« Fermer Le Mas des Oliviers : une décision douloureuse »
« Chers amis, Après 40 ans, j’ai pris la décision de prendre ma retraite. LE MAS DES OLIVIERS fermera ses portes le 2 octobre prochain. Je peux difficilement exprimer le bonheur que le restaurant m’a apporté ainsi qu’à ma famille au cours de ces quarante ans. Mon personnel et moi-même avons eu le plaisir de servir plus d’un million de clients. »
C’est par ce laconique message publié sur Facebook que Jaques Müller, propriétaire du Mas des Oliviers depuis 1977, a annoncé la fermeture de cette véritable institution de la scène montréalaise.
HRImag : M. Müller, pourquoi avoir pris la décision de fermer Le Mas des Oliviers ?
Jaques Müller : La raison principale, c’est ma santé. Il y a ensuite mon âge, 72 ans. Et enfin les tracas administratifs, le fait que l’immeuble ait été vendu à de nouveaux propriétaires, … Mais la motivation première, c’est de profiter de la vie, de passer du temps avec mes proches.
HRImag : Cette annonce est aussi radicale que surprenante.
J.M. : C’est surtout une décision très douloureuse. Mais les trois dernières années ont été difficiles, fatigantes. J’ai pris cette décision un beau matin, en me levant. Ça a surpris tout le monde, y compris mon épouse.
HRImag : En regardant en arrière, quel regard portez-vous sur ces quatre décennies à la barre du Mas des Oliviers ?
J.M. : Du plaisir, du plaisir, encore du plaisir. Ce furent 40 années de bonheur. C’est le plus beau métier du monde. Et ça le reste malgré l’évolution qu’a connue cette industrie.
HRImag : C’est-à-dire ?
J.M. : Les choses ont changé. Tout va très vite maintenant. Trop vite, parfois. Moi, je suis un partisan de la cuisine « bourgeoise ». Je veux prendre mon temps, échanger. La vision que les gens ont de la cuisine en Amérique du Nord a beaucoup changé, la médiatisation de la cuisine y est notamment pour beaucoup. J’ai le sentiment qu’on ne connait plus le client ou plutôt qu’on ne cherche même pas à le connaître. Chez moi, il y a des habitués qui viennent plusieurs fois par mois, parfois même par semaine. Ce sont comme des amis qui passeraient à la maison.
HRImag : Quel est LE souvenir que vous garderez de ces 40 ans ?
J.M. : Difficile d’en citer un seul. (Il réfléchit) Il y a bien eu ce lunch mémorable au lendemain de l’élection de Mulroney en 1984. Cela nous a par contre collé une certaine étiquette politique. Mais on a accueilli par la suite tellement de personnalités politiques, issues de différents partis…
HRImag : Quel conseil donneriez-vous à un jeune restaurateur qui espère durer 40 ans ?
J.M. : Travailler dur et aimer ça. Tenez, hier, j’ai encore fait plus de 13 heures. Quand on aime, on ne compte pas : c’est encore plus vrai dans notre métier !
HRImag : Durant cette entrevue téléphonique, je vous ai entendu saluer plusieurs personnes, répondre à une question concernant le menu et même commander un verre de Sauvignon pour une cliente. Vous êtes un propriétaire hyperactif, non ?
J.M. : (Rires) Je suis comme un comédien sur scène. Je veux vivre pleinement chaque instant dans ce restaurant, profiter de chaque seconde. Mais il est temps que le rideau tombe...
(Crédit photos : Facebook et site internet)
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