. Or, l’enfouissement pur et simple n’est pas économiquement viable à long terme, à cause de la rareté des sites. En contrepartie, la récupération des déchets recyclables prolonge leur vie utile et diminue la flambée des... taxes municipales.

2. Bon pour nous !

À l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, on retarde l’arrivée des déchets dans le bac ou la poubelle. Ainsi, on remet aux services administratifs les tablettes à écrire et autres fournitures laissées sur place par les nombreux congressistes de l’hôtel. L’équation économique est ici fort simple : la note de fournitures de bureau est réduite, et la planète s’en porte mieux ! Ailleurs à Montréal, un autre hôtel reprend les cintres laissés dans les chambres par les clients et les utilise pour ses propres uniformes.

3. Réduisez à la source

Afin de réduire la consommation de papier, certains grands hôtels incitent leurs services administratifs à utiliser les deux côtés d’une feuille lorsqu’ils font des copies. D’autres encouragent l’envoi de notes de service et rapports par courrier électronique plutôt que par imprimé. Certains hôteliers gardent l’œil sur les cartons dans lesquels ils reçoivent leur marchandise. Ils acheminent ceux qui présentent le format approprié à leurs services d’archives, qui les utilisent pour classer des documents. Inspirés de la sagesse de nos mères, d’autres redonnent carrément vie à des objets qui seraient autrement jetés, en transformant, par exemple, les vieux draps en taies d’oreillers, housses pour planche à repasser ou sacs de buanderie, les nappes en serviettes de table et les couvre-lits en protège-matelas.

4. Donnez !

Combien de savonnettes à peine entamées terminent leur courte vie au dépotoir ? Un jour, l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth en a eu assez... On a installé un bac de recyclage dans chacun des points d’approvisionnement du personnel d’entretien, qui y dépose tous les savons et produits hygiéniques laissés par la clientèle. Ceux-ci sont ensuite donnés au père Lanthier, du Centre missionnaire Sainte-Thérèse, qui expédie le tout à une usine de Québec. L’usine refond le savon avant de l’expédier dans des pays en voie de développement. Quant aux bouteilles d’eau gazeuse en plastique, l’hôtel les offre à un groupe de scouts de la région.

Les articles légèrement abîmés peuvent servir à des groupes défavorisés comme les centres de femmes ou autres organismes de bienfaisance. C’est le cas, notamment, des vieux uniformes, des meubles défraîchis, de la vaisselle désuète et des objets trouvés.

5. Sus au gaspillage organique !

Certaines chaînes de restauration rapide (Harvey’s, McDonald’s, Poulet frit Kentucky) ont participé à une enquête de l’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires sur la nature des déchets recyclables en restauration. « Celle-ci a établi que 60 % des déchets d’un établissement de ce type étaient récupérables, qu’ils soient organiques ou non », fait remarquer Kathleen Sullivan, directrice des services aux services alimentaires pour l’association. Il faut toutefois reconnaître trois types de déchets : ceux qui proviennent de la cuisine, les restes de table, puis la nourriture spoliée par d’autres déchets (ustensiles en plastique, emballages ou assiettes en carton, etc.) qui se retrouvent dans les poubelles. S’il est relativement facile de récupérer les déchets organiques provenant de la cuisine, il en va autrement quand on s’attaque au contenu des poubelles.

Quoi qu’il en soit, les seuls restes de cuisine ou de table d’un simple restaurant pourraient fort bien alimenter quelques jardins communautaires en compost ! Certaines municipalités ont d’ailleurs des programmes de sensibilisation au compostage ; d’autres subventionnent ou distribuent des composteurs. Ça vous intéresse ? Appelez le Conseil canadien du compostage afin d’obtenir conseils et adresses utiles.

Tri stratégique

Certes, il n’est pas toujours facile de trier les ordures sur place : la main-d’œuvre et le budget nécessaires à ce travail ne sont pas toujours disponibles. À bien y penser, demander au personnel de diriger les déchets vers le bac approprié ne gonfle pas indûment les frais de main-d’œuvre et peut rapporter gros car, ce faisant, on réduit le tonnage des déchets dirigés vers le dépotoir. Or, les éventuels frais d’enlèvement des matières organiques sont généralement moins élevés que ceux des ordures ordinaires, car le traitement du compostage en subventionne l’enlèvement. Par exemple, une étude menée auprès de restaurants de Kingston a démontré qu’il faut prévoir des coûts de 80 $ la tonne en cas d’enfouissement, mais de seulement 55 $ la tonne pour les matières destinées au compostage.

La Régie des déchets d’Argenteuil-Deux-Montagnes a justement créé un programme de compostage qui permet au restaurateur de déposer ses déchets de cuisine dans des bacs prévus à cette fin. Laval a aussi son propre programme de bacs. Grâce à la MRC du Bas-Richelieu, les hôtels et restaurants de la région de Sorel-Tracy sont désormais desservis par Comporec, un site de compostage industriel de pointe mondialement reconnu. Pour que leurs conteneurs ou sacs verts soient acheminés à l’usine plutôt qu’au dépotoir, ils n’ont qu’à en faire la demande. Pour savoir ce qui se fait dans votre région, adressez-vous à votre municipalité.

Habituellement, la majorité des établissements qui trient leurs matières organiques les entreposent dans un conteneur envoyé trois fois par semaine vers un composteur industriel qu’ils ont choisi. Au Québec, plusieurs entreprises se spécialisent en compostage : elles reçoivent leur matière première des municipalités ou d’importants clients privés. « Comporec, par exemple, produit plus de 5 000 m3 de compost par année », affirme son directeur général, Patrice Beaulieu.

Pour gérer son virage vert, la société CP Hôtels s’est dotée du Green Partnership Guide, qui contient une foule de trucs simples, mais judicieux, en ce qui concerne le tri des matières putrescibles. Le guide pose des questions susceptibles d’intéresser tous les hôteliers. Ainsi, est-il préférable de payer selon le nombre d’enlèvements ou à la tonne ? À cet égard, un brin de réflexion peut valoir son pesant d’or, comme pourrait en témoigner le Château Laurier d’Ottawa qui, ayant pris son virage compost en 1996, a réussi à réduire ses frais annuels de 15 000 $ !

6. Appelez avant de jeter !

Ce n’est pas organique, ce n’est pas du papier, ce n’est pas de l’huile, mais ça pourrait encore servir ? Proposez vos déchets à la Bourse québécoise des matières secondaires, un service de Recyc-Québec, qui regroupe une liste de récupérateurs dont certains pourraient certes en faire bon usage.

7. Moins d’eau, SVP !

Les restaurateurs et hôteliers n’ont pas attendu l’avènement de programmes officiels pour adopter un régime de préservation des ressources naturelles. « La réduction de la consommation d’eau et d’énergie se fait de façon discrète, signale Hans Brouillette, agent d’information à l’Association des restaurateurs du Québec. Or, les résultats sont tout de même là : on choisit des systèmes d’entretien moins énergivores, on utilise moins d’eau chaude... » Dans plusieurs hôtels québécois, par exemple, on invite les clients à réutiliser leurs serviettes, en leur demandant de déposer dans la baignoire celles qu’ils veulent faire laver et de laisser sur les supports celles qui peuvent encore leur servir. Dans les hôtels du réseau CP, on a aussi réglé tous les chauffe-eau à 130 °F.

À l’Hôtel Vancouver, on a installé des économiseurs d’eau dans les douches et les éviers, ce qui a réduit considérablement la consommation d’eau chaude. Certaines chaînes d’hôtels ont émis une directive recommandant l’ajout d’un réducteur de volume d’eau à toute toilette consommant plus de gallons d’eau par chasse. Voilà beaucoup de petits gestes au quotidien qui font rapidement toute la différence.

8. Bye-bye, habitudes désuètes !

Pour réduire leur tonnage de déchets, certains établissements hôteliers ont amorcé des programmes de retrait des sachets de sucre, contenants de crème et sachets de condiments individuels. Ainsi, le sucre est offert dans des distributeurs en vrac, tout comme les condiments. Dans bien des endroits, le café pris par le personnel dans des contenants en mousse de polystyrène est désormais servi dans des tasses lavables, et les vestiaires du personnel sont équipés de serviettes de tissu plutôt que de papier.
Au Château Montebello, les chemises envoyées au nettoyage à sec ne sont plus présentées sous plastique, et les cintres sont retournés au nettoyeur. Enfin, les serviettes distribuées dans les salles de réunion sont maintenant en tissu.

9. Efforts antipollution

Les tuyaux d’évacuation des cuisines commerciales laissent passer des résidus qui nuisent au bon fonctionnement des usines d’épuration de l’eau. Des compagnies spécialisées en questions environnementales peuvent installer, sur la tuyauterie, un mécanisme d’injection qui vaporise un produit apte à dissoudre la graisse ainsi accumulée.

Afin de réduire l’émission de dioxyde de carbone, les services de traiteur peuvent acquérir des véhicules fonctionnant au propane plutôt qu’à l’essence ou au diesel.

10. Faites des achats futés

Il est simple de commander du papier fait de matières recyclées ou non blanchies. On peut aussi aisément remplacer les produits d’entretien en aérosol par des produits équivalents offerts en vaporisateur. La buanderie peut choisir un détersif sans phosphates. Et le responsable des achats peut dire non à tout ce qui est inutilement parfumé.

Enfin, on peut sensibiliser les fournisseurs à la réduction des emballages. À cet égard, précisons que la société Ferme Vie Nature vend ses œufs dans des contenants biodégradables.

La protection de l’environnement n’est pas encore une préoccupation généralisée et réglementée, constatent la plupart des intervenants dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Il n’y a pas encore de mouvement de masse en ce sens, et les entreprises qui ont déjà pris le taureau par les cornes sont marginales. Même le Gouvernement du Québec a délaissé son programme de consignation des bouteilles de vin, à cause des considérations politico-économiques qui rendaient le projet inopérable. Cependant, la question de l’environnement représente un beau défi à l’imagination, pour quiconque souhaite mettre de l’avant des politiques efficaces qui sauront ne pas nuire à l’économie.

Les intéressés doivent tout d’abord apprendre à faire une distinction entre ce qui se recycle ou se composte et ce qui ne peut pas l’être, et cibler ce qui est facilement réalisable.

Inévitablement, l’entreprise profite vraiment des trois grands avantages des programmes de recyclage et compagnie : elle économise de l’argent, elle protège l’environnement, et la direction comme le personnel ont le plaisir d’appartenir à une industrie consciente de ses responsabilités collectives.

Carnet d’adresses

Bourse québécoise des matières secondaires
1 800 668-6686

Collecte sélective, Ville de Québec
(418) 641-6189

Collecte sélective Québec
(514) 987-1491

Conseil canadien du compostage
1 877 571-4769

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs
Direction générale du contrôle environnemental et de l’administration, (418) 521-3860

Pour communiquer avec un groupe environnemental de votre région :
Fondation québécoise en environnement, (514) 849-3323
Recyc-Québec, (514) 352-5002, (418) 643-0394 ou www.recyc-quebec.gouv.qc.ca

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